Chapitre 1

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Il était presque sept heures du matin lorsque je finis mes invocations après la prière de fajr

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Il était presque sept heures du matin lorsque je finis mes invocations après la prière de fajr. Le sentiment de quiétude et de paix que me procure ce moment de la journée est inexplicable. C'est le seul moment où je suis tranquille, le seul moment où je sais que personne ne viendra gâcher ma journée.

Je vis dans une maison avec mes parents, ma sœur et mon frère. Enfin théoriquement. Ce n'est pas ma famille biologique mais je vis avec eux depuis que j'ai quatre ans. J'ai vingt-quatre ans aujourd'hui et tout ce que je souhaite c'est de retourner au moins dix ans en arrière. Encore profiter des derniers jours de ma mère. Elle me manque tellement. Je n'avais que dix ans, lorsque cette fichue maladie l'a emportée mais déjà à cet âge, elle était tout ce que j'avais. J'étais une petite fille timide, je le suis toujours d'ailleurs, et j'étais constamment collée à elle.

Ma mère, Mame Fama Ly, était la deuxième épouse de Abdoul Sarr. Il n'est pas mon père. Je ne connais pas mon père. Ma mère ne m'a jamais parlé de lui. Plus petite, je croyais vraiment que son mari était mon père mais au fil des années j'ai compris que non. Sa première femme, Aïssatou Seck, ne cessait de me rappeler que je n'avais aucun lien de parenté avec eux. Elle a deux enfants. Moins âgés que moi. Penda Sarr, une sorcière comme sa mère et Alioune Sarr, pas mon plus grand ami mais on s'entend bien.

Je range mon tapis et ma tenue de prière dans ma commode. J'y dépose aussi mon chapelet et range mes lunettes que j'avais laissé sur mon lit. Je prends la boîte qui contient mes lentilles de contact et les mets. Je suis atteinte de myopie depuis que je suis née. J'ai toujours porté des lunettes mais ces dernières années, je suis devenue complexée par rapport à ça. Du coup, je porte des lentilles de contact.

Je prends ensuite mon téléphone et mes écouteurs avant de sortir de la chambre. La chambre que je partage avec Penda. Partager est même un gros verbe dans le sens où je dors sur un matelas et je n'ai qu'une commode pas très grande pour toutes mes affaires. Je ne me plains pas parce que je préfère dormir en bas mais dès que je le fais, ma belle-mère me rappelle qu'ils m'hébergent et qu'elle peut me foutre le camp à tout moment. Bien plus facile à dire qu'à faire parce que mon beau-père, Abdoul, me défend toujours. C'est mon seul ami dans la maison. Il n'est presque jamais à la maison. Dey dokhane. Il drague. Tout le monde sait. Et c'est pourquoi sa femme est frustrée à longueur de journée. Bakhna ci mome. C'est bien fait pour elle.

Lorsque j'arrive dans la cour, il commençait à faire jour. Un air frais soufflait et d'après la météo de Riad, il ne va pas pleuvoir. Après, nous sommes en Septembre et qu'il y ait des nuages ou pas, ça pleut. Je dois laver le linge donc espérons que Riad ait raison. Je mets mes écouteurs et commence à remplir les bassines d'eau. Si je ne lavais que mes habits sakh, je l'aurai fait avec plaisir mais chaque mercredi Aïssatou Seck s'amuse à sortir tous ses habits et ceux de ses enfants pour que je les lave et les repasse.

Je donne sûrement l'impression d'être une fille qui se laisse faire et qui subit mais je n'ai pas le choix. Si je veux survivre dans cette maison, il faut que je suive les règles. Et les règles sont : faire le ménage, cuisiner, laver le linge, préparer le petit-déjeuner presque tous les matins et j'en passe. Oui je suis la bonne de la maison. Je suis Cendrillon avant son prince charmant. C'est cliché mais c'est réellement ce que je vis.

Jamais deux sans toiWhere stories live. Discover now