La coloc de Squeezie

Chapitre 10

Je sors du cours de philo, Théo à mes trousses.

- Nymphe, qu'est-ce qu'il t'a fait ?

- Mais rien, je vais bien...

- Bizarrement je ne te crois pas.

Je m'arrête net et me retourne vers lui, je le fixe, un sourcil levé. Je me demande ce qui lui prend. Il y a à peine un mois, il ne me connaissait même pas, et maintenant il me défend... Je vois Loïc arriver derrière le capitaine en souriant. Sourire qu'il perd rapidement en nous voyant nous « disputer ».

- Ça va les gars ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, tout va bien... lui répondis-je.

- Non, ça ne va pas. Elle ne veut pas me dire ce qu'il s'est passé avec Jay...

- Théo... Il ne s'est rien passé !

Il souffle de désespoir et regarde son ami.

Ne t'énerve pas Nymphe, ce n'est rien, ils cherchent juste à t'aider... Je respire calmement comme pour faire sortir la colère de mon être et regarde les garçons, et surtout Théo.

- Tu te souviens quand je t'ai dit que j'avais du mal à parler de mes problèmes ?

Il me fixe, surpris certainement, de mon calme olympien avant de hocher la tête de haut en bas pour me répondre.

- Si tu me force à en parler, je ne le ferai pas... Parce que je suis comme ça. Mais si tu laisses couler, et que tu essaies de passer à autre chose sans me reparler de cette histoire, tu finiras par savoir ce qu'il s'est passé.

- Comment on est censé faire ? me demande Loïc.

- Parlez-moi, de tout et n'importe quoi, de votre vie, de ce que vous aimez, du temps qu'il fait... Parlez-moi de ce que vous voulez, mais pas du lycée, ni de Jayson... Et je finirai par parler...

Ils se regardent comme si c'était un alien qui leur avait parlé. Je pouffe de rire devant leurs visages décontenancés. Ils tournent leurs bouilles, choquées, vers moi avant de rire à leur tour.

- Et oui, on a tous une manière différente de fonctionner, et ma façon à moi, c'est ça...

Je tourne les talons et sors de l'établissement. Je passe la grille et je sens qu'on me suit. Je regarde donc les deux débiles derrière moi. On dirait que j'ai des gardes du corps.

Je me dirige vers le métro aux côtés de Théo. Loïc nous a lâchement abandonné devant le lycée en tournant à droite, tandis que nous, nous avons avancé tout droit.

Théo ne lâche pas un mot du trajet, il a l'air dans ses pensées, et je n'ose pas vraiment le déranger. C'est seulement quand nous sommes assis dans le wagon qu'il se tourne vers moi :

- On a un match vendredi soir, ça te dit de venir ?

- Tu crois que c'est une bonne idée ?

- Par rapport à Jay tu veux dire ?

Je remue la tête de haut en bas.

- Tu ne viens pas pour lui...

- Vous n'êtes pas censé être une équipe ?

- Si, mais tu n'es pas obligée d'encourager tous les membres de l'équipe.

- Alors pourquoi je viendrais ?

Il fixe le sol et ne répond pas tout de suite, comme s'il avait peur de dire la suite... Puis, il me regarde intensément avant de dire :