DAY 7 : Sabarat, 66 habitants

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Sabarat, 67 habitants



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"PAPA, pourquoi tu m'as tué ? 

Le silence. Quelques secondes de silence. Le vent geignant qui se tait, les craquements de la maison qui s'immobilisent ; même les pas grinçant devant la porte du placard sombre semblaient s'être arrêtés. Quelques secondes de silence, suffisantes pour remettre l'existence tout entière de Namjoon en question. 

Car là, devant lui, se tenait Dak-Ho. Un teint cadavérique, comme s'il venait tout juste de sortir de son cercueil pour venir se pavaner comme un pantin démoniaque en pyjama dinosaure devant les yeux écarquillés d'effroi de son père. Si un cafard sortait de ses lèvres à présent, serait-ce uniquement une vision de son triste et horrifiante imagination, ou pourrait-il l'écraser sous son talon et l'entendre frémir dans un dernier sursaut de terreur ? Il ne savait en réalité ce qui était le plus saisissant : l'esprit dans le lit de son fils... ou son fils lui-même. Son regard vide de toute vie, les yeux pâles et vitreux, et cette bouche, presque disloquée, recrachant de l'eau sale et prononçant ces mots d'un glaçant extrême. Ces mots qui n'avaient aucun sens, qui ne trouvaient écho dans l'esprit déboussolé, confus et affolé de Namjoon — comme quoi il l'avait tué, et dieu, qu'est-ce que tout cela voulait dire ? La tempête qui faisait rage derrière cette maigre porte, et à présent, cette confession frissonnante ? 

Quelques secondes de silence. 
Comme le tictac oppressant des aiguilles maléfiques, comme pour se préparer au point de non-retour. 
Avant que tout n'explose. 

Littéralement. 

Les murs du placard exiguë détonnèrent dans un nuage de poussière, tombant comme des cartes, comme un décor de carton-pâte, comme un mur de plateau de cinéma — comme si tout cela n'avait été qu'une mise en scène, et que les projecteurs du mensonge et de la vérité s'allumaient tour à tour sur lui, vulgaire acteur amateur malgré lui. Tant bien que mal, ne sachant si ces murs dégringolant étaient le fruit de son imagination ou pure réalité — était-il fou ? il avait l'impression qu'il l'était — il tenta tant bien que mal de protéger son fils, le cadavre de son fils, de l'explosion alentours. 

Il n'avait même pas le temps de penser, de la même manière qu'il n'avait eu le temps de réfléchir en trouvant une copie exacte de Dak-Ho dans sa chambre, avec cette furieuse mais bien réelle impression qu'il était tout simplement dépassé. Un cauchemar dans lequel il ne pouvait que courir, sur place, encore et encore, sans avancer ; cette même sensation désagréable et oppressante qu'il avait ressenti quand son garçon avançait robotiquement vers la mare. Et là... c'était exactement la même chose. Figé. Impuissant. Laissant les fantômes et les éléments fouetter son visage et espérer lui faire comprendre leurs sombres desseins. Il n'osait presque plus ouvrir les yeux, se contentant de protéger du mieux qu'il pouvait son visage et la forme dans ses bras, apeuré de ce qu'il découvrirait s'il les rouvrait. Il n'entendait que les bruits, les hurlements du vent et de l'explosion, la poussière qui se dépose dans ses cheveux, et ce n'était qu'un homme de paille qu'on agitait au gré du vent. 

─ 害怕 𝙎𝘼𝙈𝙐𝙆𝙀 : 𝙉𝘼𝙈𝙅𝙊𝙊𝙉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant