Chapitre 8

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Julien ne savait pas à quand remontait la dernière fois où il avait redouté une discussion comme il l'était à l'instant. Les mots d'Andy tournaient en boucle dans sa tête alors qu'il vérifiait que chacun est rejoint son lit. Ils avaient fini de manger il y a peu, les retardataires finissaient de se brosser les dents alors que les premiers étaient déjà bien au chaud dans les bras de Morphée.

Julien profita qu'Andy soit occupé à coucher les derniers garnements pour prendre une douche et se changer. Quand il sortit de la salle de bain fraichement lavé et changé, le professeur de judo l'attendait, assis sur son lit. Il rangea son téléphone sur lequel il était pour sourire à Julien.

-       Allons boire un coup.

-       Je ne bois pas...

-       Même pas une bière ? Bouda Andy.

-       Va pour une bière. Juste une ! Céda-t-il.

-       Deal.

Andy se leva et tira par la main Julien à sa suite dans les couloirs de l'auberge. Julien était trop estomaqué pour ne serait-ce que penser à retirer sa main. Rapidement, ils se retrouvèrent dans la pièce commune de l'auberge. Andy prit les boissons qu'il avait emmené en secret et s'installa aux côtés de Julien sur un des canapés de la pièce.

Tout d'abord, ils restèrent silencieux, profitant d'un instant d'accalmie et de leurs boissons. Julien n'était pas serein, il jouait avec la cannette de sa bière et sa jambe tremblait. Il finit par capter le regard d'Andy sur lui donc il se força à ne plus bouger.

-       A quoi tu penses ?

-       Rien.

-       Julien... Pas à moi...

Julien plongea son regard dans celui d'Andy qui s'était tourné pour lui faire face, sa bière appuyée contre son genou nu. Il se perdit un instant dans l'immensité chocolat de ses yeux, sur les traits de son visage à la fois doux et dur. Il se mordit la lèvre, il ne comprenait pas ce qu'il avait et pourquoi, plus les jours passaient, plus la présence d'Andy à ses côtés lui devenait douloureuse.

Mais pourquoi ?

-       J'ai fait quelque chose de mal ? Reprit Andy.

-       Quoi ? Non, pourquoi ?

-       Julien, tu ne te rends pas compte de comment tu agis avec moi depuis quelques temps ?

-       Je ne... Non, tu te fais des idées.

-       Vraiment ? Dit-il sceptique.

-       O-Oui. Détourna-t-il le regard au dernier moment.

-       Redis-le-moi en me regardant, s'il te plaît.

Julien se mordit les lèvres, plongeant son regard dans celui du judoka. Il resta silencieux. Et il n'eut pas le courage de le dire. Il se laissa retomber dans le canapé en avalant une grande gorgée de boisson. Il était lâche.

-       Julien... Tu dois me parler. Tu sais très bien que je ne te jugerais jamais.

-       Je le sais...

-       Alors pourquoi ? Pourquoi tu ne me parles pas ?

-       Ce n'est pas si évident... Je ne comprends pas moi-même ce qui m'arrive alors comment l'expliquer à quelqu'un d'autre... A toi...

-       Essaye toujours. Je suis assez grand pour réfléchir.

Julien médita un instant, buvant encore de la bière. Il ne buvait que depuis qu'il avait rencontré Andy, si bien que sa résistance était très maigre et il sentait déjà les effets de l'alcool sur son esprit. Si d'un côté cela l'effrayait, il essaya d'en tirer le courage qui lui faisait défaut en étant sobre. Il prit deux nouvelles gorgées, finissant sa bière et déposa la cannette vide sur la table. Andy attendait patiemment qu'il prenne la parole.

-       Pourquoi tu es comme ça avec moi ?

-       Comme ça quoi ?

-       Amical... Tactile... Je ne sais pas...

-       C'est ça qui te met mal à l'aise ? Que je sois tactile avec toi ?

-       Oui... Non... Je ne sais pas...

-       Pourquoi ça te perturbe ?

-       Parce que je ne suis pas habitué... Parce que je ne sais pas ce que cela représente pour toi...

-       Je vois... Andy déposa sa propre bière sur la table et se redressa dans le canapé. Si je comprends bien, tu es mal à l'aise en ma compagnie parce que je suis présent dans vos vies à tous les trois et parce que je me permets d'être proche physiquement avec toi ?

-       O-Oui... Je veux dire... Je suis content que tu fasses partie de nos vies, sans toi, j'aurais probablement déjà perdu la garde d'Enzo et Elie mais... J'avoue que je ne comprends pas pourquoi tu es si impliqué dans nos vies... Dans ma vie...

-       Tu n'as pas une petite idée ? Demanda Andy, sa voix était plus tremblante, ce qui intrigua Julien.

-       Non.

-       Je vois... Écoute, à la base, je voulais t'aider, je voyais que tu galérais avec les monstres. Mais on est devenu ami et je tiens à ces petits monstres. Et à toi. Alors oui, je n'ai aucune légitimité dans votre famille mais je ne veux pas perdre ce qu'on a construit depuis tout ce temps. Maintenant... Julien, je tiens beaucoup à toi... Si je t'ai demandé de venir ce week-end, ce n'est pas juste parce que j'avais besoin que quelqu'un vienne, je voulais passer du temps avec toi, en dehors de notre quotidien.

-       Pourquoi ?

-       Tu ne sais vraiment pas ?

-       Si je te le demande ! Commença de s'énerver Julien. C'était l'alcool qui parlait mais aussi toutes les questions qui le taraudaient depuis des semaines maintenant. Il avait besoin de savoir et Andy se faisait désirer.  Andy, tu sais très bien que les relations sociales, comment les gens pensent et agissent sont un véritable mystère pour moi ! J'ai vécu en autarcie toute ma vie, alors soit plus claire que je comprenne la situation.

-       Tu veux que je sois plus clair ? Très bien !

Andy se redressa soudainement sur ses genoux, posa ses mains de part et d'autre du visage de Julien et vint appuyer ses lèvres sur celles de Julien.

NO controlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant