Chapitre 27

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Assis dans son bureau en pleine réunion avec Lorenzo, Ivan et Daniel, Andres n'est pas le plus concentré. Il est encore perturbé par les murmures de Natalia. Est-ce ce qu'il désire ? Désirait depuis tout ce temps ? Est-ce réel ? Ou juste une conséquence de ces 5 jours ? Il sait à quel point la position émotionnelle dans laquelle il met les personnes à qui il fait subir ce genre de chose peut mener à des propos circonstanciels. Il se rappelle également  la dernière fois que de tels mots l'ont à ce point atteint. Il en a énormément souffert. Il ne veut pas que cela recommence.

Son téléphone vibre, il regarde l'identifiant. Son visage s'anime de curiosité. Il libère ses hommes et leur demande de revenir dans l'après-midi. Ils se lèvent et quittent la pièce sans discuter.

- Qui aurait cru que j'aurais des nouvelles de ta part aussi rapidement ?

- Rapidement ? Cela fait déjà 3 semaines. La voix de Louis a un timbre moqueur. Ou le temps ne s'écoule pas de la même façon des 2 côtés de l'hémisphère ?

- Moyennement drôle. J'étais occupé à gérer différentes choses et tu ne m'as jamais fait part de ta décision finalement. Donc je suis parti du fait que si tu ne me contactes pas c'est que c'est annulé.

- Elle accouche d'ici 1 à 2 semaines. Pourras-tu être là ?

- Louis j'ai des obligations ici. Tu me demandes de tout plaquer pour te rejoindre sans me dire ce que tu as finalement décidé. Je ne pense pas pouvoir faire cela.

- Je veux que tu exécutes ce dont on avait parlé.

- J'espère que tu as bien réfléchi parce qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible. Combien de temps après ?

- 1 mois après.

- Deux allers retours. Je te donne l'impression d'avoir tant de temps libre que cela ?

- Arrête, tu me le dois bien. Je serais en voyage à Paris. Tu pourras agir discrètement. Seul Jonas sera au courant. Il ne t'aidera pas mais je sais que tu sauras te débrouiller comme un grand.

- On dirait tu parles d'une sortie de joie. Si tu es sûr de toi, on se reverra dans 1 mois et demi. Tu féliciteras la mère pour son accouchement.

- Tu ne viens pas ?

- J'ai d'autres choses à faire.

Il raccroche brutalement. Louis n'y croit pas comment son frère l'a si facilement rembarré. Il ne peut pas lui en vouloir, il doit être occupé. C'est la fin du mois donc cela veut dire qu'il faut préparer les cargaisons pour les distribuer avant de le début du mois. Les gangs du Mexique distribuent à différents gangs dans le monde entier. La pression doit être très forte à ce moment du mois pour son frère. Surtout avec le procureur dont il lui a parlé qu'il avait sur le dos. Il reçoit un message par la suite. Tu me raconteras comment tu as géré les dernières semaines après. Pas plus que cela. Au moins il est intéressé. Lui-même est intéressé par la jeune femme qui s'est enfuie et de savoir si il l'a ramenée. Il veut connaitre la fin de cette histoire. Il lui demandera une autre fois.

Quand son frère lui a posé la question, le doute s'est installé à nouveau dans son esprit. Andres n'a pas tord sur le fait que faire cela à Anastasia aura des conséquences irrémédiables. Maintenant qu'il lui a donné son consentement, il n'est plus possible de faire machine arrière. C'est comme un contrat, rien n'empêchera le professionnel de le mettre en exécution à partir de cet instant. Mick est évidemment absolument contre. Mais il sait qu'il ne dira rien. Il lui fait confiance, c'est pour cela qu'il a pu facilement lui en parler. Jonas n'est pas non plus un fan, mais il ne fait jamais part d'un avis très tranché. Andres lui a peut-être fait la proposition mais il a lui seul décidé. De quand. Il ne sait pas comment. C'est à la discrétion de son cadet. Il ne sera pas là. Il a peur de l'expression de tristesse qu'il va retrouver chez sa femme le moment venu. Il a du mal déjà à ce stade à faire comme si de rien n'est.

Heureusement que l'état de santé de son père l'occupe déjà suffisamment. Le benjamin est rentré depuis longtemps à son tour. Divorcé cette fois. Ils s'alternent au chevet de leur paternel. Malgré son insistance, Andres n'a pas voulu le rencontrer. Il a refusé de lui accorder son pardon. Leur père n'a pas bronché mais de la tristesse s'est lue dans son regard. Il aurait aimé rencontrer en personne son cadet. Il aurait aimé lui présenter ses excuses en personne. Il sait qu'il n'a rien fait pour lui rendre la vie facile. Il ne peut pas dire qu'il était amoureux de la mère de Andres mais lui, autant qu'elle, ne méritaient pas ce qu'il leur a fait subir. Il est conscient aujourd'hui plus que jamais de son égoïsme. Louis a l'impression de lui ressembler de plus en plus par moment. Il veut tenir sa femme entre ses bras, mais la présence de cet être en elle semble faire barrière à toutes ses envies. Il se stoppe à chaque fois et finit par uniquement la regarder. Elle est encore plus belle enceinte, il doit bien le reconnaître même s'il ne s'agit pas de son enfant. La seule épine dans son pied. Au moins il sait à quoi ressemblera les autres grossesses et les désirs de madame. Quand il reçoit des demandes de permission pour certains caprices, il ne peut que rigoler. Finalement il leur a dit de tout lui donner sans passer par lui.

Les derniers moments avant l'accouchement, elle a commencé à se plaindre de plus en plus. Ils ont même dû le réveiller une nuit. Il s'est rendu dans sa chambre. Elle avait des œdèmes et vraiment des inconforts l'empêchant de dormir d'après ce que lui a expliqué le médecin. Mais elle ne veut pas que quelqu'un l'approche dans ces moments tendus. Elle murmure dans son sommeil, se tourne et se retourne. Même Sarah, elle l'a repoussée. Il s'est approché d'elle et s'est agenouillé à son chevet avant de lui caresser le ventre. Elle s'est apaisée doucement, avant de se rendormir. Cela s'est répété 2 ou 3 fois encore avant. Le médecin et le psychologue qui la suivent, il n'a jamais compris le besoin du second mais n'a jamais rien dit, lui ont dit que inconsciemment il se peut qu'elle tente de protéger son enfant au maximum. Ce qui expliquerait qu'elle ne veuille laisser personne s'approcher d'elle ou son enfant. Seul lui dans ces moments difficiles, est accepté par les deux êtres. Ces révélations l'ont absolument touché. Ils ont discuté ensemble et il a décidé de partager ses nuits avec eux jusqu'à l'accouchement. Après ils verront. Anastasia est déjà contente de cette décision. Il n'avait aucun besoin d'accepter. Elle sait que ce n'est pas un choix qu'il a fait facilement. Il a passé la santé du bébé et la sienne avant ses propres envies. Il lui montre encore une fois à quel point il tient à elle. La femme qu'elle est, est extrêmement touchée mais aussi la mère qu'elle va bientôt devenir. Elle souhaiterait qu'il adopte l'enfant parce qu'elle sait qu'il ferait un excellent père.

Dans les jours qui suivent, Anastasia accouche secrètement. Elle donne naissance à une fille. Louis voit le bonheur dans le regard de sa femme quand elle tient, câline et parle à sa fille. Son cœur se brise de les voir aussi proches. Il pense à sa propre mère. Il ne sait pas si il fait toujours le bon choix. Il a lui-même été séparé de sa mère brusquement. Il en a souffert. Est-ce que par pur égoïsme, il a le droit de faire pareil à cette petite ? Il regarde la petite pour la première fois d'assez prêt et la ressemblance avec son père lui brise le cœur. Elle a les mêmes yeux, les mêmes couleurs de cheveux. Le doute qui existait toujours en lui avant cette rencontre, en dépit du test de paternité, vient de totalement disparaître. Il redonne l'enfant à sa mère et s'en va sans un regard en arrière. Il n'y arrive pas. Son sang bouillonne devant l'enfant, symbole de la tromperie de sa femme. Il ne voit qu'en elle son père et une envie de meurtre s'empare de lui. Il s'enferme dans son bureau, tourmenté.

Il ne vient que rarement la voir et il est toujours un peu froid. Anastasia comprend peu à peu la réalité de ses paroles. Il lui a dit et pourtant elle espérait qu'il se trompait et le réalise en voyant la petite. Il lui a dit, il ne pourra pas lui pardonner aussi simplement. Elle décide du prénom de sa princesse, qui portera le nom de Céleste. Christiane veut toujours bien être sa marraine et lui tient compagnie constamment depuis l'accouchement. Elle a même décidé de déménager au palais, au grand détriment de Mick, qui est obligé de se déplacer pour venir la voir régulièrement. Céleste recevra beaucoup d'amour maternel. Elle en a clairement conscience et en est hyper reconnaissante.

PS : Nous voici de retour dans la suite de la chronique de "Sous l'emprise du diable". Je sais que certaines et certains attendaient de savoir ce qui se passe de l'autre coté. Les prochains chapitres seront centrés dessus, donc si vous avez envie de mieux comprendre l'histoire menant aux prochains chapitres, vous pouvez aller lire la chronique disponible sur ma page ou en tapant le titre du roman. Bisous A. 

Brisée par amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant