La liberté arrachée

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@Lylo1712 tu m'as donné y a un moment les mots

Anastasia, Yoan, Sac à dos, sweat, cuillère, violet, chanter, posséder, moyen Orient

"Elle est jeune, elle est pleine de vie, elle rayonne tel un soleil. Elle a un corps fin et des gestes gracieux. Ses yeux bleus foncés presque violets contrastent avec le teint hâlé de sa peau et ses cheveux bruns comme l'ébène. Elle représente la liberté et le désir de vivre, dans ce pays du moyen-orient où être libre n'est pas une option.

Elle avait appris la nouvelle un mois auparavant.
Alors qu'elle préparait le thé dans la cuisine pavée de mosaïques bleues son père l'a fait mander au salon. Il était assis sur le tapis aux couleurs vives et fumait tranquillement sa pipe.

- Père? Tu souhaitais me parler?

- Assieds-toi Anastasia. Je ne veux pas avoir à lever les yeux pour te parler. Énonce-t-il froidement en désignant d'un geste le tissu devant lui.

Elle s'est assise, en baissant les yeux. Il était irrespectueux de regarder un homme en face sans y avoir été invitée. Elle demeura ainsi quelques minutes jusqu'à ce que Mahedy, son père, ouvre enfin la bouche.

- Tu as quinze ans, et tu es une femme maintenant. Il est temps. J'ai trouvé la personne parfaite pour cela.

Cette annonce lui fit l'effet d'une douche froide. Elle avait commencé à saigner trois mois auparavant. Elle avait tenté de le cacher car elle savait ce que cela signifiait. Son corps était fécond, elle était mariable.

- Comment as-tu..., commença-t-elle sous le choc.

- Là n'est pas la question fille. Tu épouseras Mehmet, le cousin de ta mère. Il a une situation confortable et une position éminente dans la direction de notre fille. Dans deux mois. Le temps que nous réunissions tout le monde.

- Mehmet a au moins quarante-cinq ans... Répondit elle abasourdie.

- Qu'importe! Il saura remplir ses devoirs et donner à la famille des héritiers.

- Je suis si jeune, est-ce que nous ne pourrions pas attendre quelques années? Que je choisisse moi-même mes fiançailles?

- Pour que tu me ramènes un être quelquonque qui ne nous apportera rien? Non. Tu épouseras Mehmet. Ce n'est pas négociable. Termina-t-il en la chassant d'un geste de la main pour lui signifier qu'elle pouvait disposer.

- Et si je refuse? Les mots avait franchi ses lèvres avant qu'elle n'ait pu les réfréner.

- Tu n'es pas en position de décider quoi que ce soit. Tu es ma fille. Ma propriété. Je choisis qui partage ta couche et ta vie.

- Père...

La giffle fila très vite et très fort. Quelques gouttes de sang coulèrent de sa lèvre fendue. Anastasia avait les larmes aux yeux mais elle refoula sa peine et resta à genoux, la tête basse. Soumise.

- Bien. Maintenant apporte le thé. Et... précision. Tu ne t'approche plus de ton ami étranger. Il va porter la honte sur la famille. Va maintenant.

Cela faisait un mois. Et depuis elle n'avait cessé de réfléchir. Depuis elle n'avait cessé de se préparer.
La solution à son problème s'est matérialisée sous la forme d'une personne. Yoan, son ami d'enfance. Était d'origine française. Il était arrivé au pays à l'âge de sept ans. Ses parents avaient émigré en Syrie à cause du travail de son père.
Ce jour là elle était devant sa maison en train de filer du tissu quand il est arrivé, les mains dans les poches et le regard triste. Quand elle l'a vu elle l'a chassé.

Bouts de Vies, Bouts d'histoires.Where stories live. Discover now