chapitre 5

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Entrant par la porte, un son cristallin de clochettes nous accueillant, je fixe l'avant. Un petit garçon me regardait de ses yeux globuleux, critiquant nos caricatures avec inquiétude alors qu'il recule d'un pas. Je l'effrayais. Le pauvre ne devait être doté de quelques années seulement.

   « Où est ton grand-père? » lui demandais-je et le gamin ouvre sa bouche et la referme, toujours sous le choc. Je soupire et d'un signe de tête, je demande à Nayeon de m'attendre à l'extérieur du magasin. Elle obéit. La clochette sonna de nouveau.

   Un vieil homme tenant dans sa main poisseuse une bouteille de verre verdâtre translucide se montre. Il venait de sortir de l'arrière du magasin, vaguement dissimulé par une multitudes de rangées de billes multicolores effleurant le sol. Suho pousse de son autre main l'accessoire et je pus apercevoir plusieurs boîtes empilées l'une sur l'autre en arrière de lui. Je fronce les sourcils et recentre mes yeux sur ceux du vieillard.

   « Sale fils de pute » marmonne-t-il à voix basse et je fixe l'enfant, un vague sourire perché au coin des lèvres. Devant la colère croissante de son grand-père, le mioche s'enfuit. Je l'entends monter les escaliers à une vitesse d'avorton. Son grand-père, soûl et enragé, fait tomber sa bouteille de soju au sol et c'est en beuglant comme un animal qu'il se projette vers moi.

Ses mains sales s'agrippent au col de mon chandail et c'est en récitant une série de jurons qu'il me pousse contre une étagère, faisant tomber la moitié de son contenu; des objets érotiques qu'il vendait à semi-prix à des vieux tout aussi caducs que lui. Un rire s'échappe de mes lèvres.
Je ne me plaignais pas. Ni de cette haleine putride ou de cette haine que je méritais. Je l'avais arnaqué. Lui et son fils.

J'avais été son livreur. Depuis la mort de mes parents je crois bien. Le fils de cet ivrogne de Suho était un dealer. Il travaillait pour d'autres figures, plus renommés, connus et haïs par les officiers de police de ce pays de merde. Il s'appelait Mingyu. Nous sommes allés au même lycée et il était connu pour être celui qui vendait de la came aux bourgeois des écoles privées.
Un enfoiré de première classe, idiot, quoi qu'extrêmement intelligent lorsqu'il s'agissait de science ou de production de drogues.

Il avait commencé à m'initier à leurs subtilités à un jeune âge. Plus tard, j'étais devenu son employé. J'éparpillais les différentes commandes de ses différents clients et je récoltais l'argent. On se le partageait ensuite dans un ratio inéquitable, mais j'étais jeune, je ne m'étais jamais plaint de mon pourcentage, car il était suffisant pour me garder en vie. De plus, il m'avait offert un toit où me cacher des policiers et des services sociaux.

Et je l'avais trahi. Cette façon de le dire était sûrement erronée, car il n'en avait eu rien à faire. Mingyu avait trouvé la situation divertissante. Il avait ri à ma gueule alors que j'étais rentré dans ce même magasin, quelques mois plus tôt, le nez couvert d'une poudre blanche, de sa poudre blanche qu'il m'avait demandé de vendre à je-ne-sais-qui. Il avait ri et j'avais ri aussi, le cerveau déglingué par cette consommation impulsive, par ce comportement ordalique teinté par une envie de mourir qui s'était développée au fil des années, longues et chiantes.

Son grand-père, Kim Suho, chef de ce putain d'arbre généalogique, en avait gardé un souvenir amer, au point où, même aviné par un bon litre de soju, il me reconnut. Il dépendait sur l'argent que son fils se procurait et techniquement, mes actions irréfléchies avaient fini par affecter leur situation financière.
Le pauvre vieux fut privé de bouteilles d'eau-de-vie pendant quelques temps à cause de moi.

Assailli par une armée de postillons et de bactéries buccales, je le repousse et il tombe au sol, la graisse sur son ventre suivant le rythme de cette chute.
« Sale mioche! » s'écrie-t-il et mon sourire ne fait que s'étirer. « J'vais t'tuer, p'tite merde! »s'exclame-t-il, s'agitant comme un diable, tentant en vain de se relever. Il n'y arrivait pas.

𝐈'𝐌 𝐏𝐑𝐄𝐆𝐍𝐀𝐍𝐓 | 𝘮𝘪𝘯.𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant