Étoiles en peinture ; Apollon et Icare

2. ce que j'attendais

J'avais eu peur : je n'attendais rien.

Je marchais simplement, dans l'espoir d'une idée nocturne qui emplirait mon âme d'inspiration. Mais en te voyant, je m'étais juste arrêté à tes côtés, comme si cela était naturel, comme si c'était la seule chose bien à faire.

« Qu'attends-tu? »

Qu'aurais-je pu attendre ici? Il n'y avait rien à attendre, à cet endroit précis à cette heure de la nuit.
Le lieu était une simple avenue, munie de maisons roses, jaunes, vertes, bleues, pleines par les fleurs et les lampadaires hauts et droits, avec une tête jaune et lumineuse.

J'aurai pu tout bonnement te dire que je recherchais l'inspiration pour un devoir d'art, mais j'avais choisi l'option qui était la plus idiote: l'ignorance.

« je ne sais pas. et toi? »

Tu avais détourné tes yeux de moi, et avais souri, pouffant légèrement, presque de façon inaudible.
J'avais rougi. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Le silence était lourd, j'étais gêné: tu ne m'avais pas répondu, tu t'étais même moqué.

Puis, d'un coup, tu t'étais rapproché de moi, sur la pointe des pieds, et j'avais eu peur: cette soudaine proximité était étrange.
Pourtant, j'avais en cet instant l'impression que nous avions été ensemble depuis toujours.

« Je dois partir! »

Tu avais chuchoté ces mots, tes yeux lumineux plongés dans les miens. Ou alors étaient-ce les miens qui étaient plongés dans les tiens?

Dans tous les cas, quelques secondes plus tard, tu t'étais déjà éloigné de moi, ne devenant plus qu'un point coloré dans le paysage sombre.

J'étais perplexe, déboussolé. Ce qui venait de se passer ne rimait à rien, et en plus, je ne t'avais pas demander ton prénom.

Mais au moins, j'avais trouvé l'inspiration.