*Brûle*

Il ne restait que le silence. Automne était encore inconsciente. Pas que son corps avait besoin de récupèrer, non, il l'avait déjà fait depuis un moment. C'était comme si sa tête ne voulait pas se réveiller, qu'elle voulait accorder à Automne autant de paix possible.

Erwin avait demandé à Livaï de veiller sur elle quand il avait un peu de temps libre. A chaque fois qu'il venait, il entendait sa respiration calme, il voyait son visage adoucie, vulnérable. Il voyait le soleil se coucher sur elle et il ne pouvait s'empêcher de craindre le moment où elle se réveillerait.

Hansi avait insisté pour que Livaï l'accompagne voir Affée, elle disait qu'il était un visage ami qui lui ferait du bien de voir. Alors Livaï avait accompagné Hansi voir Affée lui annoncer la terrible nouvelle. Sous le choc, elle ne pleura pas. Elle demanda tout de suite à voir Automne, s'inquiètant pour elle. L'idée de lui en vouloir ne lui traversa pas la tête, elle était sincèrement inquiète. Et ensemble, elles pourraient traverser cette épreuve. C'est avec gêne qu'Hansi lui répondit qu'Automne ne s'était pas réveillée. Affée voulut elle-même la voir. Les médecins durent la retenir.

Et quand Livaï revint voir Automne le lendemain, elle était assise sur son lit, silencieuse, regardant par la fenêtre.  Elle se laissait éblouir par le soleil, sans cligner des yeux, pour se cramer les rétines, pour se laver les yeux à l'eau bouillante de ce qu'elle avait vu. Alors Livaï s'interposa entre elle et le soleil. Ses yeux pourtant ne bougeaient pas.

Il resta un moment à la regarder comme ça, sans trouver une once de vie en elle. Et puis elle finit par parler :

-C'est toi qui est venu me chercher, n'est-ce pas ?

-Oui.

Elle cligna longuement les yeux et déglutit. Il sentit qu'il devait dire quelque chose, il en avait même besoin.

-Je suis désolé Automne, si j'étais arrivé plus tôt...

-Non, épargne-moi ça, je n'ai pas envie d'entendre ce genre de choses, le coupa t-elle sèchement.

Bien sûr, aucun mot, aucune excuse, aucun pardon ne pouvait la consoler. Mais elle n'avait pas l'air triste. Elle semblait tellement neutre, vide, Livaï n'arrivait pas à la lire. Il avait besoin de savoir ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait, ce dont elle avait besoin. Lui aussi, la culpabilité le mangeait. Il devait faire quelque chose pour elle, il ne savait pas quoi. Et elle ne disait rien.

-Affée a été prévenue, la prévint-il .

Automne ne réagit pas non plus. Livaï ne savait pas lire ce manque d'émotions. C'était étrange.

-Elle aurait besoin que tu ailles la voir, elle s'inquiète pour toi, rajouta t-il.

Le visage d'Automne ne bougea pas d'un iota mais ses mots furent d'une colère glaciale :

-Pour lui dire quoi ? Qu'ils étaient trop nombreux, que je n'ai rien pu faire ? Me confondre en excuse et pleurer pour qu'elle me pardonne ? Tu crois vraiment que ça changera quelque chose ? Ils sont morts, tous, je n'ai pu sauver personne, voilà tout ce qui compte.

- Elle ne t'en veux pas. Personne ne t'en veux. Tu as fait de ton mieux.

-Oh pitié pas ce discours ! Ça ne te ressemble pas, Livaï. Qui est-ce qui était prêt à sacrifier Affée pour établir un campement il y a quelques semaines ?

-Ce n'est pas la même chose !

Le masque de son visage se brisa, fit transparaître la colère et le désespoir pour la première fois. Elle avait l'air si humaine que c'en était perturbant.

Feuilles D'Automne (Livaï)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora