Un monstre sous mon lit

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"Je m'appelle Maëline et j'ai bientôt six ans. J'ai très peur dans le noir dans ma chambre. J'entends des bruits, et je vois les griffes du monstre qui habite sous mon matelas, sur le rebord de mon lit. Toutes les nuits il attrape mes pieds et toutes les nuits j'appelle ma maman au secours. Toutes les nuits il lâche mon pied quand maman entre dans la chambre. Et toutes les nuits je finis dans son lit. Il n'y a que dans son lit qu'aucun monstre ne m'attrape les pieds. Sûrement qu'aucun n'habite sous son lit. Maman est épuisée. A chaque fois elle regarde sous mon lit et me dit :

"Ma chérie, regarde, il n'y a rien sous ton lit"

Alors chaque fois elle me montre. Et chaque fois je me penche par dessus le montant et je le vois, il me regarde de ses grands yeux sombres, enroulant sa queue autour de ses pattes pourvues de longues griffes. Il sourit mais son sourire me fait peur. Alors je me refugie dans les bras de maman en pleurant.

Pour essayer de régler la situation maman m'a amenée chez une dame. Elle pensait qu'elle allait m'expliquer que les monstres n'existent pas et que grâce à ça j'allais enfin dormir sereinement dans mon lit, sans angoisse, sans terreur nocturne. Mais ce n'est pas ce que la dame a fait. Quand je suis entrée dans son bureau elle m'a fait m'asseoir dans un fauteuil confortable avec des grosses fleurs dessus. Elle m'a préparée un chocolat chaud et a demandé à maman de ne pas intervenir pendant que nous discutions.

"Alors ma petite Maëline. Comment il est ce monstre?

- Il est gros, comme un gros chien. Il a une longue queue poilue et des énormes griffes. Et il sourit le monstre. Avec ses dents qui sortent de la bouche."

Maman observait notre échange et je lisais dans ses yeux l'attente que la dame me dise enfin que tout ceci se passe dans ma tête et uniquement là. La dame réfléchit un petit moment et me demande :

"Et il est là tous les soirs ou seulement de temps en temps?"

Je vois maman lever les yeux au ciel et je réponds d'une petite voix :

"Il est là tous les soirs. Et je l'entends bouger sous le lit toute la nuit. Et parfois j'ai l'impression qu'il pleure... je vous jure que c'est vrai. Je n'invente pas et je ne rêve pas !"

Elle me regarde et sourit. Maman ouvre la bouche pour interrompre l'échange mais la dame la devance.

"Je te crois Maëline. Je te crois. Commence-t-elle. Madame. Vous allez mener votre fille chez un ami à moi. Il est professeur en mysticité. Il faut identifier quel monstre vit sous le lit de votre enfant afin de ...

- Tout ceci est ridicule ! Intervient maman. Ça se passe dans sa tête et vous, vous l'encouragez ! Je suis venue ici pour qu'elle comprenne qu'elle doit arrêter d'inventer toutes ces histoires ! Pas pour vous entendre la conforter dans ses hallucinations d'enfant! Continue-t-elle en haussant le ton, ce qui me fait pleurer. Les monstres n'existent pas et vous devez le lui dire, que tout soit réglé.

- Mais enfin madame. Répond la dame, en ouvrant d'immenses yeux étonnés. Bien sûr qu'ils existent. Ils ont toujours existé. Ils sont la manifestation physique des peurs et angoisses. Seuls les enfants peuvent les voir. Et s'ils ne font pas la paix avec leur monstre, lorsqu'ils grandissent, il est toujours là et est d'autant plus effrayant qu'ils n'ont plus la capacité de les voir. Allez voir mon ami. Lui saura aider votre fille. Conclut-elle en tendant un bout de papier à maman.

Maman ne sait pas quoi dire. Elle attrape le bout de papier, puis ma main et on s'en va. Elle reste silencieuse tout le trajet et quelques jours plus tard nous nous garons à l'adresse indiquée sur le bout de papier. Devant nous se dresse un grand bâtiment d'apparence sobre. Nous y pénétrons, peu convaincues. Un homme, petit et tout fin vient nous accueillir.

Bouts de Vies, Bouts d'histoires.Where stories live. Discover now