Prologue

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"Ce jour-là, l'humanité s'en est souvenue. La terreur d'être dominée par eux. L'humiliation d'être emprisonnée dans une cage"

- Ami ! Ami ! Eh Amélia, tu m'écoutes ou pas ?

Comme un gong retentit dans mon esprit alors que mon ami me parle. Et je reviens à cet instant sur terre, observant mon thé et mon pain, les yeux exorbités, comme si je venais de faire un rêve étrange.
Je relève les yeux vers lui pour lui sourire tout en attrapant mon petit pain au beurre.

- Oui désolée Mat', j'étais partie dans mes pensées. Tu me disais quoi ? Lui demandai-je en ajoutant un énième sucre dans mon thé.

- Tu mets beaucoup trop de sucre dans ton thé c'est dégueulasse ! Rétorque-t-il en éloignant de moi le reste des sachets de sucre qu'il y avait sur la table.

- Je m'en fous, il n'y a que comme ça que j'arrive à boire cette immondice, je râle, remuant ma cuillère dans la tasse.

Il soupire et attrape ma tasse pour en boire une gorgée, et comme d'habitude, peste au goût bien trop sucré de celui-ci juste avant de le redéposer devant moi.
Habituée à ça, je le laisse faire sans rien dire et remue à nouveau ma cuillère dans ma tasse.

- Donc tu me disais quoi ? Insistai-je, car je ne n'avais pas écouté un seul mot de ce qu'il m'avait dit depuis mon réveil.

- Je suis assigné à la porte extérieure aujourd'hui. Tu es où toi ?

- Surveillance des rues, la routine quoi. Ah oui et je dois être à la porte à quatorze heures pour le départ du bataillon d'exploration, on se verra peut-être.

Je me mets enfin à boire mon thé devenu bien trop froid, et d'une traite je m'en débarrasse.
Je me lève alors, juste après avoir englouti mon pain au beurre de trois bouchées. Il en fait de même voyant que le temps presse et que le réfectoire se vide petit à petit.

- Tu es toute pâle aujourd'hui, tu as bien dormi ? Me demande-t-il pendant que nous quittons les lieux.

- Oui ça va franchement. Mais c'est vrai que je me sens un peu faible. Ça doit être le stress. Avec la tonne de rapport que j'ai à rédiger pour la fin de la semaine, j'ai l'impression que je vais avoir besoin d'une nuit blanche pour m'en débarrasser. Quelle idée d'avoir accepté d'être capitaine, soupirai-je en jetant un coup d'œil vers le ciel bleuté.

Deux gros oiseaux traversent le ciel au-dessus de nous, parsemé de quelques nuages presque transparents. Il fait beau aujourd'hui, c'est agréable. Une légère brise de fin de printemps vient aussi refroidir l'enceinte des murs.

- Arrête de te plaindre ! Ça fait quoi ? Trois ans maintenant que t'es capitaine d'une garde ? Sérieusement Ami, t'abuses, t'es toujours aussi désordonnée ! Je m'en sors très bien moi, me répond Matthieu en me tapotant le flan de son coude.

Matthieu et moi nous connaissons depuis longtemps. Nous avons fait les brigades d'entrainement tous les deux. Je le considère un peu comme un frère à vrai dire. On s'est toute de suite bien entendus, et quand est arrivé le moment de choisir notre corps d'armée, nous savions qu'il n'était pas question que l'on se sépare l'un de l'autre. On a donc choisi tous les deux la garnison.
De cette façon, nous avons pu rester près de nos familles, et nous avons été assignés au district de Shiganshina. Parfois on nous fait remonter jusqu'à Trost quand il y a sous-effectif. Mais c'est très occasionnel.

Nos deux familles vivent dans l'enceinte du mur Maria. La mienne dans un petit village forestier au sud-est. J'ai grandi dans un ridicule village presque inconnu, mais j'avoue que c'était plutôt plaisant. Je n'ai que de bons souvenirs de mon enfance, je peux le dire, j'ai eu une enfance tout à fait normale. Parfois j'étouffe de la foule des grands districts comme celui de Shiganshina ou Trost. Du coup, je profite de mes vacances pour retourner voir ma famille, que je vois également de temps en temps mes jours de repos.

Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant