Chapitre 33

709 47 1
                                    


Les autres autour lançaient des cris stupides d'encouragements, alors qu'Anissa était venue se placer à mes cotés, ne sachant pas plus que moi quoi faire. Romain avait désormais le nez en sang et des bleus qui commençaient à apparaître sur son visage.

- Alors gamin ! , hurla le pochetron, on fait moins le malin hein ? Ta copine doit être teeellement déçue de voir que t'as rien dans le calbute.

Cette réplique le mit hors de lui.... Et hors de moi. Je m'avançai, furieuse.

- Je me demande comment un mec qui n'en a pas plus dans le slip que dans sa tête peut dire une chose pareille !, m'indignai-je.

Les autres lancèrent des « popopo » et des sifflements pour accentuer mes dires. Furieux à son tour, l'individu lâcha mon pauvre ami à moitié inconscient pour m'attraper par le col de la chemise.

- Tu veux voir ce que j'ai dans le slip p'tite catin ? Je sens que tu vas adorer ! Après ça tu fermeras ta grande gueule salope !

Des images me revinrent en tête e j'eus une horrible envie de vomir. Je le revis penché sur moi, arrachant mes vêtements, me frappant au visage et partout sur le corps, la dureté du sol de la pièce. L'homme tirait toujours sur mon col mais je n'avais plus de force, seulement une peur immense qui me paralysait le corps et l'esprit.

Des bruits de pas se firent entendre. Calmes, lents, qui descendaient les escaliers. Soudain l'homme leva la tête et son visage se décomposa. Il relâcha mon col fébrilement et recula en chancelant, suivit par tous les autres. Je tournais la tête vers Anissa mais cette dernière semblait aussi choquée que tous les autres, plaquée contre le comptoir les mains devant la bouche, le regard horrifié. Je n'eus pas besoin de me retourner pour deviner qui c'était, un imperceptible sifflement me le dit. Posté juste derrière moi, les mains dans les poches, la Vipère regardait droit devant sans même avoir aperçu la jolie blonde au bar.

- Dégagez.

- O... Oui !

Les inconnus ne se firent pas prier et déguerpirent en courant. Je prenais une longue inspiration ayant toujours une sensation de nausée et pris mon courage à deux mains pour lui faire face. Je levais les yeux pour les planter dans les siens, il baissa légèrement la tête et nos regards s'accrochèrent. Ma respiration se fit courte, saccadée. Le temps semblait s'être complètement arrêté.

Un gémissement me rappela que Romain était toujours étendu par terre, le visage en sang. Voyant que je reprenais mes esprits la Vipère m'agrippa le bras et me tira vers la sortie. Prise de court, j'eus tout de même le temps de faire deux choses : celle de crier à Any de prendre soin de Romain et celle de la voir accourir vers lui pour l'aider. Ce n'est qu'après m'être assurée de ça que je suivis la Vipère sans faire d'histoire.

Après nous être éloignés du Ralton, la Vipère lâcha mon bras pour me prendre la main, ce qui avouons-le était quand même plus pratique pour marcher. Sa main était froide, mais douce. Une légère pluie commença à tomber et je me remémorai cette fameuse soirée sous la pluie que je n'avais jamais pu effacer de ma mémoire. Au bout d'un moment, ne voyant aucunement le but de cette balade et trempée, je stoppais nette ma course. Il se retourna toujours tranquillement et fit un pas vers moi, toujours ma main dans la sienne.

- On va où ?

- Loin.

- Loin de où ?

- Loin de lui.

- Pourquoi ?

- Parce-que.

- Ce n'est pas une réponse !

- Pour moi c'est suffisant.

- Lâche-moi !

- Alors va-t-en.

Je t'aimerai autant que tu me détestesWhere stories live. Discover now