3 - Veille des retrouvailles - Tyler

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La veille des retrouvailles.

Tyler.

Je lis le mail de ma secrétaire qui m'informe que mon rendez-vous pour l'interview du Horbes Magazine, se tiendra demain à 14h dans le Castillo Hôtel. Elle m'envoie une liste de questions que je lis de façon distraite. A quoi bon me concentrer là-dessus ? Je mentirais à la grande majorité d'entre elles de toute façon. Les gens ne veulent pas connaitre la vérité. Ils veulent que je leur serve une belle histoire capable d'inspirer les bouquins qu'ils lisent le matin en prenant leur café ou qui leur donnera le courage de quitter leur job de merde qu'ils n'abandonneront finalement jamais.

Un de mes gardes tape trois fois à la porte de la salle VIP dans laquelle je me trouve. C'est le code pour me signifier que le casting débutera d'ici peu. D'habitude je le fais passer avec mon mentor Caleb Guerrez. Mais ce dernier n'est pas disponible aujourd'hui.

En tout cas c'est ce qu'il m'a confié il y a de ça, quelques heures. C'est pourquoi je suis surpris de le voir débarquer avec une serveuse sur ses talons. Comment est-ce qu'elle s'appelle déjà ?

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je avant même qu'il ne se soit assis près de moi.

Il enlève sa veste, la jette sur le côté et caresse ses cheveux noirs pour les plaquer en arrière. 

— Il se trouve que ta sœur a décommandé. Quand je suis arrivée, elle a dit devoir déjeuner avec une ancienne amie. J'ai préféré les laisser entre femmes.

Je retiens un petit ricanement.

— Tu veux dire qu'elles ont refusé de t'inviter, déduis-je.

— Tu sais que je préfère faire passer nos auditions.

— Je sais que tu es un pervers.

Loin de s'offenser, il hausse ses épaules avec indifférence.

— Il faut l'être au moins un peu pour faire ce qu'on fait. Toi-même tu en as chopé plusieurs dans les lots pour ton compte.

Il a raison. Il faut être carrément tordu pour tremper dans notre domaine. Si Horbes savait qu'une partie de l'argent que j'ai investi dans mon agence immobilière vient en réalité d'une activité qui frôle l'illégalité, je doute qu'ils voudraient encore ma photo dans leur magazine.

— Pour ma défense, c'est elles qui me réclamaient.

La serveuse, une jeune femme aussi peu vêtue que le reste de notre personnel féminin, nous sert deux verres de gin, et nous les tend.

— Ça doit aider d'avoir une aussi belle gueule.

Ses yeux bleus matent ouvertement le creux qui se crée au milieu de son énorme poitrine lorsqu'elle se penche, et fait exprès de ne pas récupérer tout de suite son verre pour continuer à la regarder.

Je ne sais pas s'il parle de moi ou d'elle alors je ne réponds rien. J'attrape mon verre et le porte à mes lèvres pour boire.

La première de nos candidates est escortée par un garde sur la piste de danse. On peut sentir sa nervosité des kilomètres à la ronde. Je devine que c'est sa première fois. Elle enlève lentement le manteau qui recouvre son corps, démasquant sa jolie plastique, et attrape timidement la barre de fer au milieu de la scène.

— Encore une novice, souffle mon ami, l'air ennuyé.

— On a besoin de sang frais Caleb. Le Bunkey Club nous a volé les meilleurs éléments.

— Ce n'est pas celle-là qui les remplacera. Je préférerais de loin ma cliente actuelle. Tu sais, celle dont je t'ai parlé.

— Tu as envie de baiser toutes nos clientes de l'agence Caleb. Et toutes nos employés du club.

— J'ai déjà fais toutes celles du club, répond-il fièrement.

Je retiens un soupir.

— Evidemment.

— Mais tu verrais le corps de cette nana. Je la déglingue quand elle veut.

— Je m'étonne que tu ne l'aies pas convaincue de passer le casting.

Notre potentielle future strip teaseuse se déhanche de façon macabre sur une musique qu'elle pense surement être lascive. Je n'aime rien dans son show, ni son choix de musique, ni ses sous-vêtements – qui met des dessous verts ? – ni ses coups de reins saccadés. J'ai l'impression de faire face à ces figurines de chien que mes parents avaient à l'avant de leur voiture et qui bougeaient leurs têtes au moindre mouvement.

— Je sais choisir mes combats. Elle est du genre super friquée.

— Oh, me rappelé-je. C'est celle qui a insisté pour avoir un appartement similaire au mien ?

— Pas juste un qui soit équivalent, celui qui est dans ton immeuble. Elle a fait le chèque sans même l'avoir visité. Peut-être que c'est une sorte de tarée qui espère te croiser nu dans les couloirs. Ça ne t'a vraiment pas dérangé que je la laisse acheter cet appart ?

Je hausse les épaules négligemment.

— Les gens riches ont tous leurs petites perversions, soufflé-je.

— Comme tu dis. On est bien placés pour le savoir maintenant.

— C'est différent. C'est pour être riches que nous avons plongé dedans.

Et si c'était à refaire, je resauterais les deux pieds joints dans le puits de perversion qui m'a emmené ou je suis aujourd'hui.

Caleb sort son téléphone de sa poche, pianote deux ou trois trucs, et je me dis que je devrais en faire autant. Je fais signe à la fille de stopper sa danse désordonnée. Je pense qu'elle a compris toute seule qu'elle vient de perdre sa chance. Elle s'arrête, les yeux vitreux de larmes, un peu troublée mais récupère son vêtement et suit notre garde dehors sans rien dire.

— Qu'est-ce que tu fous Caleb ? questionné-je en le voyant sourire.

— Regarde-la, m'enjoint-il en me montrant son téléphone. Ce sont des nanas comme elle qu'il nous faut.

Je récupère son smartphone, et manque aussitôt de le lâcher en voyant le visage de mon ancienne élève.

— D'où tu la connais ? marmonné-je entre mes dents serrées de colère.

— C'est ma cliente.

Mes dents vont se casser si je continue de les maintenir écrasées les unes contre les autres comme ça. Je prends mon verre et le termine pour leur donner un peu de répit.

— Kelly...Kelly Moore ?

Mon pote relève des sourcils surpris.

— Tu la connais, toi aussi ?

J'en suis tombé amoureux. Fort heureusement, la vie m'a rappelé que ce sentiment inutile n'était pas pour moi.

— Mieux que je ne l'aurais voulu, réponds-je. 

— Ah oui ? fait-il intéressé. Et comment exactement est ce que tu connais cette bombe ?

— Tout a commencé il y a cinq ans...

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J'espère que vous aimez avoir les points de vue masculin autant que j'aime les écrire 🙊


A Promise Is A Debt (SORTIE LE 02 NOVEMBRE EN LIBRAIRIE CHEZ ADDICTIVES )Where stories live. Discover now