Party Favor - minsung

7.

— Bon, nous on va y aller ! Bonne soirée tout le monde !

— Bonne soirée les amoureux.

— Yah Hyunjin ! Tu veux vraiment te le prendre dans le nez ? s'écria Changbin, lui présentant son poing serré.

Felix rit de leurs éternelles querelles puis captura de ses deux mains le bras de son ami, le tirant gentiment vers lui. Ils firent un dernier signe de la main aux autres garçons avant de repartir sur leur route. Bien qu'il puisse laisser le bras de Changbin partir, puisque désormais il le suivait, le blond n'en fit rien. Ils marchèrent donc ainsi collés, le noiraud faisant tout son possible pour ne pas noter ce détail dans sa mémoire et pour continuer la conversation comme si de rien n'était.

Ce samedi était parmi ceux calmes, où aucune soirée n'était prévue pour le soir. Ils étaient plus fréquent que cela ne paraissait, mais ce jour-ci, Felix avait proposé à Changbin que ce dernier vienne dormir chez lui, après leur après-midi entre amis. Il avait bien entendu accepté, heureux de pouvoir passer du temps en tête à tête avec son cadet.

Le noiraud ne saurait pas dire à quel moment il avait commencé à avoir des sentiments pour Felix. Ce petit blond était apparu dans sa vie comme un rayon de soleil dans la nuit, l'aidant alors qu'il ne le connaissait pas et qu'il aurait pu laisser cet intrus se débrouiller seul, comme il l'aurait sûrement mérité. Pourtant, il avait délaissé son groupe d'amis, la soirée et tout ce qu'il avait prévu pour aider cet adolescent fort alcoolisé. Aidé tout de même par Jeongin, ils l'avaient emmené dans sa chambre et s'alternaient, vérifiant qu'il ne s'étouffe pas dans son sommeil. Le lendemain, Felix avait gentiment expliqué la situation à Changbin, sans jamais le blâmer de quoi que ce soit. Le noiraud ne s'en était senti que plus coupable, regrettant cet élan qui l'avait pris de s'introduire chez un inconnu pour le seul prétexte qu'il avait envie de faire la fête. Une fois rentré chez lui, il avait envoyé un message privé sur Instagram au blondinet pour le remercier et s'excuser une nouvelle fois. Le plus jeune lui avait répondu dans la seconde, lui disant que ce n'était rien et qu'il préférait cela plutôt que d'avoir à s'occuper d'un cadavre. Il avait ensuite enchaîné avec un second message, dans lequel il l'invitait à une soirée le samedi d'après, cette fois-ci dans la maison d'un certain Hyunjin. « Comme ça, tu n'auras pas besoin d'être dans l'illégalité, cette fois », avait-il précisé. Ils s'étaient alors revus le samedi suivant, puis celui d'après, se parlant en parallèle par messages. Au bout de trois soirées communes, Felix avait ajouté Changbin dans un groupe de messages où l'on trouvait Felix et les quatre autres fêtards. Ils étaient alors devenus son second groupe d'amis, un groupe dans lequel il pouvait se lâcher, explorer une autre partie de sa personnalité. Bien sûr, il aimait Chan et Minho de tout son cœur, ils étaient pour lui des amis très précieux, mais ils n'avaient pas son goût pour le lâcher-prise, pour l'amusement. Il pensait parfois qu'ils ne pourraient jamais comprendre ça chez lui.

Dans ce groupe de six, il restait le plus proche de Felix. Le plus jeune était si abordable, si gentil, si tactile. Il le prenait souvent dans ses bras, lui prenait la main, le câlinait sans raison particulière, parfois devant tout le monde. Si, au début, Changbin avait été plutôt gêné par ces démonstrations affectives, il s'y était vite habitué, même plus que ça. A partir d'un certain moment, les gestes du plus jeune ne lui paraissaient plus anodins. Il les notait à chaque fois, remarquait les sensations qui se créaient dans son corps par ces simples touchés. Et puis sont venues les questions : Felix était-il comme ça avec tout le monde ? Voyait-il Changbin de la même manière que ce dernier le voyait ? Pouvaient-ils être plus qu'amis, malgré tout ce qui semblait les séparer ? Malgré leurs âges, leurs centres d'intérêts, leurs avenirs... tout différait.

Un jour, il le lui dirait. Il lui dirait tout ce qu'il ressentait pour lui dès qu'il posait ses yeux sur son visage souriant, tout ce qui se bousculait dans sa tête dès qu'il laissait ses pensées s'échapper pour aller à sa rencontre. Il lui dirait combien il était effrayé qu'il ne puisse pas partager ses sentiments, comme il avait peur de se ridiculiser. Il lui avouerait tout ça, c'était sûr. Mais quand, ça, il n'en savait rien. Il attendait le bon moment sûrement. Le moment où son cœur serait trop gonflé, où il ne pourrait plus rien retenir, où ses sentiments exploseraient. Le moment où tout serait trop pour qu'il ne puisse encore tout contenir.