PROLOGUE

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Cela fait une bonne demi-heure que je suis enfermée dans la salle de bain, assise dans la douche à l'italienne, les jambes remontées contre ma poitrine, les bras entourant mes genoux, mon téléphone fortement serré dans ma paume de main. Je ne peux empêcher mes larmes de couler sur mes joues rougies. Mes yeux sont gonflés et mon souffle est court... Je suis à peine vêtue d'une culotte et d'un débardeur que j'ai enfilé à la va vite et j'ai terriblement froid sur le marbre blanc.

Gabriel s'est endormi et je l'entends ronfler très fortement dans la pièce à côté. La soirée a une fois de plus été compliquée. Mon petit-ami est de passage à Londres où je suis actuellement en tournage et nous devions retrouver certains de ses amis dans un restaurant branché dans le quartier de Soho. L'ambiance aurait dû être chaleureuse et décontractée. Je m'étais fait belle pour Gabriel, trop heureuse de le voir après ces longues semaines de séparation. Mais c'est à peine s'il m'a regardée et s'il a fait attention à moi de toute la soirée.

Encore une fois, nous nous étions disputés juste avant de quitter l'hôtel. Je m'étais donc promis de tout faire pour le satisfaire ce soir et ne pas envenimer les choses pour le peu de temps où il serait de passage dans la capitale anglaise. Mais il m'a totalement ignorée, préférant rire avec exubérance aux plaisanteries de ses amis ou faire de l'oeil, sans se soucier que je sois présente ou non, aux bimbos qui nous accompagnaient. Et moi comme à mon habitude, je me suis tue. J'ai accepté.

Alors j'ai attendu, en silence, que ce long diner se termine. Je n'ai même pas osé regarder mon téléphone de tout le repas. J'avais bien trop peur que Gabriel me voit, se fasse des idées et pense que je discutais avec un autre que lui... Et pourtant j'en avais très envie, et au fond de moi, j'espérais recevoir un message de sa part à lui... L'objet de notre dispute.

Après le repas, le petit groupe que nous étions s'est dirigé vers un club très à la mode de la capitale à quelques pas du restaurant. Gabriel et ses amis adorent faire la fête contrairement à moi qui ne suis pas très à l'aise dans ce genre d'endroit. Mais pour Gabriel, j'accepte une fois encore.

Le club était bondé. La musique était bien trop forte et des femmes dansaient déjà de manière très aguicheuse, trop légèrement vêtues, sur des estrades dressées en plein milieu de la foule. Nous avons été installés dans le carré VIP et une nouvelle attente très longue, de plusieurs heures, à commencer pour moi. L'alcool coulait à flot et la drogue a finit par faite son apparition aux alentours de deux heures du matin. Comme toujours, j'ai d'abord refusé de prendre part à leur jeu et comme toujours j'ai finis par me laisser entrainer...

Vers cinq heures du matin, un taxi est venu nous récupérer pour nous raccompagner à l'hôtel Gabriel et moi. J'étais dans un état second. Je n'ai pas bu une seule goutte d'alcool mais la petite pilule que Gabriel m'a fait prendre a complètement endormi mon corps et mon cerveau et je ne répondais quasiment plus de rien.

Arrivés dans la chambre, Gabriel m'a plaquée contre le mur et a commencé à m'embrasser avec fougue, me tenant avec force dans ses bras. J'ai tenté de le repousser une première fois mais il était trop fort. Je me suis laissée faire.

Ses mains ont commencé à se balader sur tout mon corps. J'ai une nouvelle fois tenté de me dégager de son emprise mais il me retenait trop fermement. Je me suis laissée faire.

Sans vraiment savoir comment, je me suis retrouvée sur le lit, son corps sur le mien, sa bouche contre ma bouche, ses mains partout sur moi. Je lui ai dis que je ne voulais pas, mais lui voulait... Alors je me suis laissée faire...

Il est retombé épuisé sur le lit pendant que je gisais immobile sur les draps propres et soyeux, le corps meurtri et tremblant. Mon cerveau s'est éteint. Mon corps a cessé de fonctionner. J'ai arrêté de ressentir... Je l'ai laissé faire...

La respiration forte et les ronflements de Gabriel m'ont sortie de ma torpeur et c'est péniblement que j'ai finis par me réfugier dans la salle de bain, remettant mon sous-vêtement et mon débardeur pour couvrir ce corps agressé. J'ai récupéré mon téléphone machinalement, sans vraiment savoir pourquoi. Je me suis enfermée à clé et je me suis assise à même le sol. Et j'ai attendu...

J'ai attendu comme ça de longues minutes... Je ne saurai dire exactement combien de temps.

Je me suis laissée faire... Je n'aurais jamais imaginé que Gabriel puisse me faire ça... Mais j'imagine encore moins que j'ai pu le laisser me faire ça. Je m'en veux terriblement. Je me dégoute. J'ai été faible comme à chaque fois que je suis avec lui. J'ai été lâche.

Je continue de serrer mon téléphone dans mes mains tellement fort que je sens mes doigts s'engourdir. Je n'ai même pas jeté un coup d'oeil à l'écran depuis le début de la soirée. Cela fait des heures que je veux l'appeler. S'en est presque viscérale... Mais je sais que je ne dois pas... Ce ne serait pas correct sachant que Gabriel dort juste à côté. Mais j'ai envie d'entendre sa voix... J'en ai besoin...

Mon corps prend alors le dessus sur mon cerveau et je cherche dans mon répertoire son nom. J'appuie sur le téléphone vert et place le portable contre mon oreille. La tonalité résonne plusieurs fois avant que quelqu'un ne décroche.

- Louise ? Il est affreusement tôt ! Pourquoi m'appelles-tu ?

Aucun son ne sort de ma bouche. Une boule immense s'est formée dans le fond de ma gorge au moment où j'ai entendu sa voix grave et rassurante.

- Louise ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce... Est-ce que tu pleures ?

Je ne tiens pas une minute de plus et explose en sanglot partant dans une véritable crise de larmes incontrôlables. Mon coeur s'accélère et ma respiration devient très difficile, saccadée.

- Dis-moi où tu es ! Je viens te chercher...

TRAQUÉE | • Tom Hiddleston •Donde viven las historias. Descúbrelo ahora