Chapitre 30

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Un peu plus loin alors qu'il me tenait toujours la main, Romain et moi rions aux éclats.

- Ahaha la tête qu'il a faite !, riait Romain.

- Il ne doit pas avoir l'habitude haha !, renchérissais-je.

Romain ralentit le pas, calmant son fou rire. Il s'arrêta et se tourna vers désormais parfaitement sérieux.

- Athy... j'ai eu peur pour toi tu sais.

- Comment ça ?

- Quand je t'ai vu avec lui tout à l'heure, j'ai eu peur de te revoir comme il y a trois ans. Je me souviens encore quand je t'ai transporté à l'infirmerie, pâle et brûlante de fièvre.

Je perdis ma bonne humeur instantanément, baissai la tête.

- Je ne veux pas vraiment reparler de cette époque.

- Je sais mais... je ne comprends pas très bien mais quand je vous ai vu j'avais cette impression... d'une espèce d'alchimie entre vous... ça m'a mis en colère.

Je lâchai sa main, horrifiée.

- De l'alchimie ? Entre moi et cet... cet... cette espèce d'enflure ? Tu rigoles !

- Je sais que ça n'a aucun sens... mais... oh oublie ça, (il me sourit) je suis content d'être intervenu.

- Tiens d'ailleurs, pourquoi Any t'a-t-elle envoyé un message ?

Il y eu un silence gênant. Le jeune homme se frotta la nuque.

- Eh bien... il se peut que... je lui ai demandé quand est-ce que je pourrai te voir seule à seul...

- Sérieusement ? Vous avez tout calculé dans mon dos ?

- Non non ! , s'empressa de répondre Romain, c'était vraiment une coïncidence ! J'allais chez des amis quand Any m'a envoyé un message disant que tu rentrais seule et que je pouvais te croiser sur le chemin, ça n'avait rien de planifié !

- Mais tu lui as quand même demandé d'organiser une entrevue avec moi...

- Mais non c'était pas..., il s'interrompit et poussa un long soupir, tu as raison je suis désolé, mais j'étais persuadé que si je te demandais directement tu allais refuser et me trouver un peu trop collant.

Et il n'avait pas tort. Cette manière d'avouer les choses avec honnêteté me fit perdre ma colère et je lui souris malgré moi. Il y avait dans sa manière de faire quelque chose de naïf et de maladroit qui le rendait adorable. Me voyant sourire le jeune se détendit instantanément.

- Je peux quand même te raccompagner ? , me demanda-t-il avec hésitation.

- Tant que tu n'envoies pas de message à Any...

Romain sourit malgré cette dernière pique.

Nous discutâmes un long moment sur le chemin du retour et même jusqu'à la porte de l'appartement.

- Tu es sûr tu ne veux pas boire un truc avant de partir ?

- Non t'en fais pas, je vais être en retard après... et puis je ne vais pas abuser hein, dit-il en avec un sourire entendu.

- Bon alors... à demain ?

Il leva une main et caressa mon visage, je frissonnais à ce contact. Je reconnaissais que Romain n'avait rien de déplaisant. Ses cheveux châtain lui tombant légèrement dans le cou lui donnait un petit côté canaille craquant, et sa barbe naissante n'enlevait rien à son charme. Il était grand et bien bâti, avec un nez retroussé et de grands yeux noisettes. Ses mâchoires légèrement carrés lui donnait un côté des plus virils. Bref c'était le genre de garçon physiquement attirant. Mais en plus de ça il était galant, bien élevé et il avait ce côté romantique qui plaisait tant à Julia. Mais étais-je intéressée de mon côté ? Je ne savais pas.

Soudain sans prévenir, il déposa un chaste baiser sur mes lèvres. Voyant comme un encouragement mon silence il entreprit un baiser plus passionné. La surprise passée, je décidais finalement de me laisser aller, mais très vite je me sentis bizarre. Quelque chose n'allait pas. Je mis un terme à notre embrassade, trop vite au goût du jeune homme qui n'insista pas, conscient qu'il avait déjà franchi une limite. Il se racla la gorge gêné.

- Je... j'y vais, à demain Athy.

- A... demain.

Il s'en alla calmement, mais je pouvais encore sentir son trouble. Je refermais la porte et poussais un puissant soupir, glissant le long du morceau de bois jusqu'à toucher les fesses par terre. Qu'est-ce que je venais de faire au juste ? Où avais-je la tête ? Quelque semaines plus tôt je lui avais dit ne pas être intéressée et voilà que je le laissais m'embrasser ? Pire que j'étais réceptive ? Je me pris la tête entre les mains. Je me sentais mal, sans savoir vraiment pourquoi.

Je t'aimerai autant que tu me détestesWhere stories live. Discover now