1 : La fille au fond de la classe

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Il était une fois...


S'il y avait bien une fille bizarre au lycée privé de Boringville, c'était Alicia Meril.
Du moins, c'était ce que chuchotaient les commères dans les vestiaires du cours de sport. Des rumeurs farfelues circulaient à son sujet. Une blondinette assurait en se remettant du gloss que c'était une sorcière et qu'elle l'avait vue jeter un sort au professeur de chimie pour qu'il tombe malade le jour de l'évaluation. Il faut dire qu'avec ses longs cheveux noir corbeau et sa manie de gribouiller sur son carnet, elle attisait la curiosité.

Les écouteurs de son IPod vissés aux oreilles comme une extension d'elle-même, personne n'osait trop l'embêter, parce qu'elle avait la réputation d'avoir un caractère bien trempé (et certains rigolos faisaient régulièrement les frais de ses réparties tranchantes comme du bris de glace, de quoi laisser sans voix les plus motivés des bullies).

Par ailleurs, elle avait un groupe d'amis qui l'appréciait, ce qui l'empêchait de tomber tout à fait dans la liste noire des « infréquentables » du lycée. Mais ils la voyaient souvent disparaître et apparaître sans d'autre explication qu'un « Salut » et personne ne savait vraiment où elle allait, pourquoi, ni ce qu'elle faisait. Même en cours, elle avait sa place attitrée au fond de la classe, collée au sacro-saint radiateur. Emmitouflée dans son grand sweat râpeux, elle pouvait, au choix:

1. Dessiner une caricature de madame Crochu.
2. Perdre son regard par la fenêtre en s'imaginant danser sur les toits des immeubles.
Ou :
3. Subitement lever la main pour poser une colle au professeur de littérature ( son ennemi juré à qui elle ne pardonnait pas de s'être moqué d'Oscar Wilde.)

De manière générale, les professeurs préféraient de loin la voir dans la lune plutôt que poser des questions-pièges. Cette élève était un peu une énigme. Comment faisait-elle pour avoir d'aussi bons résultats ? Les rumeurs de sorcellerie ne mirent pas longtemps pour faire leur chemin jusqu'à la machine à café.

Le plus étrange, c'est qu'elle était une énigme même pour sa famille. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, l'esprit romanesque d'Alicia avait toujours fait tache. Comment avait-elle bien pu devenir ainsi ? De qui tenait-elle donc ? Ses rêveries intempestives, sa maladresse chronique et ses petites bizarreries faisaient crisser les oreilles comme une série de fausses notes. 

Aux repas de famille, elle en prenait toujours pour son grade :

     – Ah ! Voilà l'artiste !

     – Mademoiselle-je-sais-tout !

     – À part lire des vieux livres ou dessiner toute la journée, qu'est-ce que tu sais faire, hein ?

Mais tout ça l'atteignait à peine. Elle avait un problème bien plus important à régler. Un problème d'une importance capitale.

Alicia en était à ce que l'on appelle les derniers moments d'insouciance. Le bac en poche, il lui faudrait bientôt partir. Mais pour faire quoi ? Pour être qui ? Elle avait le vertige à chaque fois qu'elle essayait de se projeter ainsi dans le futur. Tout cela lui donnait l'impression d'une équation impossible à résoudre. Il lui semblait beaucoup plus commode de se laisser flotter tel un fantôme, sans laisser aucune empreinte, comme elle l'avait toujours si bien fait. 

Pourtant, quelque chose la préoccupait ces derniers jours. Oh, ce n'était pas les ragots de ses camarades. Ce n'était pas non plus ses notes, ni même son avenir. C'était quelque chose de plus sombre et profond, quelque chose qui résonnait comme un appel lointain. C'était... un rêve.


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Hello ! Merci d'avoir lu ce chapitre ! Tu as amplement mérité d'en savoir plus sur moi 😉 J'ai écrit le premier jet de ce roman il y a 10 ans, quand je traversais une période difficile (aaah l'adolescence !). À ce moment, la lecture était mon refuge.
Aujourd'hui, je suis professeure et j'ai laissé cette histoire dormir dans mes tiroirs. Mais il y a quelques mois, une de mes élèves n'avait pas le moral. Elle m'a avoué qu'elle donnerait tout pour que ses héros de manga préférés existent dans la vraie vie. Là, j'ai eu un choc. Je me suis revue adolescente et j'ai réalisé que mon histoire pouvait parler à d'autres personnes que moi.
C'est pour elle et tou·te·s celleux qui rêvent un peu trop leur vie que j'ai décidé de publier ce bouquin ici, librement.
Alors, toi qui lis ceci, laisse-moi t'offrir cette rose 🌹 avant de te laisser poursuivre ta lecture....
Et si tu as aimé, n'hésite pas à me le faire savoir ✍️
Exceptionnellement : Rendez-vous demain pour la suite !

Le Conte de la LunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant