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- A L E C -

— Vous arrive-t-il de faire des cauchemars ?

Je reporte à nouveau mon regard sur le médecin.

— Des cauchemars, soupirais-je. J'en ferais peut-être, si j'arrivais à dormir.

— Alors vous ne dormez plus, répond la psy.

— J'ai de plus en plus de mal à m'endormir, oui.

— Qu'est-ce qui vous empêche de dormir, selon vous ?

— Je veux pas risquer de revoir mon frère dans mon sommeil, c'est ça la raison. Du moins..

— Hum ? Du moins quoi ? Elle relève la tête vers moi.

Je chasse très vite cette vision de mon esprit. Tony, la maison, les escaliers. Je chasse tout. J'ai pas envie d'y penser.

— J'ai une copine. Elle s'appelle Amy, je change de sujet.

— Alors vous avez quelqu'un dans votre vie. Tenez, parlez-moi un peu d'elle.

— On sort ensemble depuis plusieurs mois déjà. C'est une fille vraiment géniale. Elle a débarqué par hasard dans ma vie et maintenant, je vois pas mon tableau final sans elle. C'est un peu à cause d'elle, si je suis là aujourd'hui. Elle disait en avoir marre, de me voir me rendre fou tout seul dans mon coin, sans parler à personne de ce que je pouvais ressentir depuis la mort de mon frère.

— Qu'est-ce que vous ressentez, Alec ?

— Je suis heureux, je le sais. Mais y'a cette part en moi. Elle est triste, traumatisée et en colère. Elle ne partira pas. Et d'ailleurs je cherche pas à la faire partir.

— Que recherchez-vous alors ? Elle demande en rattachant ses cheveux.

— Tout ce que je veux, c'est qu'elle ne prenne pas le dessus sur mes émotions. J'ai peur qu'en y pensant à chaque fois, je la fasse grandir en moi, et qu'elle finisse par gagner. Ça, c'est hors de question.

— Vous vous empêchez de vous souvenir de votre frère pour ne pas faire grandir cette part d'ombre en vous ?

— Ouais fin dit comme ça c'est bizarre, je sais mais oui, c'est ça. Je ne pourrais pas penser à Tony sans penser à l'état dans lequel je l'ai retrouvé ce soir-là, murmurais-je.

— Vous vous sentez prêt, à aborder le sujet ?

— Non, pas vraiment.

— Je vois, elle note un truc dans son carnet.

Je souffle en repoussant mes cheveux en arrière.

— Vous ne les avez pas coupés, finalement.

— Eh non, riais-je. Ma mère et ma copine disent que ça me va bien alors.

— Votre petite amie, a-t-elle rencontré votre famille ?

— Si vous saviez les circonstances dans lesquelles elle les a rencontrés la première fois, je dis en y repensant. Mais bref, oui mais pas tous. Ma mère, Amaya et Alvin seulement. Mon père avait déjà quitté la maison à ce moment-là. D'ailleurs, je suis censé rencontrer sa famille d'ici quelques jours, je lâche promptement.

𝑵𝑨𝑻𝑨  𝟐Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt