Chapitre 8

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Durant ses cours , notre prof faisait très souvent des digressions et nous parlait des 1eres années qui avaient suivies l'indépendance du pays. Il nous apprenait que la nourriture ne manquait pas en ces periodes fastes et dans tous les coins du Sénégal ,on faisait venir Coura Thiaw , une danseuse qui mettait en transe les spectateurs avec ses petits pagnes suggestifs et rangs de perles autour de ses reins .
Les femmes vêtues de boubous festonnés à la main par des artistes du fouta-Djalon rivalisateur d'élégance et de bon goût . Les hommes aussi ne sortaient jamais sans leur sambassimbé, sorte d'étole en cotonnade teinte avec des écorces d'arbre pour obtenir ce bleu Rombalman , un bleu d'encre plus ou moins strié de reflets mordorés selon l'intensité de la lumière du jour . C'était l'époque où le Président Senghor avait organisé le premier Festival mondial des arts nègres pour montrer à ses invités , des intelectuels venus du monde entier , le sens esthétique des artistes africains.
Depuis mes premiers jours de classe , j'aimais étudier parce que je trouvais plus passionnant d'apprendre à lire et à écrire que de passer mes journées sans rien pour me distraire . Chez moi , il n'y a jamais eu un seul jouet. Ma mère refusait de m'offrir une poupée parce qu'elle disait que le jour du jugement dernier, le Bon Dieu qui n'apprécie pas les reproductions humaines me demanderait pour me punir d'insuffler la vie à la poupée.

LA NUIT  EST TOMBÉE SUR DAKAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant