Chapitre 2

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Aujourd'hui Enzo et Elie devaient retourner à l'école.

Julien n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit tellement il redoutait cette nouvelle journée et les nouvelles responsabilités qui lui incombaient.

Vers six heures du matin, il abandonna l'idée de dormir et se décida plutôt de se lever. Il était encore largement influencé par sa vie monacale, si bien qu'il commença par une rapide prière avant de se doucher et de s'habiller. Quand ce fut l'heure de réveiller les enfants, il eut une poussée de stresse, ne sachant pas comment ses neveux réagissaient au réveil.

Il opta alors pour la méthode douce. Enzo se réveilla assez vite avant de trainer des pieds en direction de la salle de bain, les yeux encore collés de sommeil. Julien fut plus déconcerté par le réveil d'Elie qui quémanda un câlin, se réveillant doucement dans l'étreinte de son oncle. Étonnement, celui-ci apprécia cette parenthèse câline.

Pendant que les jeunes se préparaient, l'adulte prépara le petit-déjeuner. Il se brûla plusieurs fois avec les tartines d'Enzo mais fut plutôt content de voir celui-ci les dévorer avec appétit. Ils firent un arrêt par la salle de bain pour se débarbouiller et ils furent enfin prêt à prendre le chemin de l'école.

Dans la voiture, Enzo et Elie étaient silencieux, perdus dans leurs songes. Régulièrement, Julien leur jetait des coups d'œil à travers le rétroviseur intérieur. Il ne pouvait être certain de ce qu'il se passait dans leur tête mais il ne doutait pas que les pensées de ses neveux étaient tournées vers Mickaël et les réactions de leurs camarades. Il aimerait avoir les mots justes pour les rassurer.

Julien accompagna Enzo jusqu'à la grille du collège. Il ressentait la tension dans le corps du jeune garçon. Gentiment, il attira ce dernier un peu à l'écart et attira son regard. Il lui souriait.

-       Ça va aller ?

-       J'ai peur...

-       Je sais. Si tu ne te sens pas bien, demande à m'appeler, d'accord ? Je viendrais. Tu as le droit de ne pas te sentir bien, personne ne t'en voudra.

-       Merci Julien...

-       De rien, mon grand. Allez vas-y.

Enzo acquiesça puis se dirigea d'un pas légèrement plus serein en direction de l'établissement. Julien attendit qu'il ait passé les grilles avant de rejoindre Elie qui l'attendait sagement dans la voiture. Ensemble, ils prirent la direction de son école.

Julien l'accompagna également jusqu'à la grille où se tenait les institutrices. La petite fille serrait fort sa main. Tout comme il l'avait fait quelques minutes auparavant avec son frère, il l'attira un peu sur le côté et s'agenouilla à sa hauteur. Il lui caressa doucement la joue en souriant. La petite fille lui fit un sourire timide.

-       Si tu ne te sens pas bien, tu le dis à ta maîtresse et je viens te chercher. D'accord ?

-       Oui, Julien.

L'ancien moine lui souriait et déposa un baiser sur son front. La petite fille en profita pour enrouler ses petits bras autour de sa nuque. Julien fut légèrement pris de court mais se reprit rapidement et rendit son étreinte à Elie. Il lui caressa le dos avant de s'écarter quand la maîtresse de cette dernière s'avança vers eux. Il la salua, souhaita une bonne journée à sa nièce puis rejoignit sa voiture. Il avait à faire.

La vie monacale l'avait éloigné de beaucoup de préoccupations de la vie quotidienne. Il s'était engagé si jeune dans l'ordre régulier qu'il n'avait jamais vraiment eu à faire à toutes ces démarches administratives, de santé et autres paperasses françaises qui allaient l'occuper une bonne partie de la journée.

Il ne devait pas louper l'heure d'aller récupérer ses neveux. Elie puis Enzo. Dans cet ordre.





Quand il récupéra ses neveux, il fut content d'être à l'heure. Ces derniers semblaient déjà plus guillerets que ce matin et cela le rassura. Il avait eu peur toute la journée de recevoir un appel. Peut-être qu'il arriverait finalement à être un bon oncle pour Enzo et Elie, en dépit de ses lacunes.

Le repas du soir représentait encore un challenge pour Julien qui était habitué à une certaine forme de frugalité. Mais si lui pouvait presque se contenter d'un bol de soupe, d'une tranche de pain et d'un morceau de fromage, ce n'était pas le cas de ses neveux qui avaient un solide appétit. En une semaine, il avait eu l'occasion d'essayer de nouvelles recettes. Il était le pro des pâtes.

Pour le moment, il n'y avait aucun gros problème à signaler. Ses neveux, bienveillants, lui pardonnaient ses erreurs. Le problème résiduel qui commençait de miner le moral de l'ancien moine était sa quête d'un travail. Pour le moment il faisait chou blanc. Il s'était tourné vers toutes les aides possibles mais sans aucun diplôme en poche et une expérience limitée et non reconnue... Ce n'était clairement pas gagné. Il désespérait un peu.

Il devait à tout prix trouvé un travail. Le plus tôt serait le mieux.

Julien s'habituait peu à peu à sa nouvelle routine. Malgré qu'il n'ait toujours pas trouvé de travail lui permettant de subvenir totalement aux besoins de ses neveux, il bénéficiait enfin des aides de l'État qui lui assuraient un petit répit. Il redoutait même le moment où son train-train quotidien viendrait à être perturbé par son emploi.

Ses journées se suivaient et se ressemblaient presque. Ça le rassurait grandement, lui qui avait vécu une vie monacale et réglée depuis tant d'années. Il était en terrain connu.

Pourtant, cette routine bien huilée dans laquelle Julien, Enzo et Elie trouvaient leurs comptes n'étaient pas suffisantes. Les enfants avaient besoin de retrouver au maximum leur vie d'avant.

Bien que cela soit financièrement compliqué pour le jeune gardien, il inscrivit ses neveux à leurs sports pour la nouvelle année. Le sourire et la joie qui illuminèrent le visage de ces derniers valaient bien les sacrifices qu'il devait faire pour leur octroyer ce loisir.

Mais il devenait vraiment urgent qu'il trouve un travail.

Les prières de Julien finirent par payer. Alors qu'un mois s'était écoulé depuis la rentrée scolaire, il finit par trouver un poste dans une usine alimentaire. Le travail ne payait pas de mine, il était très fatigant et la paye raisonnable mais le plus important était qu'il pouvait enfin respirer financièrement et choyer ses neveux comme il rêvait de le faire depuis le moment où il avait accepté leur garde.

Grâce à la bienveillance de son patron qui comprenait très bien les conditions de vie et les besoins de ses employés, il avait des horaires adaptés aux horaires de ses neveux. A la minute près pour faire le maximum d'heure.

Si bien que le vendredi, il n'avait pas le droit au moindre retard s'il voulait assurer l'école, le travail et le judo pour Enzo.Heureusement pour lui, la mère de la meilleure amie d'Elie le soulageait un peule mercredi en s'occupant des enfants.

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