Fidelité

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Il était 7H30 et Roy sortait tout juste de la douche lorsque son téléphone sonna. Il ne le posait jamais bien loin - son métier exigeait de lui qu'il soit joignable à tout instant – et il lui suffit de tendre le bras pour saisir l'appareil et vérifier qui l'appelait si tôt un dimanche matin.

Hughes.

Il avait intérêt à ce que ça soit sérieux et non pas un besoin irrépressible de partager avec lui les nouveaux exploits de sa fille, l'adorable Elicia. Roy décrocha après un soupir, l'eau emprisonnée dans ses cheveux noirs dégoulinant dans son dos et sur son visage.

« Mustang. »

« Hello, Roy. Déjà debout ? »

« Il faut croire si je te réponds. Que me vaut un appel de si bon matin ? Et si tu me parles d'Elicia, je raccroche. Je ne suis même pas encore rasé. »

« Et bien dépêche toi, on a une affaire. L'avion décolle dans deux heures. »

Encore une. Ils étaient rentrés la veille assez tard pour que Roy n'ait pas le courage de cuisiner et se résigne à appeler le restaurant crétien au bout de sa rue pour se faire livrer de quoi manger. Et avant ça, ils n'avaient passé qu'une seule journée au bureau. Les dossiers en retard commençaient à s'amonceler, il allait devoir en emmener certains lors de leurs déplacements, il ne s'en sortirait pas sans ça.

« Pourquoi est-ce que c'est toi qui appelle et pas Grumman ? »

« L'inspecteur divisionnaire a pensé que tu pesterais moins si c'était moi qui te l'annonçait. »

« Il n'a pas tort. Tu as eu des détails ? »

« Presque pas. Juste qu'une famille a été massacrée cette nuit à la frontière avec Drachma. Le père, la mère et les trois enfants. A priori il y a quelque chose avec la manière dont les corps ont été disposés, le bureau a été appelé immédiatement. »

« Je suppose qu'on en saura plus dans l'avion. Je te laisse, je dois terminer de me préparer. »

« À tout à l'heure. Je dois donner son petit déjeuner à ma princesse. Je ne sais pas combien de temps je vais être absent cette fois. »

Hughes raccrocha et Roy balança son téléphone sur la tablette devant lui. Il observa pendant quelques secondes son reflet dans le miroir, au dessus du lavabo. La fatigue et la lassitude qu'il ressentait au plus profond de son âme ne laissaient que des traces infimes sur son visage. Personne, sauf peut-être Riza et Hughes, n'auraient pu se rendre compte que les légères cernes sous ses yeux et les quelques plis autour de sa bouche étaient le signe d'un problème bien plus profond qu'un manque chronique de sommeil.

Il détourna le regard et sortit sa mousse à raser. Pendant qu'il se débarrassait des poils qui avaient profité de la nuit pour envahir sa mâchoire et ses joues, il fit un calcul rapide. Il avait passé moins de cinq jours dans son propre lit durant le mois écoulé. C'était à se demander pourquoi il gardait son appartement. Il en aurait pour moins cher de dormir à l'hôtel.

Et il n'était pas le plus à plaindre.

La vie sentimentale d'Havoc était un véritable carnage, Riza ne semblait s'intéresser qu'à Black Hayate et Maes voyait plus sa fille sur des vidéos et des photos qu'en réalité. Heureusement que Gracia était un ange et avait la patience d'une sainte, peu de femmes d'agents arrivaient à supporter la solitude et l'inquiétude.

Roy s'en était rendu compte avec les quelques relations qu'il avait entretenues les années passées. Très rapidement, ses conquêtes lui demandaient plus de temps, plus d'attention et ils finissaient toujours par rompre. Elles ne comprenaient jamais à quel point son travail était important. Il sauvait des vies et ça valait tous les sacrifices du monde.

De l'or dans la nuitWhere stories live. Discover now