"Dernières nouvelles"

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- Il est dans la cour.

Je sursautai, tiré de mes pensées par la secrétaire de l'accueil. Celle-ci avait les yeux baissés sur l'écran de son ordinateur.

- Très bien merci.

J'inclinai la tête en signe de reconnaissance, et me dirigeait ensuite vers la cour de l'hôpital. À pas lents, je franchissai une première porte qui menait à un long couloir aux murs transparents qui laissaient apercevoir des arbres colorés, et des oiseaux chantant.
"Au moins, il a enfin pu quitter sa chambre d'hôpital. La dernière fois que je suis venu, il n'osait même pas quitter son lit..."
Quelques jours s'étaient écoulés depuis ma discussion avec Eijiro, et je n'avais pas eu le temps de revenir ici, par fatigue intense et douleur au coeur. C'est à peine si j'avais pu sortir de chez moi, et mon état commençait à sérieusement inquiéter mes parents.
"Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de cette foutue maladie ?"
Je me demandais de plus en plus ce que j'aurai pu devenir si je n'avais pas été malade. Peut-être aurai-je été plus aimable ? Plus ouvert avec les gens autour de moi ? J'aurai peut-être faire plus d'efforts pour chercher un travail qui aurait pu me plaire ?
Sauf qu'à chaque fois, j'avais le souvenir de toutes les crises, de tous les moments de souffrance que j'avais pu vivre qui remontait dans ma tête, et je me souvenais alors de la malchance qui m'avait toujours frappé. Celle-ci me poursuivait encore, me poursuivrait jusqu'au jour enfin où je m'éteindrai, je commençais à en avoir l'infime certitude. J'avais beau me battre, donner de mon être pour survivre, je ne parvenais pas à vivre comme les autres.
"Et puis il y a Deku... Est-ce que j'ai des sentiments pour lui ?"
Je n'avais toujours pas trouvé de réponse à la question, et je me torturais l'esprit à en trouver une. Alors ce jour-là, j'avais simplement décidé de me rendre à l'hôpital, sans idées précises, sans savoir ce que je lui dirai lorsque je me trouverai face à lui. Aussi ouvris-je doucement la porte qui donnait sur la cour. Le vent balaya mes cheveux vers l'arrière, et je fermais un instant les yeux, avant de les rouvrir pour les fixer sur le paysage face à moi. À première vue, la cour de l'hôpital était aussi déprimante et pesante que le reste des bâtiments. On pouvait voir là déambuler des patients aux allures faméliques, ou au contraire, trop larges. Certains marchaient sur leurs deux pieds, d'autres se servaient de béquilles et j'en aperçus un assis dans un fauteuil roulant qui émettait un affreux crissement à chaque fois que l'homme avançait. Les vieux arbres rabougris ne protégeaient pas du vent étant donné qu'eux-mêmes peinaient à ne pas tomber. À première vue, cette cour était aussi désolée et triste que le reste. Pourtant, quand on prenait un peu le temps d'observer les alentours, on pouvait croiser des regards emplis de chaleur, une chaleur qui n'habitait pas les regards dans les chambres. Les patients faisaient en sorte, lorsqu'ils se trouvaient ici, de ne pas être accompagné et je remarquai que plusieurs d'entre eux s'étaient regroupés pour discuter. Des discussions sans intérêt, qui parlaient de tout et de rien. Pourtant, les sourires sur les visages et les poignées de main qu'on s'échangeait étaient empreintes de sincérité et de chaleur. Un lieu épargné par le quotidien morbide de l'hôpital, mais également un lieu épargné par la misère de la vie.
Izuku était assis sur un banc couvert par un très vieux chêne dont les feuilles formaient un tas compact au pied du tronc noueux. Le jeune homme lisait un livre qui m'était inconnu, ne semblait pas m'avoir aperçut. Il était perdu dans sa lecture, à peine vêtu d'un pull à capuche et d'un jean. Ses cheveux lui tombaient sur le front, et je pus apercevoir ses yeux verts sombres lorsque le vent balaya la cour. Pour la première fois depuis quelques jours, il ne paraissait pas du tout tendu, avait même les épaules lâches. Calme fut le seul mot qui me vint en tête pour le décrire lorsque je le vis.
Je n'aurai pas pu en dire autant pour moi, et je m'avançai vers le banc d'un pas qui me parut hésitant. J'annonçai ma présence en écrasant une feuille morte sous ma chaussure. Izuku sursauta à ce bruit soudain, releva la tête. Ses yeux brillèrent lorsqu'il m'aperçut, et ma nervosité ne fit que grimper d'un pallier tandis que je le saluais de la main.

"Ton Étoile..." [Bakudeku]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora