Chapitre 21

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« - Bien, ton sac est fait ?

- Oui, j'ai récupéré mes affaires et ta mère a eu la gentillesse de laver mes vêtements. Tu la remercieras une fois de plus de ma part, s'il te plait.

- Ne t'en fais pas, elle le saura.

- Aish... Je n'ai tellement pas envie d'y retourner Hwanwoong-ie. »

Dongju soupira tout en s'asseyant sur son lit, ses yeux allèrent se poser sur le mur au vieux papier peint jauni par le temps tandis que ses jambes battirent dans le vide signe de son angoisse. Aujourd'hui, le petit prince retournait au château Tokësor après une fugue de deux semaines. Keonhee était venu à plusieurs reprises afin de prendre des nouvelles de son ami tout en l'informant sur ce qui se déroulait dans les couloirs royaux et, apparemment, les choses ne se portaient guère bien depuis le départ de l'enfant du Lotus.

D'après les nouvelles, le Roi serait pris de profonds remords. L'homme s'en voulait d'infliger une telle chose à son fils, l'obliger à se marier avec un inconnu alors qu'il lui avait promis la liberté lorsqu'on avait soustrait Dongju à ses devoirs de Roi. Le souverain Son aurait voulu que cela puisse se passer autrement, que le dirigeant de Zéphyr finisse par accepter une autre offre que le mariage mais c'était à n'y rien comprendre : le Roi Kim voulait que son fils puisse épouser Dongju.

La Reine, quant à elle, était plongée dans un mutisme inquiétant. Ses journées se passaient dans le patio central du château car, étrangement, des fleurs de Lotus avaient poussé dans le petit étang lorsque son enfant avait fui le domaine. Cet endroit lui apportait un certain réconfort alors qu'elle avait l'impression d'être la pire des mères.

Puis, il y avait Dongmyeong. Le prince tentait de garder la tête haute, son regard se voulait déterminer mais sa fragrance florale le trahissait. Fade, inodore, le parfum d'orchidée du jumeau avait flétri le jour où il avait appris que son double s'en allait loin, très loin, trop loin de lui. La nouvelle du mariage n'avait pas choqué une, mais deux personnes. L'information avait mis un certain temps à remonter à l'esprit du futur souverain qui avait été dans une période de déni quelque temps, presque quarante-huit heures, avant de réaliser qu'il devrait régner bel et bien seul. Son frère, son jumeau, son bras droit ne serait plus là.

« - Dongmyeong doit m'en vouloir, se morfondit Dongju.

- Il doit plus être inquiet pour toi qu'en colère, tu le sais très bien.

- Oui mais... Je suis parti sans prévenir. Je l'ai laissé tout seul après la nouvelle et... Et il a dû s'occuper sans moi de l'enterrement de Giwook. »

Les yeux larmoyants, Dongju se souvint encore du matin où Keonhee était arrivé avec une mine grave dans la maison Yeo en annonçant que l'ami d'enfance des deux princes avaient finalement trépassé après onze ans de coma. Le fils de Lotus s'en était un peu douté, son cœur avait ressenti cette cassure interne, mais il l'avait ignoré préférant nier cette vive affliction plutôt que de l'accepter. Aujourd'hui, le fugueur retournait au palais pour diverses raisons et Giwook en était l'une d'elle.

« - Dongmyeong te pardonnera Dongju-ssi, lança Keonhee en pénétrant la pièce avec son doux sourire. Il n'a qu'une hâte, te revoir. Si tu le voyais me harceler à chaque fois que je retourne au château.

- Parce qu'il sait qu'on se voit ?

- Dongju... Tu penses réellement que ton frère est si bête ? Bien évidemment qu'il se doute que je te rends visite presque tous les jours. Je suis même certain qu'il sait que tu es chez Hwanwoong. »

L'Amiral s'agenouilla devant son ami tout en lui ébouriffant les cheveux dans un geste réconfortant. Les mèches platines de Dongju avaient perdu en éclat, ses racines brunes faisaient déjà quelques centimètres et sa chevelure tombaient maintenant en dessous de ses omoplates. Ce séjour hors du palais avait métamorphosé le jeune prince qui se trouvait affreusement amaigri, ses rares muscles ayant fondu à cause de la sous-alimentation malgré le fait que madame Yeo forçait le noble à se nourrir. Hélas, c'était peine perdue. Le jumeau n'arrivait pas à ingérer le moindre aliment sans vomir les minutes suivantes. Sa gorge était si nouée, son estomac tant retourné et son esprit tellement tourmenté que son corps refusait toute alimentation : c'était comme si quelque chose poussait le prince à se laisser dépérir.

Kingdom {Oneus} Where stories live. Discover now