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Dès qu'il eut franchit la porte, Christian fut sidéré. Il ne put détacher son regard de Cézanne. Tout en la refermant, il dut invoquer toute sa courtoisie pour ne point crier sa stupéfaction.

Cézanne s'avança jusqu'à lui, et le prit dans ses bras. Elle était rayonnante, pas que dans sa mise, également dans son attitude. Elle souriait et était légère dans sa façon d'agir.

Madame Martin vint depuis la cuisine, portant un tablier. Elle également était bien vêtue, tout comme Cézanne. Comme si elles allaient à une réception.

— Mon chéri tu es là, on attendait plus que toi. Fais-vite de prendre ta douche et rejoins nous pour le dîner.

Sa mère lui souriait. Christian ne comprenait rien. Qu'était-ce encore que cette mise en scène ?  Il regarda Cézanne, elle lui sourit.

— C'est vrai mon chéri, ta maman a raison. Monte vite prendre ta douche. Je t'ai laissé un petit cadeau sur le lit, conclut-elle en baisant sa joue.

Christian réprima un haut-le-cœur et scruta Cézanne. Sauf que cette dernière revêtait une expression polie qui ne révélait rien. Il ne se laissa pas attendrir par le ton mielleux de la jeune fille, ni même il ne lui offrit un sourire. Il s'excusa auprès de sa mère et monta les escaliers.

Qu'était-ce encore ces machinations ?  Que venait faire Cézanne chez-lui ?  N'était-ce pas elle qui était censé le détester plus que quiconque sur cette terre ?  Alors pourquoi était-elle chez lui ? Lui souriant, et lui baisant la joue ? Qu'est-ce que cela signifiait ?

Christian referma la porte de sa chambre. La première des choses qu'il remarqua après avoir appuyer sur l'interrupteur fût une belle boîte bleu nuit. Il s'en approcha, intrigué, glissa son doigt sur le tissu de velours, puis se saisit de la boîte. Il leva les sourcils. Sous cette dernière, il avait ressentit une chose se rapprochant de la texture d'un papier carton. C'était effectivement cela lorsqu'il regarda. C'était un papier carton comme ceux sur lesquels on écrivait des mots.

Christian ouvrit la petite carte. Son souffle faillit se couper. Il n'arrivait à croire ce que ses yeux lisaient. Était-ce croyable ? Si bref mais si perfide ! Cézanne venait de le surprendre plus qu'il n'en aurait attendu d'elle.

Il ouvrit la boîte, se trouvait bien en son intérieur l'objet de sa liberté, de sa paix.

Christian descendait les escaliers, une marche après l'autre.  Réfléchissant une énième fois à la décision qu'il venait de prendre. De toute façon, se dit-il, il ne pouvait plus reculer. Il n'avait plus de choix. Cézanne ne lui avait pas laissé le choix. De plus cette décision n'était pas pour lui déplaire. Elle l'arrangeait.

On ne pouvait échapper à sa nature, à sa réalité. Il ne ferait pas exception à cette règle. Christian en avait bien conscience. Sa vie était déjà toute tracée, se fit-il la réflexion. Mattéo fût juste une distraction. Une distraction dont les souvenirs devenaient évanescents au fur et à mesure qu'il descendait les marches. Bientôt il construirait de plus beaux moments de vie avec cette opportunité que lui offrait Cézanne. Il allait la saisir, l'accepter, la respecter. Sa vie ne pouvait plus être autre chose que ce qu'il avait toujours au fond de lui désiré. Il s'était, enfin, résigné à accepter que l'on ne pouvait échapper à sa réalité. Sa réalité était ici, là,maintenant.

Christian jeta un dernier coup d'œil à son téléphone, il n'arrêtait pas de vibrer. Des notifications ne faisaient que pleuvoir : C'est vrai... sérieux... 😯... ne fussent que celles-là qu'il retenu, parmis la vague qu'il ne faisaient que voir défiler.

Il n'en avait cure, il avait déjà accepté cette porte, cette échappatoire que Cézanne lui offrait.

Une dernière fois il repensa au mot qu'elle avait laissé sur le papier. Si bref et perfide.

Sois tu fais de moi ta fiancée, sois je dis tout à ta mère. 

Christian ne pouvait plus fuir. Sa réalité l'avait rattraper et il devait l'accepter. On aurait dit que les événements de cette journée concouraient tous à lui offrir ce moment qui allait se jouer. Qui à jamais allait scellé sa vie. Marqué Cézanne, tout comme lui.

Arrivé à quelques pas de l'embrasure qui donnait au salon, Christian essuya ses larmes, respira un grand coup et esseya de se construire une contenance. Tout à l'heure il devait dire oui. Oui à une vie nouvelle. Alors il se devait d'être content. Il ne devait pas se laisser submerger par la tristesse. Il ne devait pas montrer cela à ses parents.

— Enfin te voilà mon chéri, on attendait plus que toi, ne put se retenir de dire Cézanne alors qu'il venait de pénétrer le salon.

— Qu'il est beau s'exclama Martine le regard fier, n'est-ce pas Patrick ?

Ce à quoi acquiesça favorablement son mari d'un hochement de tête.

Christian s'attabla. Cézanne posa une main sur la sienne, il lui sourit timidement.

— Alors, nous pouvons commencer ! affirma  Patrick.

Les anecdotes se succédèrent, quelques fois Christian s'adonnait à ce bavardage de plaisance, essayant ainsi d'attirer l'attention sur autre chose que sa mine pâle et déplorable. Même si cela sa mère ne l'avait pas remarquée, trop prise dans son babillage avec Cézanne. Son père lui avait demandé entre quelques échanges s'il allait bien, il hocha la tête positivement. 

À un moment de la conversation, Cézanne prit la parole. Frappant sa cuillère sur sa coupe de jus.

— Excusez-moi, mais Christian et moi voulions vous annoncer une belle nouvelle. D'où la raison de ce magnifique dîner que je vous ai demandé de nous apprêter Martine...

Cézanne regarda Christian avec un regard qui ressemblait à un de ceux que lançaient les amoureux transis, puis elle reprit avec gaieté.

— ... Tu souhaites que je leur dise mon cœur ou alors tu préfères le faire ?

Patrick et Martine échangèrent des regards intrigués. Christian sourit comme s'il allait à l'abattoir, il remercia Cézanne, puis se leva. Il ne pouvait plus obvier ce moment. Sa réalité s'imposait à lui.

— Cézanne aujourd'hui est un grand jour pour nous car il marque une rupture avec notre passé et une alliance avec notre futur, qui je l'espère sera beau.

Christian Martin marqua une brève pause, puis reprit.

— Cézanne Delavallée, aujourd'hui je souhaite devant mes parents te demander une chose importante.

Christian plongea sa main dans sa poche et en sortit la boite en velours. Il ouvrit le petit coffret ,présentant ainsi un magnifique anneau en or incrusté de diamants.

Cézanne fit celle qui ne s'attendait à rien, feignant l'étonnement. Elle vint même à verser quelques larmes.

Patrick ferma les yeux. Son visage avait une expression amère. Il regrettait déjà pour son fils l'acte qu'il allait poser.

Martine ouvrit grandement les yeux. Une fierté immodérée se saisit d'elle.

Christian reprit la parole.

— Cézanne Delavallée, veux-tu... veux-tu... veux-tu bien rester mon amie. Tous les deux nous savons que je ne pourrai jamais aimer la femme que tu es, comme aucune autres d'ailleurs, parce que je suis gay !

Cézanne fit de grands yeux. Elle était effarée. Elle devint tout à coup livide, ses jointures blanchies témoignaient de la vive colère qui la consumait.

Monsieur Martin ouvrit les yeux. Il fut soulagé, un regard fier pour son fils.

— Qu'est-ce que je t'ai fais pour que tu oses ainsi me déshonorer Christian Martin ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? 

Tous regardèrent vers Martine qui avait renversé d'un revers de la main la vaisselle qui se trouvait devant elle.

BORN IN RAINBOW ( BxB )Where stories live. Discover now