Le Coran nous a unis [PARTIE 1 ET 2]

Chapitre 18

__HIND__

Il est midi, l'heure de la pause déj. Je profite du vide dans les couloirs de la mosquée pour me faufiler dans la classe dans laquelle Zakariya a enseigné ce matin.

Moi: Toc-Toc, y'a quelqu'un?

...Aucune réponse.

Moi: Toc-to--

La porte s'ouvrit subitement et je sursautai.

Zakariya: Ouiii je suis là ! Ah c'est toi Hind ?

Moi: Quoi, genre t'as pas reconnu ma voix?

Zakariya: Désolé, j'étais occupé. T'as déjà fini les cours?

Moi: Bah oui Zak, il est midi. Tu parlais à quelqu'un?

Je remarquai qu'il rougissait un peu, ce qui n'était pas du tout dans son habitude.

Zakariya: A qui? Je vois pas de quoi tu parles.

Moi: T'as pas l'air un peu...

Zakariya: Un peu quoi? J'ai rien du tout, qu'est-ce que tu racontes ?

Sa voix tremblait légèrement, mais c'était à peine perceptible.

Moi (en soupirant): Laisse tomber. On va manger avec Sara et Sayf ?

Zakariya: Yes inchaAllah ! Je vais récupérer mon sac dans la salle des profs et je te rejoins au parking.

A peine a-t-il terminé sa phrase qu'il s'envola comme un faucon vers les escaliers. Qu'est-ce qu'il a aujourd'hui? Il a même laissé son téléphone et sa trousse sur le bureau. Décidément !

...

Une petite voix me chuchotait à l'oreille de faire quelque chose que je n'avais jamais faite auparavant. Je fermai délicatement la porte derrière moi et m'installai à son bureau. Ahudhubillah mina shaytani rajim, Hind ! Depuis quand tu fouilles les affaires de ton mari ? Mais la tentation était beaucoup trop forte. Je vérifiai une seconde fois que la porte de la salle de classe était bien fermée, et déverrouillai son téléphone. Sa date d'anniversaire comme code, t'aurais pu être un peu plus prudent, Zak... Aucune notification en attente. J'appuyai sur l'icône du téléphone, et lut "Dernier appel: Hanna".

Etait-ce là, la raison de son comportement étrange à l'instant? Pourquoi m'a-t-il caché cette conversation? 

___AU MEME MOMENT___

__HANNA__

Ça fait tellement du bien de ne travailler que le matin ! A vrai dire, se retrouver toute la journée à la mosquée et devoir faire semblant d'être une personne "pieuse" est vraiment fatigant, à la longue. Je vous avoue que cette situation me suffoque. Je veux qu'on m'admire telle que je suis : avec mes cheveux bruns, mes belles formes et mon odeur envoutante. En toute honnêteté, je voudrais que Zakariya m'admire ainsi. Patience Hanna, tu arriveras bientôt à ton but. Et tu verras que tu n'as besoin ni de ton père mort, ni de ta mère malade, ni de ton frère fou pour accéder à ton propre bonheur. Auprès de lui.

Zakariya et Hind ne sont pas à la maison, ni même Khadija qui est gardée par leur belle-soeur. Je profite d'être seule pour me faufiler dans leur chambre. Je contemple les murs blanc et beige, la commode en bois, le lit parfaitement fait, la grande armoire. Mon regard se pose sur un cadre photo posé sur le bureau. On y voit Zakariya et Hind portant leur fille Khadija, au bord d'un lac, tous souriants. Le soleil illumine leur visage. J'aimerais tellement être à sa place, j'aimerais tellement pouvoir profiter de moments de complicité avec lui... A côté de ce cadre photo est posé un tableau sur lequel sont peintes les lettres Z et H en doré, entourées de strass. Z&H, Zakariya et Hanna... Ca sonne tellement bien ! Ahlala ! Je sautai sur le lit et sentis l'odeur du parfum qu'il a l'habitude de mettre. Cette odeur m'enivre, je me sens comme au Paradis ! Je ne peux plus quitter cette chambre, trop de sentiments me bousculent. Je me dirige vers l'armoire, ouvre chaque porte, chaque tiroir et fouille chaque recoin. Qu'est-ce que ses chemises sentent bon ! Je m'enroule dans son peignoir, je l'imagine m'enlaçant, m'embrassant, me disant "je t'aime" avec une telle ferveur que j'ai l'impression d'être réellement avec lui. Zut ! J'ai mis un peu de rouge à lèvres sur son peignoir ! Roh, il manquait plus que--