Chapitre 1

954 131 135
                                    

Les yeux baissés sur mes mains jointes, je n'ose les relever. J'ai déjà pu admirer, pendant ce qui m'a semblé des heures, la pièce austère dans laquelle les flics m'ont bouclée et croyez-moi, un bon coup de neuf ne serait pas du luxe !

A croire que l'Etat a fait exprès de créer des salles d'interrogatoire sombres et fraiches aux couleurs ternes et aux sièges inconfortable afin que les méchants voyous avouent plus rapidement leurs méfaits. N'empêche, malgré tout ça, les mots ont du mal à quitter ma bouche. Ils s'entremêlent dans mon crâne en une guirlande informe dans laquelle je peine à en distinguer les lettres, alors comment sortir une phrase complète sans cafouiller ?

— Mademoiselle Delacour, nous n'avons pas toute la journée ! S'exclame le lieutenant Grognon.

En réalité, il ne s'appelle pas comme cela, bien entendu mais son air revêche et le ton qu'il emploi pour m'adresser la parole lui vaut ce petit surnom, non ?

Je croise brièvement son regard et au fond de ses yeux, je décèle de la désapprobation, en même temps, il n'allait tout de même pas être amusé par une nana qui a kidnappé un type si ?

Quoique, quand je lui aurait tout déballé, ainsi qu'au lieutenant Sexy, le deuxième policier chargé de m'interroger est vraiment hot ! je parie qu'ils vont bien se bidonner à un moment donné, parce que cette histoire est plutôt comique. Enfin, ce n'est que mon avis personnel.

— Mademoiselle Delacour, dit lentement le lieutenant Sexy, nous vous écoutons.

— Euh... C'est une longue histoire vous savez ?

— On a tout notre temps, réplique le lieutenant Grognon, en croisant les bras sur sa poitrine.

Je réprime une envie de lever les yeux au ciel, pas sûr que ça plaise au lieutenant Grognon.

— Bon, bafouillé-je en jouant avec mes doigts, pour bien comprendre ce qu'il m'est passé par la tête, je dois tout vous raconter depuis le début.

Les yeux fixés sur mes mains, je commence lentement à leur conter la mésaventure qui m'a conduite a passer le réveillon de Noël dans un poste de Police.

— Le mariage qui a eu lieu aujourd'hui, c'est celui de mon ex-fiancé.

— Pardon ? Vous avez fait ça uniquement pour ruiner le mariage de votre ex ? S'exclame le lieutenant Grognon.

Vous voulez savoir oui ou non ?! M'exclamé-je, furieuse d'être interrompue.

Du coin de l'œil, je remarque que le Lieutenant Sexy a dû mal à contenir son hilarité, manifestement, ça l'amuse de me voir tenir tête à son collègue. Ah, les hommes...

Lentement, je reprends, les yeux dans le vague, et replonge dans mes souvenirs.

•••

J'y crois pas.

Sans déconner, à quel moment on se marie en plein mois de décembre ? Le jour - la veille, oui je sais lire une date correctement - de Noël ?
Ça fait des années que ma famille me rabâche que c'est une fête de famille - à laquelle j'aurais volontiers échappée, même pour aller nourrir des chats de gouttières s'il le fallait, mais passons - et maintenant, elle insiste pour que je sois présente au mariage ?
Et pas n'importe quel mariage, celui de mon ex fiancé, avec un homme ! Et quel homme, il est beaucoup plus sexy que moi.

Ok, Margot, respire...

Si j'ai plutôt bien vécue le fait de me faire larguer par mon fiancé à trois mois de notre union, parce qu'il se trouvait être amoureux d'un homme - Bon d'accord, j'ai pas mal picolé avec mes copines, brûlée ma future (et inutile) robe blanche, engloutie des tonnes de glaces agrémentées de cookies, et fuit la gent masculine pendant un an, j'avoue - Je ne suis pas totalement sûre de bien vivre leur mariage. Qui, il faut bien l'avouer, risque fort d'être magnifique avec ces deux apollons amoureux, la neige, les guirlandes et tout le tralala habituels des mariages.

Au secours, il me faut un fiancé pour Noël !Where stories live. Discover now