Chapitre 10

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— Mademoiselle DeLacour, est-ce qu'on peut passer au moment où nous vous avons coincée dans les toilettes de l'hôtel ? soupire le Lieutenant Plus Si Grognon.

Je me retiens de le lever les yeux au ciel, jamais il va me laisser au bout d'une anecdote sans m'interrompre ?  Visiblement non.

— C'est une partie importante de l'histoire, Lieutenant.

Nous échangeons un long regard, le genre de regard duel qui dénoncera le perdant, celui qui le baissera le premier. Il lève les yeux au ciel, exaspéré et je reprends le fil de mon histoire.

•••

— Si t'arrêtais de mater mon magnifique postérieur et que tu me disais ce que nous allons faire, me taquine Bryan, toujours accroupi sous la fenêtre de la cuisine.

Toi et tes muscles allez pousser cette luge jusqu'en haut de la petit montagne, chuchoté-je en écartant les bras, désignant la luge cabossée, telle une présentatrice bimbo d'un jeu télévisé.

Ses yeux s'arrondissent de surprise, avant qu'un éclat rieur, voire enfantin ne les éclairent. Je vois qu'il ne s'y attendait pas et que mon projet l'enthousiasme.

Nous échangeons un sourire, je lui donne la corde de la luge, et en silence... ou presque, puisque ma mère hurle mon prénom à plein poumon, nous nous dirigeons vers la forêt de conifères.

— Alors...

— Alors quoi ? interrogé-je, suspicieuse.

Je me demande juste pourquoi...

Il hésite, et du menton, je l'encourage à poursuivre. Après tout, il mérite bien que je réponde à quelques interrogations.

— Pourquoi c'est si tendu entre Ella et toi ?

Dans le mille... il ne pouvait pas trouver pire comme question. Je reste silencieuse un long moment, si long que Bryan s'arrête en pleine côte et manque de s'étaler dans la neige. Je me marre en le regardant se rattraper avec une main, puis pousse un cri alors que la luge redescend la pente.

Nous nous mettons à lui courir après, comme deux idiots et Bryan lui hurle même de s'arrêter, comme si la luge était animée et allait lui obéir. Finalement, il se jette sur le sol et le nez dans la poudreuse il arrive à attraper la corde en hurlant :

— Enfin ! Je t'ai eue, ahahah !

Je m'arrête et le fixe un instant avant d'éclater de rire à m'en faire mal aux côtes. Ce mec est dingue !
Bryan se relève avec difficulté et nous reprenons la montée de la petite montagne.

— Tu ne m'a toujours pas répondu, tu sais ?

Mince ! Je pensais qu'il avait zappé...

Je grimace et le fusille du regard avant de soupirer. Après tout, je lui dois bien des réponses alors que je l'ai abandonné aux griffes de Margot senior.

— Ma soeur a toujours été la meilleure. De meilleures notes, meilleures fille... aux yeux de ma mère en tout cas. Elle a un super job qui rapporte bien. Et elle a donné à mes parents un petit-enfant. Ce qui est la cerise sur le foutu gâteau qu'est sa parfaite vie. De plus, chaque homme que ma soeur a présenté à nos parents étaient super cool, super sympa, super beau... tu vois le topo ?

— Ok... mais tu es aussi une fille géniale non ? Tu as beau m'avoir kidnappé à la base, tu m'as relâché, c'est donc que tu dois avoir un bon fond. Genre, bien caché tout au fond de ta folie tu vois ?

Il me sourit et le creux dans mon ventre qui est apparu alors que je parlais d'Ella, s'allège. Avec ce sourire, j'suis sûre qu'il pourrait faire fondre la neige plus vite que le soleil.

Au secours, il me faut un fiancé pour Noël !Where stories live. Discover now