CHAPITRE 14

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Après quelques courtes secondes passées dans ses bras mon cerveau reprend le dessus sur mes émotions.
Après la découverte que je viens de faire et en repensant à notre ébat de la veille je n'arrive pas à le regarder dans les yeux sans avoir honte.
Je crois que dire que je veux le garder en tant que meilleur pote serait me mentir à moi-même. Mais je ne veux pas, je ne peux pas...

Depuis plus de 5 ans il a toujours été présent chaque fois que j'avais besoin de lui.
Il était la source de mes sourires ou tout simplement de mon bonheur..

Mais je reviens à la dure réalité et recule doucement, me libérant de ses bras.

- Je... je suis vraiment désolé...

Ce sont les premiers mots que je dis depuis de longues minutes.
Mais malheureusement ils deviennent tellement récurants aujourd'hui que j'ai l'impression qu'ils perdent toute leur valeur.
Pourtant c'est vraiment ce que je ressens, une profonde empathie, une envie d'aider mais sans le pouvoir et non pas sans le vouloir.

Je sens les larmes me monter aux yeux et je sais que si la première se met à couler je n'aurais pas la force de retenir les suivantes.

Je récupère mon sac posé sur le sol et tourne rapidement le dos à Jordan.
Je reste ainsi le temps de trouver le courage, la force de sortir de l'appartement. Je n'ose pas me retourner, rien que d'imaginer le visage de celui qui compte le plus à mes yeux en sanglot me brise intérieurement.

Je descends les marches des quelques étages qui me sépare du rez-de-chaussée. Je n'arrive pas à savoir comment les choses vont se passer par la suite.

Une fois chez moi je retrouve ma maison, vide. Vide de toute énergie, de toute gaité qui aurait été apportée par Amélia auparavant.
Je me retrouve seul à cogiter, je me force à ne pas penser à lui.
Mais putain que le cerveau est mal foutu. Plus je m'efforce de cesser de penser à cette situation problématique, plus j'y pense, encore et encore.

 
Je revis cette matinée déchirante encore et encore, en boucle dans ma tête.

Je n'en peux plus.

Je ferme les yeux.

Je respire doucement.

Je m'assoupis.

*24 heures plus tard*

Je regarde mon téléphone.
Toujours aucun signe de lui.
Normal non?
Je suppose que c'est à moi de faire le premier pas mais quelque chose m'en empêche. Pudeur? Gêne? Timidité? Honte?
Je repose mon portable sur la table avant de finir de manger.

J'ai un peu la boule au ventre étant donné que cette après-midi on a programmé une grosse vidéo avec les gars au LOAT.
Tous ensemble. Oui oui. TOUS ensemble.
J'appréhende énormément ce moment.

Je ne sais pas moi-même comment je vais réagir. Après tout, peut-être que la situation est susceptible de s'arranger? Et tout redeviendra comme avant?
J'essaye de me donner mille et une raisons pour ne pas stresser mais impossible.

Puis vient 14 heure et je me mets en route vers le local.
J'arrive là-bas une quinzaine de minutes plus tard.
Je souffle un grand coup avant de prendre l'ascenseur qui mène à l'étage du LOAT.
J'ouvre la porte du hall : personne.
Tout le monde doit se trouver dans le studio d'Hactuan. La porte est entre-ouverte et je suis capable de distinguer plusieurs rires familiers qui proviennent de là.

Je me dirige donc vers son studio, je fais mon meilleur sourire, naturel, habituel, et j'entre.

- Heyyy !

Je jette un rapide coup d'œil autour de moi.

Théodort, Raska, Jules, Hactuan et Linca.
Jordan n'est pas là? Mon ventre se crispe, ce n'est pas du tout son style et je ne lui ai pas reparlé depuis la veille.
Mais quel idiot Théo!
Il va bien? Je ne sais pas vu que je ne lui ai pas parlé!

Après avoir salué les gars je leur fais la remarque en restant le plus naturel possible.

- Euh il vient pas Jordan?

C'est Théodort, assis à ma droite qui répond.

- Il m'a envoyé un message ce matin il est grave dans l'mal. Il m'a dit qu'il a choppé un mauvais truc hier. Il te l'a pas dit? D'habitude c'est toi qui sais tout nan?

Il finit sa phrase sur une question qui ne semble pas attendre de réponse ( et heureusement) vu qu'il continu son débat entre «le » ou « la » wifi avec Raska.

Les pensées fusent dans ma tête. Je sais très bien qu'il n'a rien « choppé » du tout et que c'est à cause de moi si « il est grave dans l'mal ».

- Et du coup pour la vidéo?

J'espère au plus profond de moi qu'on l'annule afin que je puisse rejoindre Jordan au plus vite.

- Justement on t'attendait pour décider, t'en penses quoi? demande Linca.

Je réfléchis rapidement à quelques arguments afin de partir au plus vite d'ici.

- Euh, je pense que pour les premières vidéos au LOAT on devrait les faire tous ensemble et puis on peut décaler à la semaine prochaine on est bon dans le timing des vidéos nan?

Ils acquiescent tous assez rapidement.

- Bon bah j'vous laisse alors, j'ai quelques courses à faire.
dis-je déjà hors du studio.

Je marche rapidement vers la sortie du local et dévale et les marches quatre à quatre trop impatient pour attendre l'ascenseur.

Je monte dans ma voiture et conduis très (trop) vite vers l'immeuble de Jordan.
Je me gare et en à peine une minute je suis devant l'interphone.

Je me stoppe, si je sonne je dis quoi? « Salut c'est Théo désolé pour hier matin vient on oublie tout surtout avant-hier quand tu m'as sucé ahah. Sans rancune hein».

J'en ai marre de trop réfléchir tout le temps.

Oh et puis merde j'ai pas fait tout ça pour rien.
Je sonne.

- Oui?

J'entends sa voix, enfin. Soulagement.
Je réflechis mais je ne trouve rien à dire, je panique, je dois dire quelque chose.

- Allô? Y'a quelqu'un?

- C'est Théo...

Une longue pose s'en suit.

- Ouvre moi s'il te plait.

J'entends l'interphone raccrocher.
Quel échec cuisant.

Je tourne les talons prêt à faire demi-tours mais j'entends la porte s'ouvrir.

Un sourire se dessine inconsciemment sur mon visage.
Je rentre et montre en courant les nombreuses marches qui me séparent de lui. Cet escalier me paraît interminable mais pourtant je ne mets que quelques secondes avant d'atteindre son palier.

Un peu essoufflé je m'accorde un court instant de répit .
Je passe une main sur mes yeux afin de reprendre tous mes esprits pour être prêt à parler, cette fois-ci.
Puis je frappe à la porte.

J'entends ses pas.

La porte s'ouvre enfin, j'écarquille les yeux, je ne m'attendais vraiment pas à le retrouver dans cet état.

CORRIGÉ - Joystu : fiction ou réalité ?Where stories live. Discover now