Chapitre 1 : Parce que tout ne se passe pas toujours comme prévu

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J'entends enfin la porte d'entrée claquer, mais je ne suis pas assez consciente pour me relever et monter dans ma chambre. C'est toujours le même cauchemar qui recommence, sauf que ce n'est pas un cauchemar, mais la réalité. Une réalité si dur que parfois j'espère juste que je vais me réveiller. Je m'endors, complément nu sur le parquet de l'entrée, le corps meurtri pour la énième fois.

Je suis réveillée par mon téléphone dont le réveil sonne dans mon sac. Je me redresse, tremblante, et attrape mon sac, d'où j'extirpe mon téléphone afin d'en arrêter le réveil. Je couvre mon corps de ma main avant de me relever et de jeter un coup d'œil dehors. Je soupire de soulagement quand je me rends compte que sa voiture n'y est pas et me dépêche de monter avant que ma sœur ne soit réveillée. Je ne veux pas qu'elle tombe sur moi dans cet état. En haut, je me faufile sous la douche et ferme les yeux, laissant mon corps meurtri se détendre sous le jet brûlant. J'y passe un long moment, n'ayant pas envie de sortir, puis finis tout de même par le faire. Je ne souhaite pas arriver en retard à l'école, surtout qu'il faut que j'accompagne Eva au collège avant. Une serviette dans les cheveux et une autre autour du corps, je me rends devant mon armoire et y prend mes vêtements. Vêtue d'une blouse blanche, un jean slip bleu foncé et d'escarpins blancs, je me sèche les cheveux laissant mes boucles brunes tombaient librement jusqu'en bas de mon dos. J'entoure mes yeux de noirs et mets du mascara après mettre démaquillée. Prête, je descends dans la cuisine, où je découvre Éva assise à l'îlot de la cuisine. Elle pose son regard soucieux sur moi, alors que je lui serre un réconfortant factice.

- Tu as bien dormi ? L'interrogeais-je comme si je ne savais pas qu'elle était au courant, malheureusement.

- Ça va.

Elle ne me retourne pas la question, sachant déjà que mon "oui" sera tout ce qu'il y a de plus faux. Je me serre simplement un verre de jus d'orange, incapable d'avaler quoi que ce soit d'autres. Puis je me tourne vers ma sœur en buvant une gorgée du verre que je tiens dans les mains.

- Tu finis à quelle heure ce soir ?

- 17h et toi ?

- 17h30. Tu viens me rejoindre devant mon lycée.

- Bien sûr Tess.

- Parfait. On ferrait mieux d'y aller.

Elle hoche juste la tête et on sort de la cuisine après que j'ai vidé le reste de mon jus d'orange dans l'évier. En sortant, je prends mon sac dans l'entrée et nous voilà parti. Eva met sa musique sur le trajet, et je la regarde, pensive. Les choses ont tellement changé en deux ans. Parfois j'aimerais pouvoir remonter le temps pour tout changer, pour que ça redevienne comme avant, mais je sais que je ne peux pas le faire. Je peux juste me souvenir, parce que c'est tout ce qu'il me reste avec Eva. La voix de ma soeur, que je croyais entrain d'écouter de la musique, me sort de mes pensées bien trop noir.

- Tu crois que si papa était toujours là, les choses seraient différentes ?

Je regarde ma soeur et le remords me prend. Si seulement je pouvais lui dire la vérité. Mais malheureusement je ne peux pas. Pour elle, je dois garder le secret. Elle a déjà et souffre encore beaucoup trop pour ça.

- Bien sûr, je mens avec un sourire tout ce qu'il y a de plus faux.

- Il me manque tu sais.

- Je sais.

Son regard se perd devant nous, et je vois un sourire illuminait son visage alors qu'elle se rappelle, ce qui me brise un peu plus le cœur. On arrive enfin devant son collègue, ce qui me permet d'échapper à cette discussion qui devenait beaucoup trop pesante pour moi. Je l'embrasse sur la joue et lui souhaite une bonne journée avant de partir rejoindre mon lycée, qui n'est pas loin. Arrivée devant, je retrouve Violine, ma meilleure amie depuis toujours. Elle sait tout de moi, sauf la seule chose qui me fait beaucoup trop honte pour que je puisse lui dire quoi que ce soit. Enfin, je devrais plutôt dire les deux choses. Elle me prend dans ses bras, et je ne peux retenir la grimace qui s'affiche sur mon visage quand elle me presse contre elle, appuyant sur les multiples bleus que cache ma blouse. Pourtant, quand elle s'éloigne, c'est un magnifique sourire entièrement faux qui étire mes lèvres comme si de rien n'était.

La liberté de l'oiseauWhere stories live. Discover now