4. Debbie

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Deux ans plus tôt - 3 septembre

Quinze jours que je n'ai plus aucune nouvelle de Killian. Juste un mot. Un simple mot pour me dire qu'il partait. Rien de plus. Même pas un dernier baiser, ni un simple au revoir. Non, il est parti en plein milieu de la nuit, alors que je dormais.

Chaque jour, je lis et relis ces quelques lignes pour tenter de me raccrocher à sa dernière phrase, celle qui me dit combien il m'aime et qu'il reviendra très vite, afin de ne pas sombrer dans le désespoir. Plus le temps passe et plus la souffrance, nichée, là, dans mon cœur, devient insupportable. Je n'avais plus que lui et il s'est enfui comme tous les autres, me laissant seule, avec cette simple tristesse pour compagne.

Logan est désormais à l'autre bout du pays et se fiche pas mal de ma vie. Il a bien assez de sa souffrance à gérer, pour avoir en plus à consoler sa petite sœur.

Quant à Lucy, elle me parle à peine. Les rares fois où je l'ai au téléphone, j'ai la drôle impression qu'elle veut mettre de la distance entre nous. Je suppose que je dois trop lui rappeler mon frère. Notre amitié semble être gâchée à cause de leur rupture. Pour être honnête, je devrais plutôt dire à cause du monstre qui lui a servi de beau-père et qui a tout fait foirer entre Logan et elle.

Désormais, ce type se trouve sous les barreaux et je peux dire que lorsque mon père me l'a annoncé, j'ai presque sauté de joie. Pour moi, ça signifiait le retour de ma meilleure amie dans notre vie. Je l'espérais de tout mon cœur, de toute mon âme. Logan n'a pas été le seul à avoir été brisé par ce départ précipité. Pour moi aussi ça s'est avéré très difficile. Heureusement, Killian était là et grâce à lui, j'ai pu avancer.

Je me suis trompée sur toute la ligne. Lucy n'est jamais revenue. Mes parents m'ont dit qu'elle tentait de tourner la page sur toute cette histoire. Rien de plus.

Aujourd'hui, elle me manque encore plus. Si elle était ici, elle me remonterait le moral, me dirait que tout va bien, que Killian rentrera bientôt et que je dois surtout lui faire confiance comme elle l'a fait lorsqu'il a dû retourner à Boston juste avant le bal de fin d'année.

La sonnerie de mon réveil retentit, m'informant qu'il est l'heure de me lever, pour affronter seule ce premier jour à l'université. Machinalement je l'éteins, m'étire et me lève. Comme tous les autres matins, je regarde par la fenêtre, en priant pour qu'il soit revenu. Je dois, toutefois, me faire une raison quand je découvre que seules les voitures de la famille sont garées dans l'allée.

Quel est donc ce souci familial que tu as dû aller régler, Killian, pour mettre autant de temps à revenir vers moi ?

Peu encline à bien me vêtir, j'enfile les premières fringues qui me tombent sous la main. Un bas de jogging et un vieux t-shirt feront très bien l'affaire. Même si je sais que la première journée est toujours la plus importante pour bien se faire voir, mon look ne m'importe guère. Sans lui, la vie a perdu ses couleurs.

Quand j'arrive dans la cuisine, ma mère est assise à sa place habituelle, un café devant elle. Elle m'accueille d'un sourire sincère sur les lèvres, avant de se lever pour m'apporter ma tasse et des pancakes. Malgré les nœuds, à la fois dans ma gorge et dans mon estomac, je m'efforce d'en manger un peu, histoire de lui faire plaisir.

Pourtant, elle est loin d'être dupe et remarque de suite mon humeur.

— Je suppose que tu n'as toujours pas de nouvelles ?

Je secoue la tête, en affichant une mine chagrinée. Mes yeux me brûlent, je m'évite, toutefois, de pleurer devant elle pour ne pas l'inquiéter plus que de raison. Elle a bien assez de mon frère à se préoccuper.

À bout de force - Redemption  (autoedition sortie le 04/11/2021)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant