Chapitre 4

191 22 34
                                    


Anthéa

 Cela fait peut être quinze minutes que je fixe les étoiles en tentant de me vider la tête. Je suis toujours assise, mais j'ai ramené mes jambes contre ma poitrine et les ai entourées de mes bras. Je commence à avoir mal à la nuque à force de rester dans la même position, mais je n'ose pas bouger. Qu'est-ce que je fais là ? Cachée derrière une haie avec un inconnu ? Le gout de l'interdit sans doute qui m'a poussé. Si mes parents me voyaient, ils deviendraient fous. C'est peut-être pour ça d'ailleurs que je l'ai suivi. J'ai en marre qu'ils m'empêchent de profiter de ma jeunesse. Même quand ils ne sont pas avec moi, je les entends dans ma tête « ça commence par un baiser et ça fini avec un bébé », « les études d'abord, les distractions après » « ne nous fait pas honte en devenant une de ces dévergondées ». Fais-ci, fais-ca, j'en ai ma claque. J'ai juste envie d'être moi et de faire mes propres expériences. Peut-être que des fois je les regretterais, mais au moins, ça aura été ma décision à moi.

- Tu connais le nom des constellations ? me demande-t-il

Eden est allongé sur la couverture, un bras replié derrière sa tête.

- Je connais la grande ourse et la petite ourse, c'est tout.

Il ricane.

- Oui, comme toute le monde.

Il lève un doigt en l'air et commence à me montrer des amas d'étoiles dispersées.

- Là tu as le Cygne, le Loup, Cassiopée, Andromède, Phénix, le Centaure,...

Je reste silencieuse et il interrompt sa phrase pour me regarder et me sourit.

- Je t'ennuie ?

- Non non, pas du tout je suis juste surprise tu connaisses autant les étoiles.

- Pourquoi surprise ? Je ne ressemble pas à un garçon instruit ? J'ai l'air idiot ?

Mince, je ne voulais pas le vexer alors je bafouille :

- Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, je,...

Il m'empêche de continuer en éclatant de rire. J'adore le son de son rire, grave et chaud tout à la fois.

- C'est bon, je rigolais. T'aurais vu ta tête.

Je me surprends à sourire moi aussi et, rassurée, je me décide à m'allonger. Mes muscles sont endoloris et j'ai du mal à me positionner.

- C'est quoi ton signe astrologique ?

- Je suis Taureau.

Il se tourne sur le côté et se rapproche légèrement de moi. Je ne suis pas effrayée, mais un frisson me parcourt. Il tend le bras.

- Cette constellation là c'est celle du Taureau. Et cette étoile là-bas, qui en fait partie, s'appelle Maïa.

Je me régale du spectacle. Je commence à me sentir bien.

- C'est joli, m'enthousiasmé-je.

Il se rallonge sur le dos et le fait qu'il s'éloigne de moi me déçoit un peu. Sa proximité était rassurante.

- C'est comme ça que j'appellerais ma fille, si un jour j'en ai une.

- J'adore ! Moi j'imagine que mon père me demanderait d'appeler ma fille Lila, Violette, Jacinthe, Iris, Dalia, Capucine, enfin un prénom fleuri quoi.

Je rigole toute seule en prononçant tous ces prénoms, je crois que l'alcool ne s'est pas encore complétement dissipé. Mais Eden reste muet, il ne peut pas comprendre.

Ce temps qui nous échappe -Sous contrat d'édition chez First Flight Edition -Where stories live. Discover now