Chapitre 3 - you were supposed to protect me !

43 7 31
                                    

À midi j'avais décidé de revenir à la maison, de laisser tomber Catalena à ses entraînement ( ou à Aaron c'était à elle de voir) et de la troquer par mes deux petites sœurs, pour les emmener au restaurant.

Deux jours que nos irresponsables parents ne rentraient pas à la maison et nous laissaient livrer à nous même.

Moi, ça m'était égal. Depuis mon plus jeune âge, j'y ai été habitué. Mais mes sœurs, ils n'avaient pas le droit de les abandonner.

Elles étaient si jeunes. L'aînée n'avait que onze ans et l'autre sept. Elles avaient besoin de compagnie, de personnes pour les guider. Et ce n'était pas la nourrice, certes bien plus présente que mes géniteurs, qui allait le faire.

À quoi bon mettre des humains au monde, si c'est pour faire passer sa carrière ou ses maîtresses devant.

Dire qu'à l'instant où je regardais ce menu, mon père se choisissait sa future maîtresse parmi l'une de ses employés.

Ma mère pour se venger lui offrira un joli bouquet, comme la jolie fleur qu'il aura défloré. Comme bon fleuriste qui se respecte, elle le choisira avec soin, et offrira la sienne à un autre homme, comme bon commerçant qui se respecte.

C'était peut-être un jeu pour eux. Coucher à gauche à droite pour perdre le nord, mais pour moi c'était une torture.

Non, pas parce que j'éprouvais de la compassion à leur égard, plutôt de la pitié, mais parce qu'ils me faisaient perdre foi en l'homme et en l'amour.

Je reniais l'humain. Je sacrifiais le ventre qui m'avait porté à cause de leur manque de bravoure, à cause de leur mutuel aveuglement.

_ Je veux des pâtes moi, dit une petite voix aigue à ma gauche.

Maëlle, la plus jeune, avait reposé la carte depuis longtemps et attendait avec beaucoup d'impatience le serveur. Tandis que Marie était plongée, la tête la première, dans son menu, comme s'il s'agissait de la romance la plus passionnante.

Elle n'avait toujours pas fait de choix et semblait vouloir y échapper. Alors je pris le relais, au risque de ne pas en finir.

J'appelai le charmant serveur, à la mèche blonde, devant lequel j'avais eu beaucoup de mal à m'exprimer, et commandai nos plats respectifs.

En attendant nos plats, Maëlle nous racontait ses passionnantes histoires de pirates et de cavalier blanc.

Elle disait et je cite ses mots: «junior c'est le pirate, parce qu'il a un bandeau sur les yeux et Kevin bah c'est mon prince et il est venu sur un de ces cheval. Le cheval c'était juste une branche mais j'ai fait comme-ci c'était un cheval pour pas rendre triste mon amoureux, hihi lui il croit que je le crois, mais c'est juste parce que je l'aime»

Sa petite voix toute aigue et mignonne était ce qui m'était de plus cher au monde. Je voulais pleurer rien qu'à l'entendre parler.

Elle hurlait lorsqu'elle parlait des pirates. Chuchotait lorsqu'elle nous confiait son histoire d'amour. Et rigolait, d'une douceur comparable aux rayons du soleil, lorsqu'elle évoquait son «amoureux».

Marie s'en mettait plein le visage lorsqu'elle mangeait on dirait bien que Maëlle avait beaucoup de chose à lui apprendre et à moi aussi d'ailleurs.
Elle savait gérer ses histoires de cœurs d'une telle aisance. Je devrais prendre exemple « j'ai dit à Junior que je l'aimerai mardi mercredi et vendredi et Kevin le reste de la semaine » avait-elle dit.

Si le monde était enfant.

Le serveur vint nous demander nos desserts, mais tandis que j'énumérais les choix de chacune, quelque chose m'interpella dans son dos, quelqu'un.

Nos Cœurs CendrésWhere stories live. Discover now