Chapitre 31

147 4 65
                                    

Les plaines gelées de Southern Thundra accueillent froidement les fuyards qui courent depuis déjà quelques heures, en silence. Après une heure ou deux de course, Sherman avait décidé de courir pour alléger le poids que portait Lucifer ; les heures suivantes sont passées dans un silence absolu à regarder parfois en arrière pour vérifier si les Hooligans les poursuivent. Chip regarde avec inquiétude le zombot qui se contente de baisser les yeux : Maria n'a pas dit un mot depuis qu'ils ont laissé Zero se battre à Station Square : elle éprouve un profond sentiment de culpabilité qui l'empêche de parler alors qu'elle est tenu par l'un des tentacules du hérisson blanc. Elle aurait dû insister, elle aurait dû s'imposer et dire au chacal que non, elle restait. Elle aurait dû convaincre ses amis de se battre avec elle mais, d'un autre côté, elle ne sait pas vraiment se défendre et leur demander de rester aurait été égoïste et capricieux. Des larmes amères lui remontent et la blonde serre des dents avant de parler à son porteur d'une voix faible.


- (Maria) Lucifer, pose-moi s'il te plaît.


Les orbes bleues du mâle la dévisagent avec souci mais néanmoins obéissent et la dépose sur le sol de glace. La demoiselle sent le vent de la tempête lui traverser les vêtements et lui mordre le corps ; avec une série de frissons, elle se tient les bras et tente de se réchauffer alors qu'elle dépasse en marchant le duo d'expériences.


- (Maria) Allons-y.

- (Sherman) Maria...

- (Maria) Il doit y avoir un bâtiment, quelque chose...

- (Lucifer) Tu es sûre que ça va ?...


L'ancienne humaine s'arrête dans ses pas et ne bouge plus. Le petit robot dans ses bras s'agite alors que le reste du groupe s'approche un peu, inquiet ; avec une lenteur affligée, Maria se retourne vers eux, les larmes aux yeux et tremblante.


- (Maria) Non... Ça ne va pas vraiment...


Un éclair coupable traverse les yeux de la reproduction de Shadow qui recule un peu, Sherman, quant à lui, se contente de froncer les sourcils de tristesse ; avec un geste amical de la main, il l'enjoint à continuer.


- (Maria) J'aurais dû rester avec Zero, qui sait ce qu'il peut lui arriver ?... J'ai été inutile... Tout ce que j'ai fait, c'est être portée, courir et vous demander de vous battre... Je...


Elle essuie ses larmes dans une ambiance pathétique alors que son corps la supplie de se réchauffer mais elle ne peut pas. L'eau coulant de ses yeux gèle sur ses joues et elle se force à ne rien laisser paraître ; grands dieux, qu'est-ce qu'elle a froid ! Elle aimerait ressentir une émotion positive pour monter sa température ne serait-ce qu'un peu, mais elle est en proie à une profonde culpabilité qui la vide de son énergie et de sa chaleur.


- (Maria) Je devrais être meilleure, j'aurais dû... J'aurais dû faire quelque chose... N'importe quoi ! A cause de mon incompétence, de mon inutilité, on a... On a perdu Zero...

- (Sherman) Ce n'est pas de ta faute, et puis, il nous rejoindra, il l'a dit... Et, autant que je déteste l'admettre, c'est un "homme de parole", comme dirait le docteur.

- (Chip) Ouais ! Il a raison ! T'inquiète pas Maria ! On va le revoir tôt ou tard !

- (Lucifer) Mieux vaut tard que jamais. Mais je suis sûr que ça ne devrait pas tarder.

L'Odysée de Maria RobotnikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant