Chapitre onze

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-Mademoiselle Miller est vraiment un amour. Je ne savais pas que vous étiez si familier avec elle pour l'appeler par son prénom, s'étonna-t-elle.

-Il est vrai que j'ai pris une certaine liberté avec elle, mais en quoi cela vous regarde-t-il, demandai-je un peu décontenancé.

-En rien, ne vous inquiétez pas, je constatais simplement les faits. Mais, dites-moi, vous ne seriez pas un peu amoureux d'elle par hasard ?, dit-elle, le sourire en coin.

-Je vous prie de cesser vos balivernes ! Nous ne sommes pas là pour parler de ma vie personnelle, contentez-vous de parler de vous, criai-je, fortement agacé de son comportement indécent.

Je ne comprenais pas sa soudaine envie de divaguer sur un tel sujet. Tout avait si bien commencé. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle ait une parole de trop. J'avais perdu toute envie de l'embaucher. Je puisais dans toute ma patience pour ne pas la mettre dehors sur-le-champ. Et dieu seul savait que je n'en avais que minimement. Il semblait vrai que Rebecca était la seule personne que j'appelais par son prénom, mais c'était parce qu'elle m'inspirait la sympathie et elle était toujours à mon écoute. C'était pour cela que je souhaitais lui montrer toute ma gratitude. C'était ainsi que j'avais décidé de l'appeler par son prénom. C'était ma façon à moi de la remercier des choses qu'elle avait accomplies à mon égard. Je n'avais pas une once de sentiment envers elle et ce n'était pas près d'arriver.

-Je vous prie de m'excuser, monsieur Adams. Je crains bien avoir tout fichu en l'air pour de bon cette fois-ci, n'est-ce pas, se désola-t-elle.

-Eh bien, je n'en sais rien.

-Quoi ? Comment ça, me demanda-t-elle aussi perdue que moi.

-Si je sais en réalité. Je vous annonce que je ne vous prends pas, voilà.

-Hein ?!?

Elle bondit de sa chaise et me regarda sous le choc.

-Alors pour ma minime réflexion, vous me refoulez. J'essayais juste de détendre l'atmosphère. Et entre deux potentiels collaborateurs, il est essentiel de se connaître.

-Je ne crois pas vous avoir demandé de détendre l'atmosphère, mademoiselle Holmes. Et entre "deux potentiels collaborateurs", si ma secrétaire se permet de prendre des initiatives sans m'en avertir avant, je ne crois pas que nous irons bien loin, répliquai-je d'un ton sévère.

-Donc vous insinuez que j'aurais dû vous demander avant si, "je pouvais vous poser une question sur le type de relation que vous entretenez avec mademoiselle Miller" ?

-Tout à fait, c'est exactement ce que j'insinue.

-Si nous partons sur de telles bases, alors bientôt, je devrais vous demander pour pouvoir toquer à la porte avant de frapper sur celle-ci.

-Et pourquoi pas. L'idée ne me déplait pas, dis-je, amusé.

-Vous êtes vraiment incorrigible cher monsieur le susceptible.

-Je devrais vous retourner le compliment. Depuis quand un candidat se permet-il de poser des questions indécentes à son supérieur ? Vous ne vous sentez pas un peu trop hors des règles de bienséance.

-On commence à se connaître monsieur Adams et vous savez pertinemment que je ne fais rien comme tout le monde, me déclara-t-elle.

J'en étais bien conscient, cela n'était pas à son avantage. Ici, tout le monde était concentré sur les tâches qu'il avait à accomplir. Elle risquerait de vite trouver cela déprimant et démissionnerait. J'aimerais lui faire gagner du temps en ne l'embauchant pas. Personne ne prendra une heure de son temps pour dîner avec elle. Chaque seconde passée dans cette entreprise comptait. C'était pour cela que nous étions si performants dans nos résultats.

-Bon, je crains que nous n'ayons plus rien à nous dire, mademoiselle Holmes. Je ne vous raccompagne pas étant donné que vous connaissez déjà le chemin de la porte.

-Décidément, vous avez le don de manquer tact avec les gens qui vous entourent. Je suis navrée d'avoir été hors de vos règles de bienséance. J'en prendrais note pour mes prochains entretiens. Je vous garantis que je deviendrai une influente femme d'affaires. Vous verrez et je rachèterais cette entreprise et ce sera vous qui devriez remuer ciel et terre pour que j'accepte de vous garder auprès de moi, m'affirma-t-elle, pleine d'ambitions comme à sa coutume.

-C'est ce que je vous souhaite, mademoiselle Holmes. Mais avant cela, il faudrait déjà que quelqu'un puisse vous supporter.

-Ne vous en faites pas pour ça, je n'ai aucun problème pour être accepté. Il n'y a que votre caractère de susceptible qui ne semble pas adhérer à ma personnalité. Ou peut-être que j'aime mettre à l'épreuve votre susceptibilité, qui sait, me taquina-t-elle.

Je n'avais point la force de répliquer. Alors, je la laissai s'en aller sans dire un mot. Étonnement, elle ne claqua pas la porte en la refermant. J'en espérais plus de sa part. Avait-elle peur que je lui demandais de me payer les dommages et intérêts de cette porte, si elle venait à la casser ? Avais-je l'air si méchant ? De toute façon, je doutais fortement qu'avec sa force de moineau, elle casserait quoi que ce soit. À la limite, tout ce qu'elle caserait, ce serait, mes tympans.

Ma secrétaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant