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Jusqu'à quand aurait-il pu fuir ? Nul ne l'y avait forcé. Pourtant, à présent, il avait peur de faire face à ses mensonges. Il sentait qu'allait se briser quelque chose. Rien ne serait plus comme avant.

Il sortit la lettre qu'il avait dans sa poche, d'un geste hésitant. Était-ce convenable de procéder ainsi ?  Sauf que pouvait-il avoir le courage de lui faire face ? Ne méritait-elle pas plus de considération ?  Toutefois, la peur lui demandait de la lui remettre et de s'enfuir.

— Jusqu'à quand me l'aurais-tu cacher ?  Alors je n'étais que pour toi une simple couverture pour cacher ton homosexualité ?  C'est ça Christian ?  Je n'avais pas plus de valeur ?

Le jeune homme baissa les yeux, trop honteux pour soutenir le regard de Delavallée. Il lui était difficile de supporter l'attitude de la jeune fille. Il se sentait l'âme d'un misérable, d'un fourbe.

— Je ne sais pas si tu pourras me pardonner un de ces jours, car ce que je t'ai fait est impardonnable. Sur cette lettre j'ai écrit tout ce que je voulais te dire. Je ne te demande pas de me comprendre, ni de me pardonner si tu ne le peux pas. Mais sache que je regrette amèrement ce mensonge.

Le regard de Cézanne était méprisant, ses gestes étaient méprisants, sa personne toute entière était méprisante à l'égard de Christian. Elle avança jusqu'à lui, lui arracha la lettre et la déchira.

L'adolescent était confus. Son esprit assimilait à peine le geste de Cézanne.

— Ce n'est pas avec une pauvre lettre que tu pourras tout arranger, il est trop tard pour ça, c'est ce que tu ne comprends pas espèce de sale gay hypocrite et manipulateur. Tu croyais que tu allais te servir de moi indéfiniment sans que je ne le sache ? Tu t'es trompé, lourdement trompé !

— Cécé, sincèrement, je suis désolé, dit-il en prenant la main de Cézanne dans la sienne ne pouvant plus retenir ses larmes.

Ce « cécé », prononcé sur le ton du désarroi, semblait avoir rendu la jeune fille plus hargneuse.

Violement elle lui retira sa main, avec un regard noir de colère.

— Ne t’avise plus jamais de m’appeler comme ça ! Comment as-tu pu me faire ça ? Je croyais qu'avant toute chose nous étions amis... amis Christian... amis ! Tu… tu… je…

Cézanne aurait tellement voulu lui cracher tant de chose, mais ses idées emmêlées ne le lui permettaient pas. Son esprit vibrait sous la douleur. Enchaînes à des questions qui fragilisaient sa contenance. Christian l'avait brisé, Christian l'avait humilié, Christian l'avait chosifié...

— Pardonne-moi Cézanne... pardonne-moi, ne put que dire, en sanglotant, le jeune homme.

— Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ? Pourquoi moi ?

— Parce que tu étais là, tu m'aimais, c'était facile, avoua-t-il en ne pouvant soutenir le regard de Cézanne, ne cessant de pleurer.

La jeune fille resta percluse, le regard sidéré, l'esprit tétanisé par ces révélations. Avouer une telle bassesse ainsi ? Quel diable était cet homme qu'elle croyait connaître ?

— Tu es un malade ! Un vrai malade !

Ne pouvant plus supporter ce poids qui l'oppressait et qui lui ôtait la respiration, Cézanne se mit à courir. Elle voulait fuir loin, loin de ce démon qu'elle avait si longtemps aimé. Pourtant Christian attrapa son bras. Elle se dégagea avec fougue et le gifla avec une telle violence que cette dernière surpassa en bruits les éclairs qui annonçaient un orage.

— Tu es une crapule de la pire espèce Christian Aris Martin. Tu t'es joué de moi, tu as abusé de mon amour, tu m'as ouvertement utilisé, sans scrupule, sans tenir compte du fait que je t'aimais, que tu étais la personne la plus sacrée à mes yeux. J'aurais donné ma vie pour toi s'il le fallait !  J'aurais donné ma vie... mais tu m'as abusé de la pire des manières ! Je te hais, tu m'entends,  je te hais ! 

—  Je te promet que je suis désolé Cézanne, je te le jure, je regrette tout ce que j'ai fais... je n'aurais jamais dû profiter ainsi de toi... mais ma mère,  nos camarades, les soupçons qui pesaient sur mon secret ont eut raison de mon bon sens... je tiens à toi Cézanne... je tiens à toi et je regrette vraiment mon égoïsme...

Les mots s'entrechoquèrent dans sa bouche, Cézanne ne put les contrôler.

— Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Tu… tu… espèce de manipulateur ! Donc tu croyais que le mieux à faire pour cacher ton homosexualité c'était de m'utiliser ?  Tu pensais que si ta mère te voyait avec une femme elle n'allait jamais savoir que tu fricotes avec ce salaud de Devis ?  Maintenant je comprends tellement de chose !  Tu ne l'as jamais détesté, c'est ça  ? Tu as monté tout ce plan pour couvrir votre relation... oh mon DIEU, qu'elle insanité... Bon sang, tu es un vrai malade !

Tout devint tellement évident à Delavallée. Longtemps elle avait été dans le déni, refusant d'accepter cette vérité qui ne pouvait être cachée. 

— C’est pour ça que toi et Devis étiez toujours ensemble, c'est pourquoi tu m'as toujours mentit lorsque je te posais des questions pourtant je vous avais vu ensemble. Et c'était toujours lui sur ce fameux message... oh mon DIEU. Quelle horreur !

— Je…

Cézanne éclata de rire, malgré les larmes elle riait. La situation la dépassait. Comme un être humain pouvait-il être si fourbe ?  Manipulateur ?  Sans-coeur ?

Il lui était impossible d'accueillir ces révélations avec élégance. Non, elle était trop dévastée pour cela. Elle n'en avait pas la force. C'était au-dessus d'elle. 

—  Tu as gâché, notre amitié, mon temps, en as-tu conscience ?  Bien sûr que tu en as conscience. Tu avais en tête cette machination depuis le début, je t'ai juste servis le prétexte avec mon message. Quelle idiote je fais, quelle idiote !

— Ne dit pas ça s'il te plaît. Je n'ai rien planifié... avec Mattéo c'est arrivé... je veux dire notre histoire... bien après cette décision...

Christian en larme, les yeux bouffis, voulu prendre la main de la jeune fille, mais elle le gifla.  Une gifle magistrale, qui portait toute sa colère et son acrimonie.

— Tu vas me le payer Christian, crois-moi tu vas me le payer... ne penses pas t'en sortir aussi impunément...

Sans que Christian ne put rien faire, la jeune fille s'enfuit, laissant ce dernier tomber sur ses genoux, en pleurs, les morceaux de la lettre qu'il avait écrite se noyant sous la pluie naissante.

Cézanne était en pleurs, courant pour échapper à cette douleur harcelante. Elle n'arrivait pas à réaliser qu'elle avait vécu toutes ces années auprès de Christian sans vraiment le connaître. C'était une diable !  Un manipulateur !

Brusquement, elle se heurta à une personne et elle tomba. Elle n'eut guère le temps d'ouvrir les yeux, que la voix de Sofia lui parvint.

— Tout va bien Cézanne ? J'ai suivit des cris... n'est-ce pas Christian sous la pluie, demanda-t-elle en plissant les yeux... qu'est-ce qui s'est passé ? déclara-t-elle finalement en donnant sa main à Cézanne pour l'aider à se relever.

Baff !

Cézanne avait giflé la main de Sofia. 

— Fiche-moi la paix, et mêle-toi de ce qui te concerne, avait répondu la jeune rousse en se révélant.

Sofia était estomaqué. Qu'est-ce qu'elle avait fait ou dit de mal ? Et surtout qu'est-ce qui arrivait à Cézanne ?  Ce fut sans avoir les réponses à ses questions, qu'elle regarda Cézanne s'enfuir, le bruit de ses chaussures s'atténuant au fils des minutes. 

BORN IN RAINBOW ( BxB )Where stories live. Discover now