Coup de foudre pour un criminel !

23.

Clara regarde sa montre. Jo ne va pas tarder. Elle est assise à une table d'un restaurant thaïlandais où le livreur l'a invitée. Elle se surprend à attendre son arrivée avec une impatience grandissante. Enfin, une figure couverte de taches de rousseur fait son apparition dans le restaurant. Lorsque Clara croise son regard, il sourit de toutes ses dents, réchauffant ainsi le cœur de la jeune femme.

- Désolé pour l'attente, lance-t-il en s'asseyant en face d'elle. J'ai eu un petit soucis avec ma bat-mobile.

Clara sourit. Sa « bat-mobile » est en fait une vraie boîte de conserve ambulante, datant du début des années quatre-vingt dix.

- Que s'est-il passé ? demande-t-elle.

- Il semblerait que le moteur ne supporte plus la vitesse. Il a failli exploser alors que je passais la deuxième.

La jeune femme se retient de rire. Elle voit bien que Jo tient à sa boîte de conserve. Elle commande une bouteille de cognac. Lorsque le serveur l'apporte, elle s'exclame.

- Eh bien, portons un toast à l'âme de la bat-mobile !

Elle sert deux verres.

- À la bat-mobile ! répète Jo en vidant son verre.

Tous deux rient. Comme la vie semble facile aux côtés du livreur.

Lorsque leurs plats arrivent, Clara déclare :

- Il faut qu'on décide de ce qu'on va faire.

- Hum ? répond Jo la bouche pleine.

Réprimant un sourire car de la sauce barbouille le coin de ses lèvres, elle poursuit.

- Au sujet d'Alessandro Armandi. Qu'allons nous faire ?

Jo lève la tête d'un air surpris. Il a visiblement oublié cette histoire.

- Ah, oui ! dit-il. Tu comptais faire quelque chose ? Je pense que Mila est suffisamment persuadée de son innocence pour que nous le soyons aussi, non ?

Clara boit une gorgée de cognac, puis secoue la tête.

- Détrompe-toi, je crois au contraire que Mila a découvert quelque chose.

- Qu'est ce qui te fait dire ça ?

- Disons qu'elle semble absente ces dernières semaines. Je suis passée la voir il y a une quinzaine de jours pour m'excuser de l'enquête que nous avons menée. J'ai tout de même essayé de glisser quelques allusions au fait qu'Alessandro est dangereux. Elle n'a pas tenté de le défendre cette fois. Rien à voir avec l'autre jour où elle est sortie de ses gonds lorsque nous sommes allés à son animalerie ! De plus, elle semble avoir coupé les ponts avec lui.

Jo réfléchit.

- Donc tu penses qu'elle cache quelque chose ?

- Oui je le pense. Et je m'inquiète vraiment pour elle. Si ça se trouve, c'est lui qui l'a contrainte au silence !

Le livreur examine cette possibilité puis déclare :

- Si c'est le cas, Mila est sûrement en danger ! Peut-être que nous devrions aller dire à la police ce que nous avons vu et entendu.

- Je suis d'accord, si Mila ne peut pas le dénoncer, nous le ferons. Nous irons demain. En attendant, ajoute-t-elle avec un sourire, pourquoi ne pas profiter de la soirée ?

Le lendemain, de retour du commissariat, Jo raccompagne Clara chez elle.

- Bon, j'y vais moi, dit-il lorsqu'ils sont en bas de l'immeuble.

- Ah non, tu montes prendre au moins un café !

Le sourire de la jeune femme est si craquant que le livreur ne peut qu'accepter.