14.1. Ce qu'on laisse derrière soi

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Mai 3517


Le festival du mois de Mai rend le lycée définitivement fébrile deux jours seulement avant qu'il ne se produise. Et l'attention n'est pas tout à fait tournée sur tout le monde, puisque la classe A est au centre de l'univers médiatique, au plus grand damne de Neito.

- Encore des articles sur les A... et encore... râle-t-il en faisant défiler les nouvelles sur l'écran de son téléphone. Ah !

Il se redresse soudain, attiré par un article au titre différent : « Ce que cache le nouvel élément de la première B ». Il fait la moue en lisant les premières lignes, mais se fige soudain en lisant la suite.

- Taeko ? appelle-t-il en se tournant sur le canapé, à genoux, appuyé contre le dossier, les tables pleines d'élèves à demi-réveillés dans son champs de vision. Quelqu'un a vu Teako ? demande-t-il un brin inquiet.

Mais la métamorphe n'est pas là, et sa tête préoccupée intrigue les autres.

- Non, pourquoi ?

- Ils ont écrit un sale article sur elle, je voulais savoir si elle l'avait lu... marmonne-t-il en changeant de page. C'est vrai qu'on ne lui avait jamais demandé pourquoi elle a changé d'école...

Une heure plus tard, Vlad King entrait dans la salle, cherchant Taeko a son tour. Là encore, la jeune fille n'est pas là, appelée d'abord par Noa, et assise dans sin atelier. Il faisait à peine jour quand elle est sortie pour la retrouver, et là qu'elle se retrouve ici, la lycéenne en filière assistance ne sait pas comment lui annoncer la nouvelle :

- Alors... en fait... il y a... Aike m'a prévenu qu'il avait trouvé des... articles sur toi, sur internet... et... euh... tu vas bien ?

Les yeux encore endormis, Taeko lui lance un regard équivoque.

- Je ne le savais pas en me levant. Mais ne t'en fais pas pour moi. Ça va aller, dit-elle en se levant. De toute façon, je savais bien que ça aller me poursuivre, la personne qui a initié ça est une sorcière née.

Elle n'est pas aussi amère qu'elle aimerait l'être, se sentant toujours terriblement coupable. Mais elle n'en montre rien. A la place, elle se lève et demande :

- Tu participe, aujourd'hui ?

- Non, secoue-t-elle la tête. Je ne participe d'aucune manière. J'ai trop de travail. Mais j'ai demandé à ce que tu puisses mettre ça, dit Noa en lui tendant un petit dispositif à l'allure d'une puce. C'est pour enregistrer ton activité altérique. C'est possible. Les conditions seront un peu plus réelles, alors...

- Pas de soucis.

Taeko le pose sur sa peau, sous son t-shirt au dessus de sa poitrine, et la puce y reste collée.

- Merci.

Noa sourit.

- Merci à toi, et bon courage.

La porte se referme, et Aike demande :

- Vous pensez que ça ira ?

- Malheureusement, je ne la connais pas encore assez pour pouvoir le dire... mais supprime tout ce que tu peux supprimer.

- Vous me confirmez que je dois passez par le dispositif P.S.U.E.D.O. ?

Ella acquiesce, contrariée par la tournure des évènements, et l'ordinateur se met en marche. Ce protocole n'est pas tout à fait légal, mais toutes ses recherches ne le sont pas nécessairement, et parfois, quelques dépassements peuvent protéger le monde. Ici, utiliser le Protocole de SUrveillance Et suppression des Données peut peut-être aider quelqu'un qui n'a rien fait de mal, mais pour le vérifier, il faudrait qu'elle s'introduise dans les fichiers personnels de la métamorphe, et ça, c'est de l'abus de confiance.

- Advienne que pourra, on verra si ça peut lui servir à quelque chose...

Taeko se rend rapidement dans la salle réservée à sa classe, consciente qu'elle est en retard, et son survêtement noir bleuit, se transformant en cet uniforme sportif dans lequel elle a tendance à nager. Etre aussi à l'étroit que semble l'être la plupart des élèves qu'elle rencontre ne lui convient pas, alors, à sa convenance personnelle, le sien est volontairement trop grand.

- Excusez-moi pour le retard. Quelqu'un m'a appelé tôt ce matin.

Les terminals la regardent à tour de rôle, et elle voit dans le regard de certains qu'ils ont lu l'article. Ce n'est peut-être pas volontaire, mais toutes leurs questions sont écrites sur leur front, et elle s'inquiète à peine du festival. Elle n'a pas la tête à ça. Elle s'en maudit, d'ailleurs, mais ne s'inquiète ni de ses performances pendant la première épreuve éliminatoire, qui nécessitait de trouver un drapeau dans une ville délabrée, ni de la deuxième, où elle a pourtant fait équipe avec Neito et Itsuka, où elle a à peine maintenu à flots sa dernière place à niveau, manquant de faire sortir son groupe en manquant son relais de près, préoccupée.

Ses parents sont-ils au courant ? Sont-ils seulement venus la voir ? Malgré le fait qu'elle leur ait demandé de ne pas le faire ?

Elle est toujours dans cet état à demi second quand elle affronte Shinso. Et finalement, elle le considère longuement, et lui demande :

- Qu'est ce qu'il y avait, dans cet article.

Il pince les lèvres, se disant qu'elle vaut bien la peine qu'il lui réponde, et qu'il pourra toujours tenter un lavage de cerveau après.

- Il disait que tu avais envoyé un élève à l'hôpital.

Il n'a pas eu à crier, personne ne les entend. Mais dans les gradins, la foule se fait impatiente. La question qui franchit les lèvres de l'adolescent lui semblait si improbable quand il l'a imaginée la première fois qu'il peine à la poser correctement :

- C'est vrai ?

Il voit la transformation de son expression en un masque marbré, et il se fige. Pour le coup, il ne s'y attendait pas. Il ne voulait pas vraiment le savoir. Il n'aurait pas dû demander.

Elle lève la main pour lancer froidement :

- J'abandonne.

La mâchoire de Shinso se contracte. Il ne peut pas lui en vouloir. Il ne devrait pas lui en vouloir. Mais c'est plus fort que lui. Et il serre les poings. Taeko n'a pas eu l'air perturbée de tout le festival, jusqu'à maintenant. Mais pour qu'elle lui pose al question avant le combat, il se rend compte qu'elle n'a sûrement pas cessé d'y penser.

Avec dépit, il la regarde partir. Il ne peut pas la retenir alors que personne n'est venu lui demander comment elle allait, ni quoi que ce soit sur l'article. Un seul papier aura suffit à lui prouver qu'elle ne peut pas compter sur eux dans ce genre de situation.

Curieuse, Noa demande à son assistant numérique de monter le son, pour écouter la conversation sur le ring. Elle finit par le couper, pensive.

- Si c'est vrai, alors...

Elle se penche sur le clavier, réfléchit, et tape quelques mots, pour lancer la prochaine recherche. Si elle a envoyé un de ses camarades à l'hôpital pour la raison à laquelle elle pense, alors c'est sur ça qu'elle doit travailler en premier, et rapidement.

Elle passe de son ordinateur à sa table interactive derrière elle, pour modifier du bout des doigts, un hologramme de carte mentale en plusieurs dimensions. Elle note quelques informations du bout des doigts, et dit doucement :

- Aike, il faudrait que tu envoie un message à Taeko pour moi. Il me faudrait un peu plus de son sang, pour les recherches. Je n'aurais pas assez d'un tube.

 Je n'aurais pas assez d'un tube

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MétamorpheWhere stories live. Discover now