Prologue

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JOSH

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JOSH

Du plus loin que je me souvienne, je n'ai toujours connu que violence et mort, guerre et deuil. Me retrouver dans cette situation n'est donc pas exceptionnel, mais au contraire plutôt habituel.

J'ai été entraîné dès mon plus jeune âge aux techniques de combats et à la lutte armée. La plupart du temps, ça se soldait par une accumulation de cadavres à mes pieds. On m'avait appris à tirer et à réfléchir ensuite. Autant dire que ma vie ne se résumait qu'à viser, tirer et tuer. À cette époque, on nous répétait sans cesse que si l'on tuait c'était uniquement dans le but de sauver des milliers vies. Prendre la vie pour préserver celle d'un autre, c'était ça notre rôle. En réalité, le chiffre de mes victimes est bien plus élevé que celui des rescapés. J'ai plus souvent utilisé mon arme que mon cœur. C'est la dure réalité de la guerre. Il n'y a jamais véritablement de vainqueur.

Les yeux concentrés sur la route, je me sors ces souvenirs de la tête et traverse la ville comme un éclair en plein milieu d'une tempête. Ma bécane file au gré du vent, si bien que ce dernier s'engouffre sous mes vêtements et emplie mes poumons d'air glacé. C'est de loin ma sensation préféré. Un frisson d'excitation parcourt mon corps jusqu'à se frayer un chemin sous ma peau toute aussi brûlante d'exaltation. Seule les halos de lumières des buildings atteignent ma rétine, tout le reste n'étant que flou et adrénaline. J'ai toujours été friand de sensations fortes. Sans doute parce que j'ai toujours vécu entouré du danger et qu'il m'a toujours autant attiré. Encore une fois, j'ai été élevé dans l'intention de mourir en martyr.

Quand ce destin funeste à pris fin brutalement, j'ai dû trouver un autre exutoire et une nouvelle façon de vivre ma vie. Désormais, je me nourris essentiellement d'asphalte et de vitesse. Le temps passe si lentement lorsque j'ai les pieds sur terre qu'une fois posés sur ma Harley, j'ai la sensation de devenir maître du temps. Dans ces moments, les minutes filent et défilent rapidement pendant que la mort guette le moindre de mes gestes. Un faux pas et c'est direction l'au-delà. Peu m'importe. Je n'ai jamais redouté sa venue. Si elle doit m'emporter avec elle, alors qu'elle le fasse sans délicatesse. Je lui tendrai la main et la suivrai sans aucun regret. Ça a toujours été mon mantra et ça ne changera pas.

Un point lumineux au loin attire mon attention. Je n'ai ni le temps de ralentir, ni le temps de m'enfuir quand je comprends enfin ce qui m'attend. Deux gringalets tirent sans sommation sur moi et ma Harley. Le résultat est sans appel. Je dévie de ma trajectoire, dérape et glisse sur l'asphalte comme si c'était de la glace. Le crissement de la carrosserie résonne à mes tympans fumants et c'est avec douleur que je pousse un gémissement sortis tout droit du cœur. Ma Scarlett. Mon corps s'écharpe, mes vêtements se déchirent et laissent au passage des lambeaux de tissus sur le sol que j'ai effleuré, le tout agrémenté d'une bonne dose d'hémoglobine. Quand la bécane cesse enfin sa course folle, je sens ma cage thoracique se compresser au point d'en perdre le souffle. Durant un court instant, la tête me tourne, je ne vois plus rien et seuls mes acouphènes se répondent, passant d'une oreille à l'autre. Même le goudron, pourtant habituellement dur, semble s'être métamorphosé en un petit nid douillet. Le choc est tel que pendant une fraction de seconde, j'ai la sensation de traverser le royaume des morts pour m'en aller rejoindre ma dernière demeure. Non. Impossible que l'enfer soit bordé de tant de douceur. Tout aussi improbable que l'infime possibilité que je finisse au paradis. Très vite, le raffinement de mon lit de plumes se transforme en un millier de lames tranchantes et parfaitement aiguisées.

Hell's Sky : Partition amoureuse (#2)Where stories live. Discover now