Une Part De Chacun 2

La Communauté Attend le Porteur de l'Anneau

Revêtu d’une tunique surplombée d’une cuirasse, Legolas observa le ciel s’éclaircir de teintes rosées. La nuit avait été longue, pour lui qui avait erré à travers la cité elfique sans réussir à trouver le repos.

Comprenant qu’il n’y parviendrait pas, il s’était dirigé d’un pas sourd vers le temple, où il avait prié les Valar. Seul dans l’édifice, il avait murmuré aux ténèbres ce qui fermentait dans son esprit depuis déjà vingt ans. 

Puis, les yeux vides, il était retourné dans sa chambre, le cœur plus lourd que jamais. Attrapant une plume et un parchemin, il s’était occupé de rédiger une lettre adressée à son père, l’informant de son appartenance à la communauté et de son départ prochain. Il n’osa pas mentionner Elenwë. Après tout, elle ne les accompagnerait pas durant leur quête.

Pourtant Legolas en était certain. Son chemin recroiserait rapidement le leur. D’une façon ou d’une autre, elle les suivrait. 

Attachant son carquois rempli dans son dos, il saisit son arc, passant une main sur les reliefs du bois. Le cadeau de son père ne l’avait jamais quitté depuis qu’il lui avait offert. Trois cent quarante-six ans. Le blond s’en souvenait comme si c’était hier. C’était avec lui qu’il avait combattu à Erebor. 

Descendant des escaliers, il rejoignit Gandalf et Boromir qui attendaient comme lui devant l’une des sorties de Fondcombe.L’homme lui adressa un hochement de tête respectueux, avant de retourner à ses cartes. Quand l’ellon posa son regard sur le magicien, il l’aperçut faire un pas dans sa direction. Aussitôt, le blond bifurqua. 

Il ne se sentait pas près à lui parler. Pas après la défaite qu’il venait d’essuyer la veille. S’adossant au mur, il ferma les yeux, attendant le reste de la compagnie. 

La délégation des elfes s’installa dans la cour, menée par Elrond, l’air grave. Derrière lui, se tenaient ses deux fils, ainsi que sa fille cadette, Dame Arwen. Legolas savait l’amour passionné qu’Aragorn dévouait à l’Etoile du Soir. Lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois, le rôdeur lui avait avoué le péché qu’il acceptait pleinement. 

Les choses avaient bien dû évoluer, constata le prince en remarquant le regard qu’ils échangeaient. En dernier, Sam arriva en trottant, traînant un poney avec lui. La communauté était au complet. 
Elrond garda le silence, et Legolas sentit qu’il portait son attention sur chacun des fous qui s’engageaient sur le chemin de la Montagne du Destin. Car oui, ils étaient fous. Cette pensée ne quittait pas l’esprit de l’elfe. La plupart d’entre eux se promettaient à une mort juvénile. Et tout ça pourquoi ? Nous aurions pu nous aplatir sur nos sièges comme ceux qui nous regardent de loin aujourd’hui. Nous aurions pu garder le silence et attendre que d’autres se désignent. Ses yeux bleus se posèrent sur ses camarades.

Cette étape avait effectué une sélection. Ne restaient que ceux capables de mettre leur vie en péril pour Arda. Ils sont fous, mais je le suis d’autant plus. Sauver la Terre du Milieu était peut-être l’objectif de la quête, mais lui n’y allait pas désintéressé, songea le prince en suivant du regard la silhouette d’Elenwë qui se mêlait à la délégation.
Il fronça les sourcils lorsque, munie d’un arc et d’un carquois, elle s’avança jusque Elrond. Se positionnant à sa droite, elle planta ses yeux dans ceux de Gandalf. 

- Je souhaiterais vous remercier de votre dévouement, mais avant cela, laissez-moi vous annoncer une nouvelle des plus réjouissantes.

Suspendue à ses lèvres, l’assemblée restait muette. Legolas ouvrit de grands yeux, prévoyant la suite de son discours. Ses tripes remuèrent dans son abdomen, le poussant au comble de la tension.