14th episode - [Remind]

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À Chifuyu :
Tu peux me redonner l'adresse ?

De Chifuyu :
L'entrepôt désaffecté du Toman à l'Est de Shibuya.꙳
De Chifuyu :
Mais t'as le temps, y a sone-per pour l'instant.

Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean mais ne ralentis pas mon allure pour autant. Les rues du quartier sont bondées en ce samedi après-midi et si je ne veux pas me retrouver totalement bloquée derrière d'autres personnes, je dois maintenir la cadence. Et puis, j'ai quand même pas mal de temps de trajet et si je veux y arriver avant la tombée de la nuit je dois me grouiller.

Mes baskets frappent le trottoir au rythme de la musique qui défile dans mes écouteurs. Les bruits de la ville persistent tout de même en fond et je peux entendre quelqu'un derrière moi m'interpeller :

— Hé la miss ! Attends !

Tiens, tiens. Un relou.

Je me retourne lentement et ne manque pas de le fusiller du regard. Le sien s'ancre dans le mien pendant quelques secondes avant de s'abaisser vers une des fermetures de ma veste. Son visage change d'émotion en un clin d'œil lorsqu'il lit ce qui est écrit sur la petite étiquette noire en tissu : « TOKYO 卍 KAI꙳ ». Profitant de l'opportunité, un sourire moqueur se forme sur mes lèvres.

— Tu voulais ?

— Euh... Non, rien...

C'est à son tour de se retourner pour faire demi-tour. Je rigole en le regardant repartir. Je ne pensais vraiment pas dire ça un jour mais, pour m'avoir sauvée dans cette situation : merci à moi-même d'être au Toman.

Je reprend mon chemin vers ma destination après avoir jeté mon verre Starbucks dans une poubelle. Cependant, je n'ai même pas le temps de dépasser le feu tricolore qui se situe au bout de la rue que l'on m'interpelle pour la deuxième fois en même pas cinq minutes – on bat des records mesdames et messieurs :

— Ça te dis de monter ma belle ?

Une fois c'est drôle. Deux fois c'est lourd.

Arrêtée au passage pour piétons, je tourne la tête vers la route pour connaître le deuxième relou du jour.

Surprise lorsque je tombe finalement sur le visage joyeux de Takashi. Ma réaction a l'air de l'amuser puisqu'il lâche un rire franc avant de me designer la place derrière lui :

— Allez viens, tu me fais de la peine à marcher !

Sa remarque me pique légèrement dans mon orgueil. J'aurais très bien pu retourner chez moi pour prendre ma moto mais j'ai choisi d'y aller à pied. J'avoue que j'ai un peu eu la flemme de faire l'aller-retour entre le carrefour Hachikō et mon appartement. Mais au final ça aurait sûrement été plus rapide.

— T'es con Taka' ! Tu m'as fait peur... Heureusement que c'est toi. Si ça avait été quelqu'un d'autre je l'aurais démarré bien comme il faut, lui dis-je alors qu'il redémarre sa moto.

— Ahah. Tu m'appelleras ? J'aimerais bien être là le jour où ça arrivera ! me taquine-t-il en doublant une voiture à sa droite.

— Rigole. Mais ça risque d'arriver bien plus tôt que prévu, l'avertissé-je totalement sérieuse. Et roule plus vite ! Y a qu'une vitesse sur ta bécane ou quoi ?

— Comment ça « roule plus vite » ?! On est pas tout seul sur la route je te signale ! Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Son Impulse vacille lentement de gauche à droite pendant quelques mètres mais finit par retrouver son équilibre lorsque j'en prends les commandes. Je vous ai déjà dis que j'étais très adroite ? Un petit exercice de contorsion plus tard et je me retrouve les mains sur le guidon.꙳

𝑨𝒏 𝒂𝒏𝒈𝒆𝒍 𝒘𝒊𝒕𝒉 𝒂 𝒔𝒉𝒐𝒕𝒈𝒖𝒏Où les histoires vivent. Découvrez maintenant