Chapitre 39 : Les Hybrides

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La fin de la journée fut donc intégralement dédiée à l'enterrement des compagnes, amies et sœurs de Yelena et les autres filles de sa meute.

Les séparations furent déchirantes et émouvantes. A chaque mise en terre, les plus proches de la victime prirent leur temps, se recueillirent à la mémoire de chacune, n'hésitant pas à entretenir leur mémoire en contant leurs péripéties ensemble, leurs joies et leur peines. Lorsque chacun eut déposé une germe de fleur, un des garçons s'occupait de descendre le corps dans la cavité qui abriterait son corps à jamais et nourrirait la terre et les générations à venir.

Lorsque le dernier hommage fut rendu, la lune était déjà bien haute dans le ciel. Ses rayons, toujours bienveillants, semblaient venir éclairer chacune des dizaines de places abritant désormais les victimes de la nature des Hommes.

Arwen fut la première à muter, suivie rapidement de tous les autres. À l'unisson, ils levèrent leurs museaux vers l'astre et entonnèrent le chant si particulier aux loups, celui d'un adieu définitif.

Sous l'influence de l'astre et de ses émotions, la magie d'Arwen s'éveille doucement. La brise de vent si particulière à la manifestation de ses pouvoirs vient courir délicatement sur la peau de tout un chacun, procurant des frissons par centaine. Le vent léger vient courir entre chaque tombe, et sur chaque amas de terre, de la verdure finit par surgir, égayant la dernière maison des morts, rendant l'instant moins triste et plus beau. L'herbe verdoyante couvre intégralement la terre, et en leur sein finit par pousser des dizaines de fleurs toutes plus belles les unes que les autres. Chaque tombe se retrouve ainsi fleurie de ce que l'on suppose la fleur préférée de celle qu'elle enferme, créant non plus une clairière devenu un cimetière, mais une clairière devenue une prairie aux milles nuances de couleurs.

L'endroit ne reflète non plus le deuil, mais la fierté et l'amour. L'amour de femmes ayant données leurs vies pour aider des personnes que la vie à fait s'égarer, à revenir sur le droit chemin.

Leur sacrifice n'aura pas été vain. Elles auront été la première étape vers l'avènement de la paix universelle, parle Arwen avec émotions. Que leurs âmes rejoignent en paix les déesses, car leur combat est terminé, et qu'elles ont permis une belle victoire. Au nom de tous les loups, et tous les elfes existants, je les remercie et les intègre à titre posthume aux membres de la Meute Suprême. L'aide qu'elles auront apporté m'aura permis d'avancer sur la route de ma destinée, et a trouver la voix à emprunter pour achever ma mission et libérer chacun de ses démons intérieurs, de ses rancœurs et tous ses tourments.

Et alors que ces dernières paroles sont emportés par le vent, elle sent son âme sœur se lover contre elle.

Et elle comprend.

Personne n'est irremplaçable, moi la première. Nous partons tous un jour, et le temps finit par apaiser le chagrin.

Pourtant, certaines personnes souffriront de cette perte, répond Michael. Bien plus que d'autres. Et les plus proches de toi seront soucieux de continuer ce pour quoi tu aura passer ta vie à te battre. Beaucoup continueront ta quête si tu t'en vas et quelqu'un finira par prendre ma place à la tête de la meute si un jour Selenee me rappelait à elle. Mais si en effet nous ne sommes pas irremplaçable, nous sommes tous uniques. Personne ne réagit de la même manière à une situation. Toi, tu es exceptionnelle. Tu es comme Esmeria en soit. Tu sais toucher les gens seulement avec quelques mots, et faire exploser la petite lumière, le grain de bonté caché en chacun. Tu arrives à combattre les démons de tous ceux que tu choisis d'aider. Ou plutôt de tout ceux souffrant que tu croises : car tu ne fais aucune distinction, tu cherches à aider tout le monde.

Et beaucoup me font remarquer que je ne devrais pas en faire autant, sourit-elle.

En effet, mais c'est là celle que tu es vraiment, et c'est ce qui te rend si belle à mes yeux. Mais il faut que tu comprennes Arwen, certains maux ne peuvent être soignés par des paroles. Le deuil en fait partie. Si tu peux apaiser, tu ne peux guérir. Les proches de ces femmes seront tortures un long moment. Uniquement le temps pourra effacer leur peine. Pour les garçons, explique-t-il en se tournant légèrement vers les loups à l'écart, la culpabilité les suivra probablement toute leur vie. Tu leur a permis d'être pardonnés par les autres, mais se pardonner soi-même n'est pas si aisé, et on ne peut le faire que tout seul. C'est une question d'acceptation. Je pense que tu es la première à le savoir. Certains n'en seront jamais capable, la majorité même, pour ne pas dire la totalité. Pourtant tu leur a permit de débuter une nouvelle vie, certainement meilleure que la précédente. Et pour ça, tu peux être fière. Moi je le suis.

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant