Chapitre 5 : l'évènement 3

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Je me levais tous les jours à 8h, j'avais réglé mon réveil tout seul car je savais que personne ne viendrait me sortir de mon lit. Je descendais les escaliers, d'un pas lent, d'un pas encore fatiguer par le peu de sommeil qu'avait mes nuits, par le peu de conviction qui rythmais ma vie. Je n'avais plus de raison de me lever le matin, mon père désormais dormait sur le canapé, il trouvait trop dur de monter les escaliers pour venir se blottir contre moi. Pour venir d'une certaine façon réconforter son fils, et lui faire comprendre qu'il comptait encore. Non, il ne le faisait plus. Je passais devant le canapé en me dirigeant vers la cuisine, Michael était déjà levé, il était toujours levé avant moi, il était assis à table, lisait le journal, toujours le même, celui qui contenait l'article fait par le journaliste. Car oui, le journaliste avait publié l'interview qu'il avait fait de mes parents, omettant les réponses de mon père. Il faisait l'éloge de ma mère, et c'est tout, ce qui rendait l'article encore plus horrible, je lisais la nouvelle vie de ma mère, qui semblait avoir oublié celle qu'elle menait avant. Contre le journaliste, s'élevait une haine que je ne pouvais réguler, c'était un sentiment normal, je l'acceptais car après tout, il méritait ma haine, il avait volé ma mère. Le petit déjeuner n'était jamais sorti, personne ne me le préparait, personne ne s'occupait plus de moi, même Michael restait là sans bouger, il me regardait prendre les céréales, me souriait puis lisait, encore et encore les mêmes mots. Peut-être se disait-il qu'il passerait mieux, mais quand il se mettait à les prononcer à voix haute, ma tête tournait, brûlante, comme si elle pouvait exploser à tout moment. 

"- Êtes-vous heureuse Mélanie ?

Je détestais le fait qu'il prononce son nom, que le journaliste se permette de l'appeler par son prénom, je savais que ses questions il les avait fait pour nous faire mal, pour nous provoquer, il avait volé ma mère, et il en était pas peu fier. 

- Je le suis maintenant, j'ai retrouvé une paix intérieure, répondit-elle en souriant

- Parce que vous ne l'étiez pas avant ? 

- Je n'étais que partiellement heureuse, quand je montais sur scène, c'est tout. 

- Pourtant vous aviez une famille, n'avez-vous pas un fils ? De 10ans il me semble ? 

- En eff- 

- A quoi tu joue Michael ! Sérieux, arrêtes, pourquoi tu nous fait du mal comme ça, je croyais que si tu restais avec nous c'était pour nous apportait un soutien moral tu disais, si ton soutien moral c'est de me rappeler tout les matins que je n'ai plus de mère et qu'elle ne me regrette même pas. Eh bah prend tes affaires et tire-toi. 

- Ellis, je ne fais pas ça pour te faire souffrir, désolé. 

- Tu l'as vu, tu l'as bien regardé, tu nous vois au moins. Son état empire chaque jour, et tu ne fais rien pour l'aider, je croyais que tu étais son meilleur ami, je croyais que tu l'aimais. Mais non, tu restes là, comme s'il jouait un rôle d'une de ses pièces. Mais ce n'est pas une pièce, c'est la vraie vie, ce n'est pas un personnage, c'est lui. Alors au lieu de lire ce putain d'interview en boucle, lève-toi, prend-le dans tes bras et dis lui que tout ira bien. 

- Je ne peux pas Ellis. Parce que ce n'est pas vrai, tout n'ira pas bien, tout ne va pas bien. 

- Alors qu'est-ce que tu fais encore là ? Qu'attend-tu pour partir, tu ne sers à rien ici.  

- Je restes parce que vous êtes ma seule famille. 

- C'est pas vrai, tu en avais une de famille, une belle mais tu l'as abandonné, pour quoi, pour rien, car on n'est même plus une famille nous, parce que le seul membre qui nous maintenait ensemble est parti. Ma mère me manque Michael, mon père aussi. Aide-moi à l'ramener. 

- Je veux bien essayer Ellis, mais ça ne va pas être facile. 

- De quoi vous parlez ! s'écria mon père du canapé. 

- Rien mon vieux, rendors-toi. 

- Vous mentez, je vous entends depuis tout à l'heure crier, j'arrive plus à dormir maintenant. ELLIS !

- Oui ? 

- Viens. 

- J'arrive. " 

Je ne quittais pas des yeux Michael, notre conversation n'était pas fini, je ne comprenais toujours pas pourquoi il restait là. Mon père était pareil à une épave, écroulait sur le canapé à moitié nu. Plusieurs bouteilles vides se trouvaient au pied du canapé, je me penchais pour les ramasser quand il se releva en sursaut. 

" - Laisse-les. 

- Mais elles sont vides papa. 

- Alors ramènes-en des pleines. 

- Tu ne penses pas avoir assez bu  ? 

- Assez, comment ça assez, je n'aurais jamais assez d'alcool dans le sang pour noyer mon chagrin. 

- Mais pourquoi cherches-tu à le noyer ?

- Tu préfèrerais que je me noie moi. 

- Je n'ai pas dit ça, ne dit pas des choses pareilles. 

- Ne me parle pas comme ça Ellis, pas avec ce ton. 

- Quel ton papa ? 

- Le même que celui de ta mère, je sens dans ta gorge de la pitié, tu me regardes comme si j'étais un chien battu, comme si je n'étais plus rien, mais Ellis n'oublie pas que je suis ton père, je garde une autorité sur toi, et tu ne peux t'en détacher. 

- J'ai pitié de toi, j'ai pitié de ce que tu es devenu, tu étais si grand, même pour moi, tu l'as toujours été, une grande personne, mais tu es devenu si petit, à te détruire comme ça, tu n'es plus le père que j'ai connu, tu n'es plus le père que j'aime, mais je sais qu'il est encore là, je sais que tu es encore là papa, reviens-moi, je t'en supplie, revie ... reviens-moi. "

Je ne pus m'empêcher de sangloter, mon père s'était levé, il me faisait face, et me regardant avec mépris, il leva la main sur moi, les larmes se mirent à couler encore plus, mon t-shirt était trempé, la gifle que j'avais reçu ne m'avait rien fait, au contraire, je restait debout en face lui, en en attendant une autre, je voulais qu'il me frappe, c'était la seule marque qu'il pouvait laisser sur moi, c'était la seule manière pour qu'il revienne à lui, sauf qu'il ne s'arrêtait pas, je sentais mes joues rougirent, je les sentais mourir sous les coups jusqu'à ce que je ne les sentes plus. Michael m'éloigna de lui, il lui en fallût du temps pour traverser la cuisine et nous rejoindre, je suis sûr qu'il avait regardé la scène avant d'intervenir, peut-être qu'il restait parce qu'il aimait nous voir périr jour après jour. Mon père s'effondra, il était là, de retour, il était avec nous, je me débattait pour me libérer des bras de Michael qui me serrait fort contre lui. J'enlaça mon père, ne voulant plus le lâcher, je sentais du sang coulait dans mon coup, avait-il frappé si fort ?

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