Chapitre quatre

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Elle prit place sur la chaise en face de moi. Son regard ne me quittait point. Elle semblait perdre tous ses moyens, elle qui, la veille au soir, était si sûre d'elle. Il était vrai que la situation était très cocasse. Jamais je n'aurais pu imaginer la revoir ici. Qui plus est qu'elle postulerait dans mon entreprise.

Pendant un certain laps de temps, nous étions tous deux, bouche bée. Aucun de nous n'avait les mots. Nous nous regardions sans interruption. Comme si rien autour n'avait d'importance. Loin de nous d'être dans une ambiance romantique, mais plutôt une vision d'horreur. Oui, c'était cela. Nous espérions tous deux sortir de ce cauchemar éveillé. Je ne pouvais pas me retrouver face à cette chipie détestable. Et elle, elle ne voulait certainement pas à avoir de nouveau affaire au PDG "susceptible" comme elle l'exprimait si bien.

Je rompis le jeu de regard, lassé de la fixer sans réel but. À la suite de cela, la jeune femme semblait revenir à elle. Elle finit par cligner des yeux puis se racla la gorge avant de prendre à mon grand étonnement la parole en première.

-Je devrais reprendre ma présentation, je l'ai plus que mal effectué me semble-t-il, me fit-elle par, en retrouvant son habituel sourire.

-Si cela vous enchante, faites donc.

-C'est parti. Bonjour ! Je suis Jordanne Holmes, si je suis ici devant vous c'est dans l'espoir de devenir votre assistante. Je ferais de mon mieux pour répondre à vos attentes.

Un point de plus pour elle. Le mot espoir était l'un des mots que je souhaitais entendre dans la prestation de mes postulants. L'espérance était un sentiment fort qui ne convenait qu'aux personnes de grandes convictions. Être mon assistant ne serait pas chose aisée, j'avais besoin d'une personne motivée qui n'abandonnerait pas au bout de quelque temps.

-Ravi de vous rencontrer à nouveau mademoiselle Holmes, c'est un plaisir, dis-je ironiquement.

-Le plaisir est partagé, cher monsieur.

Je sentis évidemment bien qu'elle n'était pas sincère dans sa réponse et cela m'amusait beaucoup. L'ambiance était plus que glaciale dans la pièce malgré que, nous faisions de notre mieux pour ne rien laisser paraître.

-J'ai vraiment besoin de ce travail, monsieur Adams. J'aimerais sincèrement que nous fassions table rase du passé, me confia-t-elle sérieusement.

-Écoutez mademoiselle Holmes. Cela ne tient qu'à vous. J'ose espérer que votre comportement durant cet entretien sera des plus convenables, tout le contraire de précédemment, lui reprochai-je.

-Je vois que vous êtes extrêmement un homme susceptible. Ce n'est pas ce que j'appelle faire table rase du passé en revenant sur les événements de la veille.

-Pourtant, si je ne me trompe point, c'est vous qui en avez parlé en premier.

-Seulement parce que je sentais que vous n'aviez pas tourné la page. Votre attitude est très provocatrice.

-Il est vrai que cela m'amuse énormément de vous voir en position de faiblesse face à moi. Alors qu'hier, vous étiez si sévère envers ma profession.

-Sachez que je respecte au plus haut point votre métier, monsieur Adams, répliqua-t-elle, le sourire aux lèvres.

-Sauf ce n'est pas l'impression que j'ai eu au restaurant.

-Je vous exprimais simplement le fait que dans votre milieu, vous n'êtes que concentrer sur votre petite personne.

-Sur quoi vous appuyez-vous pour avancer de tels propos ?

-Mon père était aussi un grand PDG. Toute mon enfance, j'ai vécu auprès de ce genre de personne et je peux vous assurer qu'ils ne prennent soin que de leurs intérêts.

-Alors pourquoi persévérez-vous dans ce métier ? Pourquoi venez-vous me réprimander sur mon lieu de travail, demandai-je désemparé.

-Comme je vous l'ai dit hier, c'est un projet personnel et pour le moment en tout cas, je ne désire pas vous en faire part. Tâchez d'abord de m'engager.

J'avais devant moi une femme sûre d'elle et claire dans ce qu'elle aspirait. Moi qui pensais être maître de la situation, je devais avouer qu'elle me laissait sans voix. J'aimais beaucoup son attitude, bien qu'elle ne fût pas du tout en droit de parler de la sorte à son potentiel patron. Malheureusement, je craignais que, de la voir au quotidien n'arrangerait mes affaires. Au contraire, elle me rajouterait des maux de tête permanents. Elle avait cette faculté si habile de m'agacer en un rien de temps.

-Mademoiselle Holmes. Écoutez, si vous vous excusez pour votre comportement, j'accepterai de passer outre sur votre attitude pour cette fois. Et nous pourrons reprendre un entretien officiel.

-Comment ?! Moi ? M'excuser ?

Cher monsieur, sachez que je ne suis que la victime de votre déplorable susceptibilité. Il me semble plus juste que ce soit à vous de reconnaître vos torts.

Elle paraissait vraiment contrariée et refusait catégoriquement de s'incliner face à moi. Décidément, je ne pourrais rien en tirer. Je ne recherchais pas une emmerdeuse de première classe, mais bien une assistante docile. Son cas ne s'arrangeait pas.

-Dans ce cas, mademoiselle Holmes, je vous prierais de reprendre le chemin de chez vous, dis-je d'un ton menaçant.

À mes mots, je vis son regard se décomposer. Elle semblait très triste. J'eus presque de la peine à son égard. Je ne compris pas pourquoi elle tenait tant à être engagée ici. Il y avait d'autres agences dans les environs, rien ne la retenait.

-D'accord, puisque vous le désirez, je vous dis au revoir monsieur le susceptible et je ne vous souhaite pas une bonne journée, déclara-t-elle, se dirigeant vers la porte.

-Mademoiselle Holmes, attendez, l'interrompis-je dans son élan.

-Que me voulez-vous, répliqua-t-elle, le visage plein d'espoir.

-Nous ne pourrons malheureusement pas avoir notre discussion sur les choses concrètes de la vie, m'exclamai-je malicieusement.

-Il n'y a que vous pour pouvoir vouloir converser de choses aussi ennuyantes, monsieur Adams, se désola-t-elle avant de s'en aller telle une star hollywoodienne.

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