À bout de force - Redemption (autoedition sortie le 04/11/2021)

2. Debbie

De nos jours - 26 août

Ma montre vibre à mon poignet m'annonçant qu'il est temps de me lever. Aujourd'hui est un grand jour, on m'attend au New York Times pour ma première journée. Je suis tout à la fois stressée et complètement excitée. Jamais, je n'aurais pu croire qu'un tel journal, à la réputation internationale, m'accepte dans leur équipe. Espérons que je n'y aille pas seulement pour servir le café à des journalistes qui se la pètent plus haut que leur cul.

Je m'extirpe le plus silencieusement possible du lit pour ne pas réveiller Killian. Un coup d'œil sur lui, et mon rythme cardiaque s'emballe. La lumière du soleil qui se reflète dans ses cheveux le fait ressembler à un ange. Deux ans et demi que je suis avec lui et pourtant il me fait toujours le même effet, les papillons qui s'envolent dans mon ventre alors que je le contemple en sont la preuve irréfutable. Malgré ce que nous avons traversé, je reste persuadée qu'il est l'homme de ma vie. Après son retour de Boston, nous nous sommes séparés durant une semaine. Comment aurais-je pu rester avec lui après ce qu'il m'a fait ? Au cours de ces quelques jours, j'ai essayé de le remplacer, en batifolant avec d'autres gars. Que dire à part que ça a été un échec cuisant ?

Tu sais que tu t'engages sur une pente dangereuse là !

Ma conscience a totalement raison, il est hors de question que je dérive sur ce passé. Depuis longtemps, je barricade les souvenirs de cette journée à double tour dans mon esprit et cela doit continuer. Si je n'y prête pas attention, je risque de chuter dans des méandres obscurs, desquels je serais incapable de m'extraire.

La sonnette de l'interphone m'aide à détourner mon attention. Un coup d'œil sur ma montre m'indique qu'il est à peine neuf heures. Qui peut bien débarquer aussitôt ? Le facteur ? Peut-être, bien que j'en doute. Poussée par ma curiosité légendaire, je m'habille à la hâte et quitte la chambre. Logan est déjà à la porte quand je rejoins le salon. Au moment où il l'ouvre, je constate que notre visiteur n'est autre que son ex. Qu'est-ce qu'elle fait ici aussi tôt ? Bien que mon frère m'ait assuré qu'il n'y avait rien entre eux, du moins pour sa part, et que je lui fais totalement confiance, je déteste la voir traîner dans ses pattes. Je ne suis pas stupide, j'ai bien vu samedi comment elle le dévorait des yeux. Elle est encore amoureuse de lui, ça ne fait aucun doute. On pourrait croire que j'assure les arrières de ma meilleure amie si je suis aussi méfiante, la vérité est, malheureusement, toute autre. Je n'aime pas les rousses, et pour cause...

Deb, Deb, Deb. On a dit pas de retour dans le passé, me réprimande ma conscience, à raison.

Un masque implacable sur le visage, je m'avance vers eux, colle une bise sur la joue de mon frangin, avant de saluer son ex d'un signe du menton.

— Qu'est-ce qu'elle fout ici ? demandé-je d'un ton dédaigneux en la fixant avec mépris.

Ma façon de parler d'elle n'est pas vraiment correcte, mais qu'y puis-je ? C'est sûr, je ne la connais pas, elle est peut-être super sympa et tout et tout, mais elle me rappelle un peu trop l'autre conne. Alors si elle pouvait partir le plus vite possible, ça m'arrangerait bien, parce que je ne suis pas certaine de pouvoir garder mes horreurs enfermées derrière leur porte en acier si elle rôde dans les parages.

— Ton frère aimerait que je peigne sa chambre et celle de son fils, me répond-elle.

— Vraiment ? Et combien d'heures, as-tu l'intention de passer dans la chambre de mon frère et de sa future femme ?

J'insiste bien sur les trois derniers mots pour lui rappeler que mon frère n'est pas célibataire et que dès que Lucy sera ici, il l'épousera. Son regard se voile de tristesse, avant que Logan me rappelle à l'ordre en faisant claquer sa langue contre son palais d'agacement. Il attrape mon bras et m'entraîne dans la cuisine sans que je ne puisse protester.