Chapitre 32

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Je me laisse glisser du dos de loup et avance de quelques pas mal assurés, courbé en deux. Je marmonne quelques paroles bien senties au sujet de ce que je pense du bonheur de courir dans les bois. Ou de l'absence de bonheur, dans le cas présent. 

Lorsque je me retourne, un jeune homme nu me fait face. Sauf que je m'attendais à voir un loup, alors mon regard était baissé juste au niveau de… de… Bon sang, il est énorme, en plus !

— Ha ! Mais préviens avant de te transformer ! je hurle, hystérique (pour une fois, je veux bien reconnaître que je le suis). 

Je ne peux même pas me cacher les yeux car je porte toujours les habits de cet obsédé. À la place, je relève la tête pour me concentrer uniquement sur les yeux de Martin qui paraît très amusé. Apparemment, se foutre de moi est une activité fort réjouissante. 

— Je peux récupérer mes vêtements ? 

Cet idiot prend un air innocent. 

Je lui balance ses habits à la figure. Il les rattrape in extremis avant qu'ils ne tombent sur le sol boueux. Je me retourne ostensiblement pendant qu'il se rhabille. 

— C’est bon, je suis présentable. 

Je me retourne en grommelant. Martin me fixe, les cheveux tout ébouriffés. Une petite brise souffle et apporte l’odeur de l’alpha jusqu’à mes narines. Je sens mon corps devenir tout mou. C'est un pervers, mais qu'est-ce qu'il sent bon ! Comme la terre humide après une averse d’été. 

Je regarde autour de moi avec curiosité pour essayer de garder l'esprit à peu près clair et cesser de me prendre pour un poète. 

— Où sommes-nous, exactement ? 

J'aperçois une grande bâtisse en pierres blanches à une vingtaine de mètres de là. Curieux. Qui habiterait ainsi au beau milieu des bois ? 

Martin me rejoint, l'air bizarrement hésitant. 

— C'est ma maison. Mes parents voulaient te rencontrer. 

Je sursaute, pris d'une bouffée de stress qui me ressort par les oreilles. 

— Tu m’as tendu un piège !  je proteste, furieux. Tu savais très bien que j’aurais refusé de venir si j’avais su où tu m’emmenais ! 

Le jeune homme hausse les épaules. 

— Est-ce un crime d’avoir envie de te présenter à mes parents ? Je connais bien les tiens, après tout. 

Je lui jette un regard noir. 

— C’est différent. Là je suis sûr que tu vas me présenter comme ton futur mari ou je ne sais trop quoi. 

L’alpha fait la moue. 

— Tu préfères que je leur dise que tu es "une connaissance" ? 

Il prononce le dernier mot avec un ton dégoûté et je comprends soudain qu’il m’a entendu le qualifier ainsi tout à l’heure devant mes parents. 

— C’est à cause de cela que tu es fâché depuis tout à l'heure ? je soupire. 

Il fait la moue. 

— Je ne suis pas fâché. 

Je croise les bras. 

— Si, tu l’es. Tu es super froid depuis notre départ. Et tu ne m’as toujours pas embrassé ! 

Martin s’adoucit aussitôt. 

— Oh, tu as envie que je t’embrasse ? 

Ses yeux pétillent et je me mords la lèvre. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant