DAY 1 : Sabarat, 67 habitants

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Sabarat, 67 habitants




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NAMJOON dû faire preuve de toute sa bonne volonté pour ne pas claquer son crâne contre le volant de frustration. 

C'était les yeux fatigués que son regard se posa sur le GPS — indiquant, avec bonheur, plus qu'une vingtaine de kilomètres. Comme un sinistre présage, les nuages avaient froncé le ciel, et les arbres qui bordaient la route s'étaient fait plus hauts, plus denses, la forêt grignotant sur les champs de blés pour ne devenir que d'étranges ombres guidant les visiteurs dans leurs entrailles. Les trois heures passées sur le siège conducteur avaient été longues et douloureuses, mais il avait fait en sorte de ne pas se repasser en boucle l'appel brusque qui avait précipité leur départ, ni ses souvenirs d'inconfort qui reviendraient quand il arriverait à destination et qu'il redécouvrirait la maison familiale. S'était efforcé à n'avoir que de courtes et brèves pensées sur ce qui les attendait, avant que ne lui prenne l'envie d'écraser le frein et de faire demi-tour. 

"Je ne veux pas y aller, pesta le garçon, donnant un coup de pied sur le siège devant lui. 

S'il y avait une chose que Namjoon n'avait pas su gérer en revanche, c'était la frustration et la contrariété de son fils. Il avait réussi à étancher son animosité, un temps, lorsqu'ils s'étaient arrêtés prendre des sandwichs sur cette aire d'autoroute quasi abandonnée ; mais la distraction ne sembla durer qu'un instant, et l'impatience récalcitrante du jeune garçon n'avait fait que l'excéder d'avantage. A présent, ses tempéraments semblaient se réverbérer contre l'écorce sombre des arbres. 

"Trésor, soupira Namjoon en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur. Je te l'ai déjà dit, Papa doit s'occuper de la maison de Grand-Mamie pendant quelques jours. 

 Votre grand-mère est placée en maison de retraite, avait dit la femme d'un ton horriblement doucereux de l'autre côté du fil quand il avait décroché ce matin-là, quelques jours auparavant. Décision de justice, avait-elle ajouté, comme si cela suffisait à expliquer pourquoi une femme aussi caractérielle, indépendante et déterminée que Kim In Soon avait été jugée comme étant soudainement inapte de s'occuper toute seule d'elle, et de sa grande maison sombre. 

C'était ce qu'il avait pensé dans un premier temps, mais l'autre partie, plus rationnelle de son cerveau, lui avait soufflé avec culpabilité que cela faisait des années qu'il n'avait pas remis les pieds dans la Marre au Diable, et qu'il n'avait daigné appeler son aïeul pour prendre de ses nouvelles. Si Namjoon avait cru devenir fou, enfant, en vivant là-bas, pourquoi sa grand-mère aurait été mystérieusement épargnée de cette névrose poisseuse qui vous serrait à la gorge ? 

─ 害怕 𝙎𝘼𝙈𝙐𝙆𝙀 : 𝙉𝘼𝙈𝙅𝙊𝙊𝙉Where stories live. Discover now