Nos Cœurs Cendrés

Chapitre 09- I'll kiss you with this taste

Roxan:

Une question trottait en boucle dans ma tête: est-ce qu'elle en vaut vraiment la peine ? Et plus j'y pensait, plus la réponse était flou. Je ne pouvais pas dire « non » parce que quand ses yeux croisaient les miens, je pouvais traverser l'univers à la recherche de l'étincelle qui s'étaient éteintes dans le ciel empli d'étoiles qu'étaient ses yeux. Et je ne pouvais pas non plus dire « oui » perce qu'elle ne sera jamais assez. Assez forte pour me supporter, assez intelligente pour m'éviter, assez froide pour ne pas se consumer. Elle ne valait peut-être pas la peine. Mais si je me mastiquer l'esprit comme ça, ce n'était peut-être pas pour rien. 

Un clic d'appareil photo retenti dans tout l'habitacle, je tournai la tête vers elle, et la vit assise à l'autre bout du Van son téléphone en main et l'objectif pointé sur moi. Elle a eu l'air surprise par ma réaction, elle voulait probablement jouer les paparazzi discret, raté.
 
_ Tu me prends en photos là ?!
 
J'étais affalé sur le matelas les pieds relevés contre les parois du van et je m'aérais le visage avec un éventail que j'avais trouvé par hasard. On aurait dit une vieille grand-mere, avec ce bout de bois entre les mains, manquerait plus qu'un petit foulard et un magazine à la con, un Play boy ne serait pas de refus.
 
_ Non, mamie je te prépare des crêpes...
 
Elle a sourit, a mit sa main sur ma bouche faussement surprise et a poursuivit:

_ Oula suis-je sarcastique ? Merde je suis entrain de me transformer en toi.
 
J'ai arboré mon petit sourire en coin, qui je le savais lui faisait beaucoup d'effet, et en effet elle n'a pas détourné ses yeux de mes lèvres. Alors j'ai regardé les siennes à mon tour, elles étaient gonflé et d'un rose pétillant, je n'ai jamais eu plus envie d'embrasser quelqu'un qu'à ce moment. Mais il valait mieux l'éviter, je ne devrais pas lui donner trop de faux espoirs et jusqu'à maintenant j'ai enchaîné les attentions envers elle, ça ne présageait rien de bon.
 
_ Bizarrement le sarcasme de cette vieille grand-mère t'as pas trop dérangé hier.
 
Elle a hoqueté de surprise et s'est tout de suite transformé en une petite tomate, ça m'a donné d'ailleurs des flashbacks de la veille, les led rouges lui allaient bien au teint. Mon sourire s'allongea face à son attitude affolé, et j'ai levé un sourcil l'air de dire «Tu parles beaucoup moins maintenant » et en effet elle n'avait rien répondu. Ses yeux se sont détournés de moi et elle a tiré une taffe sur sa cigarette. 

Comme pour me narguer, ses lèvres à la forme des vagues se sont enroulées comme un tourbillon de mer autour de la cigarette et elle a aspiré tout le tabac qu'elle pouvait contenir avant de le relâcher en une pluie de fumée, qui emplissait le Van d'une odeur qui me rendait addict d'elle. Je savais que cette cigarette n'était qu'un prétexte pour m'éviter, et pour la première fois je la trouvais raisonnable de me fuir ainsi. À vrai dire depuis l'enfance, nous ne nous sommes jamais fréquentés, Catalena a toujours été l'intermédiaire entre nous, mais plus le temps passe plus j'ai l'impression qu'elle a juste été un obstacle, parce qu'à chaque fois qu'elle n'est pas dans les parages des bêtises arrivent.
 
Catalena où es-tu évite-moi une bêtise ! Une énorme bêtises qui me coûtera beaucoup, une bêtise bien plus fatale que celle qui est arrivé la veille.
 
La chaleur m'étouffait dans ce Van et les sueurs qui perlaient sur mon corps n'arrangeait en rien cela. Même la douche à l'eau froide de tout à l'heure n'avait rien arrangé. C'était juste invivable, respirer était devenu aussi pénible que de faire un effort physique. 

Elle a jeté le mégots dans un verre à côté d'elle et désormais ses mains étaient nu. Quelques centimètres seulement me séparait d'elle, elle était assise de l'autre côté du véhicule, en tailleur sur le matelas en face et le dos calé contre la parois. De temps à autre elle prenait son téléphone pour pianoter, un message je suppose, puis le reposait et perdait son regard dans n'importe quel recoin du véhicule sauf dans mes yeux. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de me perdre en elle, je n'arrivais même pas à être aussi fort qu'elle et à détourner les yeux d'elle. Ce n'était pas bon du tout.