Chapitre 05 - Lie to you

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L'Aube c'est beau. Peut-être pas autant qu'un grandiose couché de soleil, ou d'un soir de pleine lune. Mais c'est beau.

L'air pure du matin gonfla mes poumons et me regorgea d'énergie. Énergie qui me sera utile pour affronter la journée.

C'est rare que j'assiste à un levé de soleil d'aussi près. J'avais l'impression que je pouvais toucher cette énorme boule de feu sans qu'elle me brûle. Le soleil est si doux à son réveil, c'est comme s'il murmurait à la lune un merci, qu'il prenait ses responsabilités en main, et qu'il disait à la terre « à nous deux maintenant, c'est à moi de te réchauffer, c'est à moi de t'illuminer, c'est à moi de réveiller les êtres qui sommeillent en toi ».

Moi, il n'a pas eu à me réveiller. Je l'ai juste attendu près de ce feu désormais éteint, recroquevillé sur moi-même. J'ai attendu que ses rayons brûlant viennent chasser mes démons, de peur que la couverture sur mon dos ne résistent à leurs griffes envenimées. J'ai attendu qu'il viennent sécher mes larmes, les évaporer pour qu'en hiver elles retombent sur moi en une pluie et me lavent de toutes mes crassent. J'ai attendu qu'il illumine cette forêt, et la libère de cette aura mystique, qu'il dévoile tous ses pièges, tous ses secrets.

Et il est venu, il ne m'a pas déçu, il ne m'a jamais déçu. Tous les jours à la même heure, je l'attends et tous les jours à la même heure il vient à moi. Craintif il me dévoile un petit rayon pour me saluer, puis deux et enfin il se donne à moi dans toute sa splendeur, et moi dans mon coin je l'admire dans son timide spectacle.

Un bruit de zip me ramena à la réalité, je me retournai et remarquai que Roxan avait passé la nuit dans sa tente. Je ne l'avais pas vu y entrer et je n'avais entendu aucun bruit à l'intérieur.

La veille, il avait dit qu'il irait faire un petit tour pour respirer «Ça chlingue le Chamallow» a-t-il osé dire, alors j'ai imaginé que le monstre des bois l'ait dévoré, ou que des villageois hérétiques l'aient donné en sacrifice. Je l'avais un peu souhaité pour avoir dit de telle ânerie sur ma friandise préférée. Pourtant j'étais bien contente de le voir en vie, parce que j'aurais besoin de lui pour vite déguerpir d'ici.

Il n'avait pas les cheveux ébouriffés, ni le visage gonflé, ce n'était pas un visage de réveil. Il n'a pas dormi, lui non plus.

Je me demande ce qui l'en empêchait, quelles sont ses fantômes ?

Il ne m'a pas regardé et n'a pas répondu à mon bonjour, comme à son habitude, il s'est seulement dirigé vers une branche d'arbre ou il avait étendu un t-shirt qu'il a lavé la veille après que Catalena ait renversée du Coca-cola dessus. D'un pas nonchalant il s'avança vers son objectif, a agrippé son t-shirt et s'est libérée du premier.

Moi, eh bien je crois que j'ai avalé une ou deux mouches. Il était légèrement de profil et son regard ignorait le mien et clairement ces yeux en ce moment n'avait plus aucune importance pour moi. J'ai juste observé sa musculature saillante se contracter au rythme de ses mouvements, et ses tatouages se mouvoir sur sa peau sous la pression de ses muscles.

Mon cœur se mit à battre quand je me suis aperçu de mon regard insistant sur son torse. Il l'avait remarqué et un rictus amusé se dessina sur son visage, avant qu'il ne disparaisse lui et ses muscles sous le tissu de son t-shirt qui, à mon plus grand malheur, ne moulait pas son torse.

J'ai détourné le regard pour fuir le sien et il a rebroussé son chemin en froissant son premier t-shirt en boule dans sa main. Il ressemblait à un joueur de basket à ce moment là concentré sur son objectif, et ça m'a fait sourire.

Je me suis levé de ma place, que je n'avais pas quitté de la nuit parce que le tronc d'arbre m'avait écorché tout le dos et que la pierre en dessous de moi m'avait aplati les fesses, et suis allée regrouper les déchets de la veille dans un sac poubelle.

Nos Cœurs CendrésWhere stories live. Discover now