Chapitre 2 - De l'air

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Je relève la tête pour tomber nez à nez avec des yeux verts. Mon regard est dur et un sourire forcé s'affiche sur mes lèvres.

Je peux ? je demande en anglais en pointant la chaussure qui se trouve au sol derrière lui.

Le jeune homme sourit surpris et se met de côté. Je passe sans aucune gêne me penche pour récupérer ma chaussure et ressors. J'agis comme si tout était parfaitement normal. Je renfile mes escarpins difficilement et me dirige à nouveau vers l'évier pour récupérer ma pochette. L'inconnu ne bouge pas et me suit des yeux comme si j'étais un animal de foire. « Quel con » je chuchote pour moi-même quand sa voix me surprend :

— Je parle français vous savez.

Mes yeux s'écarquillent. Je commençais à me faire au fait que les gens parlent une autre langue. Les sourcils levés mon regard remonte pour croiser le sien dans le miroir. Il doit faire la même taille que Jimmy. Ses bras sont croisés sur son torse et il me regarde comme un adulte prêt à disputer une enfant. Si je n'étais pas de mauvaise foi et totalement vexée par la situation je me serai sûrement confondue en excuse. Mais le type continue de me fixer appuyé contre la porte qui est restée ouverte. Je reporte mon attention sur ma pochette, soupire et vérifie que tout y est. Je m'apprête à me diriger vers la sortie mais je sens son regard continuer à peser sur moi.

— Vous voulez peut-être un autographe ? je lâche en me retournant.

— Ça devrait être l'inverse, mais à vrai dire j'attends plutôt des excuses, il sourit.

Sa façon de prendre la situation à la rigolade ou moi, je n'arrive pas vraiment à avoir du recul là-dessus pour l'instant, m'agace au plus au point. Je fais un pas vers lui. C'est d'un ridicule je le sais bien. A quoi je m'attends ? Je fais plus d'une tête de moins que lui. Si je m'approche trop, il ne me voit même plus dans la pièce. Si la situation n'était pas celle-ci je pourrai avouer qu'il est vraiment mignon. Mais il m'emmerde, alors on va oublier ce détail :

— Avec un melon pareil tu es pilote au moins ? j'interroge.

— Eh bien oui, c'est drôle de faire mine de ne pas me connaître.

Ma bouche s'entrouvre. Si j'ai dit ça c'est pour lui clouer le bec, pas pour qu'il puisse renchérir. Le truc c'est que; soit il me ment et alors il est ridicule; soit il dit vrai et c'est moi qui le suis. Seulement je ne peux absolument pas le savoir. Je suis la seule cruche à cette soirée, organisée par une entreprise impliquée dans la course automobile, à ne rien y connaître. A y réfléchir, je ne suis plus à ça près pour ce soir. Je finis par lever les yeux au ciel avant de faire demi-tour et de m'en aller pendant qu'il rit.

Je sors de la pièce et me décide à retourner à l'un des buffets où l'on sert des boissons. Un verre ne sera pas de trop pour oublier cette superbe entrevue. On me sert une coupe de champagne à laquelle je m'agrippe pour traverser la foule. Quand je retrouve Jim, il est face à moi. Deux personnes se sont jointes au groupe:

— Charlie ! il s'exclame quand il m'aperçoit.

Les nouveaux arrivants se retournent vers moi, et mon visage se décompose à la vue de l'un d'eux. Le comique des toilettes se tient juste en face de mon meilleur ami. Quand il me voit un large sourire naît sur ses lèvres, quel idiot. Je rejoins Jim qui me fait les présentations ;

— Charlie je te présente Lando et Charles. Ce sont deux pilotes, il dit en anglais, Charles et l'un des pilotes francophones, il trouve bon de rajouter.

J'ai très envie de simuler un coup de téléphone urgent pour m'éclipser mais le soir de l'an ce serait peu crédible.

— Oh alors tu ne savais vraiment pas qui j'étais, sourit le dénommé Charles, alors que Jimmy nous observe.

Stupid // Charles LeclercWhere stories live. Discover now