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Mabel

Le bout de ma botte tapote sans arrêt contre le tapis multicolore du bureau qui repose au centre de la pièce. Cela fait quatre minutes et quarante secondes que moi et le docteur Ibarra restons assises sans rien se dire, le bruit du coucou en fond rendant l'instant encore plus agaçant.

Un tas de choses se bousculent dans ma tête et j'hésite quant à ce que je devrais faire en premier. Pour commencer, c'est évident que je dois m'excuser d'avoir été une telle vache. Ensuite, je vais devoir évidemment lui raconter toutes les horreurs que j'ai subi..Et..

- Euh, docteur-

- Bon commençons-

Ses yeux sont ronds comme des soucoupes quand ils croisent les miens, et cela suscite l'apparition de l'ombre d'un sourire sur ses lèvres.
Cela me confirme qu'elle est de meilleure humeur, je décide alors de me jeter à l'eau..La tête la première.

- Docteur je voulais tout d'abord m'excuser auprès de vous pour tous les désagréments passés que j'aurais pu vous causer. Je ne me rendais pas compte, en ce temps là, que j'étais en train d'être odieuse, et surtout comme un monstre envers vous..Je- Je ne peux que vous présenter mes plus plates excuses, ainsi que mes plus sincères remerciements, parce que c'est surtout grâce à vous et à votre sollicitude envers votre collègue que j'ai pu mieux me porter, je balbutie de but en blanc en triturant le rebord de ma jupe.

- Ce n'est pas la peine de vous tracasser sur cela mademoiselle Song. J'étais consciente que vous n'étiez pas en bonne forme, elle sourit, et je ne le prenais pas personnellement, je peux vous assurer que je côtoie de jeunes gens bien plus...cocasses. Mais je suis tout de même ravie d'avoir contribué à un aboutissement d'un quelconque bien être chez vous, et ça, je le pense sincèrement.

Elle se penche pour me servir une tasse de thé, se servant au passage et se rasseyant, son calepin à la main.

- Trêves de bavardage, elle se racle la gorge, votre mère semblait particulièrement inquiète lors de notre entrevue. Elle souhaiterais surtout être sûre et certaine que cet événement ne vous a en aucun cas ébranlée.

J'hésite un peu face à sa requête.

- Vous savez, malgré les mauvaises passes que vous aviez toutes les deux pu rencontrer, elle voudrait que vous sachiez que vous êtes tout ce qu'elle a; vous vous sentirez sûrement plus visée lorsque vous aurez à votre tour des enfants. Cependant, il y a bien une raison pour laquelle une telle chose a mené à une autre. Ce que je sous entends, c'est juste que vous ne devriez pas toujours douter des intentions d'autrui sans être sûre de leurs motivations.

- C'est très dur pour moi d'en parler, je confesse. Je serais à jamais reconnaissante envers madame Song de m'avoir recueillie. Mais il est normal pour moi de me demander pourquoi mes parents biologiques en sont venus à m'abandonner, n'est ce pas ?, mes lèvres tremblent et mon nez commence à me picoter. J'exigerais simplement le droit de tout savoir, comme tous les enfants adoptés, je soupire.

Je renifle et tente de réguler ma respiration, acceptant le mouchoir qu'elle me tend.

- En ce qui concerne les derniers événements, je ne peux que vous dire que..je ne suis pas si affectée que je ne devrais le paraître. Il semblait que Will avait agi en prenant des conclusions hâtives, et cela en faisant du mal à des personnes innocentes. Honnêtement, c'était fructifiant comme expérience, j'acquiesce pour moi même. J'ai eu l'occasion de régler des comptes et de pouvoir envisager de changer mes opinions concernant certaines choses.

Elle note frénétiquement.
-D'après ce que j'ai remarqué, vous semblez bien connaître monsieur Choi, elle remarque.Le jeune homme aux traits asiatiques avec lequel vous parliez dans le couloir l'autre jour, elle ajoute.

Tu n'étais pas une simple coïncidenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant